Il paraît qu’une démocratie tient debout sur des institutions, des lois, et une presse libre. C’est vrai. Mais elle tient aussi sur un matériau plus fragile, plus discret, plus intime : la confiance. Or voici que, depuis quelques semaines, une simple vidéo “au bon format”, avec le bon ton, les bons codes visuels… a suffi à faire croire à un coup d’État en France, engranger des millions de vues, et semer le trouble bien au-delà de nos frontières.
Ce n’est pas seulement une “fake news”. C’est un symptôme. Et le symptôme a un nom qui dit bien notre époque : la désinformation industrialisée, celle qui ne cherche même plus à convaincre, mais à saturer. En 2025, les réseaux ont été inondés d’images, de vidéos, de récits fabriqués en série par IA — une sorte de smog numérique où le vrai et le faux finissent par avoir la même odeur : celle de l’émotion facile.

LE MENSONGE N’A PLUS BESOIN D’ÊTRE BRILLANT : IL LUI SUFFIT D’ÊTRE PLAUSIBLE
Autrefois, le mensonge devait être habile. Aujourd’hui, il doit seulement être crédible deux secondes — le temps du partage. Le scandale n’est même plus la manipulation : c’est la banalisation. On s’indigne, puis on scrolle. Et pendant ce temps, des usages plus sombres prolifèrent : deepfakes à caractère sexuel, “déshabillage” généré par IA, violences numériques qui visent très souvent les plus jeunes.
Alors, que peut dire un franc-maçon dans ce vacarme ?
Peut-être ceci : nous vivons un moment où la Lumière est contestée non par l’obscurité, mais par l’éblouissement. Trop d’images, trop de “preuves”, trop de certitudes instantanées. Et dans cet excès, le discernement devient une ascèse.
INITIATION AU RÉEL : NOTRE VIEUX TRAVAIL REVIENT AU PREMIER PLAN
Dans le Temple, on n’apprend pas à “avoir raison”. On apprend à tailler, à rectifier, à mettre d’équerre. À douter utilement. À vérifier. À ne pas confondre l’applaudissement avec l’approbation, ni le bruit avec le vrai.
C’est exactement ce que notre époque réclame : une éducation au regard. Et ce n’est pas un hasard si l’Europe met désormais en avant des obligations de transparence et même de “littératie IA” (culture et compréhension des usages) dans son cadre de régulation, avec une mise en œuvre progressive.
Je ne fais pas ici l’éloge naïf du “tout-réglementaire”. Une loi ne remplacera jamais une conscience. Mais une conscience sans outils devient une chandelle dans une tempête.
3 PETITES “PLANCHES” POUR 2026 : CE QUE NOS LOGES PEUVENT CONCRÈTEMENT PORTER
- Rituel du doute (au sens noble) : avant de partager, apprendre à chercher l’origine, la date, la source, le montage, la cohérence.
- Hygiène de l’émotion : repérer les contenus qui nous mettent en colère “trop vite” — c’est souvent là que l’on nous tient.
- Solidarité numérique : protéger les plus vulnérables (ados, personnes âgées) en transmettant des réflexes simples, comme on transmet un signe de reconnaissance : pas pour exclure, mais pour se protéger.
Car au fond, la question est spirituelle (même pour les maçons les plus laïques) : qu’est-ce que la vérité, quand elle devient un produit ? Et qu’est-ce qu’un homme libre, quand ses émotions sont pilotées par des images qu’il n’a pas choisies ?
Je nous souhaite, pour l’année qui vient, moins de certitudes “prêtes à consommer”… et davantage de cette vieille vertu maçonnique, humble et puissante : la patience de comprendre.
Billet d’humeur maçonnique de GADLU.INFO




