L’article publié sur The New Mithraeum propose une approche prudente : il ne prétend pas démontrer une filiation historique directe entre le mithraïsme romain et la franc-maçonnerie, mais avance une continuité possible de thèmes, de symboles et de structures fraternelles à travers le temps — une “histoire des idées” plus qu’une chaîne de preuves.
1) Un gouffre historique… mais une hypothèse de transmission
Le point de départ est clair : douze siècles séparent la disparition des cultes mithriaques (à partir du IVᵉ siècle, interdiction des cultes païens, fermeture des temples) et l’émergence progressive de la maçonnerie spéculative.
L’auteur avance cependant que des initiés ont pu survivre et transmettre, “à voix basse”, des fragments de savoir, de mémoire rituelle et de culture symbolique.

2) “La connaissance est élastique” : les idées changent de forme
Le cœur du texte tient dans une thèse : les idées ne naissent pas de rien et ne meurent pas, elles se transforment, changent de nom et réapparaissent parfois là où on ne les attend pas.
Dans cette perspective, Mithra n’est pas seulement une divinité antique : il incarne des valeurs durables (loyauté, parole donnée, fraternité) qui peuvent ressurgir dans d’autres cadres historiques.
3) Mithra, le “contrat” et la fraternité
L’article rappelle l’étymologie souvent citée : mitra renverrait à l’idée de contrat et Mithra serait le protecteur de la parole donnée, des rencontres et, par extension, de l’honnêteté et de la fraternité. mithraeum.eu
Ces valeurs sont mises en parallèle avec l’idéal maçonnique de lien fraternel et de fidélité à l’engagement.
4) Cosmos, voûte étoilée et temple : un parallèle symbolique fort
Un des passages les plus parlants concerne le temple comme représentation du cosmos :
- présence du Soleil et de la Lune,
- voûte étoilée,
- espace fermé et “hors du temps”, dédié aux mystères, aux délibérations et à la fabrication du lien fraternel. L’auteur va jusqu’à comparer l’organisation spatiale : communautés réduites, disposition en deux lignes face à face, rôle central de l’Orient (Pater / Vénérable Maître et officiers).
5) Initiation : mort symbolique, renaissance et expérience
Le texte souligne un motif initiatique commun : la mort symbolique du néophyte suivie d’une renaissance au sein de la communauté (le “natus et renatus”).
Il insiste aussi sur une idée très maçonnique : l’initiation n’est pas qu’un scénario de gestes et de mots, c’est d’abord une expérience transformatrice, difficile à réduire à un récit.
6) Banquet, degrés et signes de reconnaissance
Plusieurs convergences “fraternelles” sont évoquées :
- le banquet rituel mithriaque (commémoration d’un repas mythique) et, par analogie, la convivialité maçonnique en fin de travaux, même si les formes et les lieux diffèrent.
- une progression par degrés : jusqu’à sept dans le mithraïsme, contre les trois degrés symboliques principaux en maçonnerie (avec d’autres fonctions et grades).
- la poignée de main : l’initié mithriaque est qualifié de syndexios (“celui qui a échangé la poignée de main”), rapprochée des reconnaissances maçonniques.
7) Conclusion : pas une preuve, mais une lecture stimulante
L’auteur admet les divergences dues au temps et au contexte, tout en concluant que la franc-maçonnerie demeure aujourd’hui un grand représentant d’une tradition fraternelle fondée sur l’égalité et la chaîne symbolique reliant passé et avenir.




