Par : Dušanka Perić
Dans le silence où les mots s’évanouissent, le coup du marteau révèle le travail intemporel de la construction de l’être intérieur. Cette réflexion sur le symbolisme maçonnique, le silence et la transformation explore comment chaque coup brise l’orgueil, éveille la lumière et guide la pierre brute vers le raffinement, le courage et le voyage sans fin du devenir.

C’est dans le silence qu’on entend le plus.
Là où il n’y a ni mots, ni applaudissements, ni murmures, chaque son prend toute sa dimension.
Ainsi, le coup de marteau contre la pierre porte plus qu’un simple écho : il devient le rythme du labeur éternel, le rythme de la lutte de l’homme contre sa propre nature brute.
Le marteau frappe en silence pour nous rappeler que rien en nous n’est jamais achevé.
Tout ce que nous sommes, et tout ce que nous souhaitons devenir, doit être façonné sans cesse, tout au long de notre vie.
La pierre qui est en nous est dure, pleine de fissures, de résistances et d’imperfections.
Et c’est pourtant précisément là, dans cette imperfection, que commence le chemin.
Chaque coup de marteau blesse et guérit.
Cela blesse notre orgueil mais guérit notre humilité.
Cela blesse notre égoïsme mais ouvre la porte à la fraternité.
Elle blesse nos ténèbres, mais dans son impact, elle fait jaillir une étincelle de lumière.
Les coups font mal, et ils doivent faire mal.
Car la douleur est le signe que quelque chose en nous se brise, qu’une partie dont nous n’avons pas besoin se détache, que la forme à laquelle nous sommes destinés se révèle.
Mais le silence qui les sépare est tout aussi assourdissant que la grève. Dans ce silence, l’individu se retrouve seul face à lui-même.
Vient ensuite la question qui n’a pas de réponse facile :
Suis-je meilleur aujourd’hui qu’hier ?
Si le silence reste vide, les grèves n’ont aucun sens.
Si le silence devient un miroir, alors chaque frappe a un but.
Le bruit du marteau dans le silence n’est pas seulement un symbole du travail dans la loge.
C’est aussi un appel intérieur à reconnaître que la plus grande bataille ne se livre pas à l’extérieur, mais à l’intérieur.
Non pas contre les autres, non pas contre le monde, mais contre cette partie de nous-mêmes qui souhaite dormir, abandonner, rester une pierre brute et informe.
Et donc, quand j’entends ce coup, même dans mes propres pensées, je me rappelle que je n’ai pas dit mon dernier mot.
Que je tomberai et me relèverai.
Qu’il y aura des jours où mes mains trembleront et où le marteau glissera, mais aussi des jours où chaque coup sonnera comme un chant de création.
Et qu’à la fin je puisse partir sans achever l’œuvre, mais qu’on saura que j’ai frappé, que j’ai essayé, que j’ai aspiré à ce que la pierre brute devienne un temple.
Dans le silence, chacun porte son propre marteau.
La seule question est de savoir s’ils auront le courage de le soulever.
Dušanka Perić
1er octobre 6025.AL




