En ce solstice d’hiver, la nature nous offre un enseignement simple et puissant : la nuit atteint son sommet, puis, imperceptiblement, la Lumière recommence à croître. Le ciel nous rappelle qu’aucune obscurité n’est éternelle, et que le retour du jour n’est pas un espoir vague, mais une loi du monde vivant. Pour nous, francs-maçons, ce moment n’est pas seulement astronomique : il devient symbolique, intérieur, initiatique.
LE SOLSTICE : UN RITE NATUREL DE RÉGÉNÉRATION
Le solstice marque la fin d’un cycle et l’amorce d’un autre. Il dit : tout peut se renouveler. Dans le silence du froid, dans l’économie du vivant, se prépare déjà la reprise. Cette dynamique ressemble à celle que nous avons tous éprouvée le jour de notre initiation : après la traversée, un éclairage nouveau se lève. Mais la maçonnerie ne se contente pas d’une émotion fondatrice ; elle appelle une fidélité quotidienne à cette impulsion : chercher la Lumière, la reconnaître, la servir.
Chercher la Lumière, ce n’est pas seulement comprendre. C’est agir. C’est donner forme, par nos gestes, à ce que nous proclamons en loge.

« QUE LA LUMIÈRE SOIT » : UNE EXHORTATION À OUVRIR LE CŒUR
Le solstice est un rappel : la Lumière ne revient pas en fracas. Elle revient peu à peu. Elle demande patience, persévérance, et une attention à l’infime. Ouvrir son cœur à la Lumière qui approche, c’est accepter de travailler sur soi sans relâche : corriger ce qui doit l’être, fortifier ce qui est juste, et pacifier ce qui divise.
Et si l’on cherche une image, elle s’impose d’elle-même : celle du phénix, qui renaît de ses cendres plus resplendissant. Non pas une renaissance magique, mais une renaissance qui suppose la traversée, la combustion des illusions, l’abandon des vanités. Le solstice nous dit : ce qui meurt en toi permet à l’essentiel de vivre.
DÉPASSER LES SYMBOLES POUR SAISIR LE MESSAGE
En franc-maçonnerie, rien n’est laissé au hasard. Mais il ne suffit pas d’aimer les symboles : il faut les dépasser. Le solstice n’est pas un décor poétique ; il est une question posée à chacun :
- Qu’est-ce qui, en moi, entretient la nuit ?
- Qu’est-ce qui, en moi, appelle l’aube ?
- Quelle part de mon comportement doit être régénérée ?
Le véritable message n’est pas écrit dans le ciel : il se grave dans la manière dont nous vivons, dont nous parlons, dont nous servons.
RENOUVELER, C’EST AUSSI PRENDRE SES RESPONSABILITÉS
Le passage d’un cycle à l’autre n’est pas qu’une méditation : il se traduit aussi dans l’organisation, dans la rigueur, dans le sens du devoir. Les charges, les offices, les responsabilités confiées à des Frères et Sœurs ne sont pas des honneurs : ce sont des services. Elles exigent impartialité, intégrité, indépendance, et surtout fidélité à l’esprit de l’Ordre.
Le solstice nous rappelle que le renouveau n’est crédible que s’il est incarné : une obédience, une loge, une fraternité ne s’élèvent pas par des discours, mais par la solidité du travail et la qualité de l’engagement.
LA LUMIÈRE QUI REVIENT DOIT RAYONNER : SOLIDARITÉ ET PHILANTHROPIE
Servir la Lumière, c’est aussi la faire passer dans le monde. La solidarité n’est pas un supplément d’âme : elle est un critère. Aider ceux qui vivent la vulnérabilité, c’est refuser que l’initiation demeure un luxe intérieur. Un geste peut sembler petit ; il devient grand quand il est juste, quand il est constant, quand il est fraternel.
Et n’oublions pas l’évidence : la solidarité commence dans nos rangs. Prendre soin des anciens, soutenir les familles des Frères partis pour l’Orient éternel, veiller à ce qu’aucun des nôtres ne demeure seul dans la peine : c’est là que se mesure la réalité de notre fraternité. Sans cela, nous risquons de réduire la maçonnerie à une simple association profane, décorée de beaux mots.
UN ENGAGEMENT QUI DOIT CROÎTRE, COMME LA LUMIÈRE
Le solstice d’hiver trace une courbe : à partir d’aujourd’hui, la lumière augmente. Qu’elle devienne notre règle intérieure. Que notre engagement soit plus fort qu’hier et plus faible que demain. Qu’il progresse par le travail, la discipline de l’esprit, l’effort moral, et le service.
Car c’est ainsi que l’on mérite — humblement, patiemment — le titre de bons et légitimes maçons : non par ce que l’on sait, mais par ce que l’on devient, et par ce que l’on offre.
CONCLUSION : UN SOLSTICE POUR SE RENOUVELER
Mes chers Frères et Sœurs, à l’heure où la nuit commence à reculer, que ce solstice soit pour chacun une invitation à la régénération. Que la Lumière revienne en nous, qu’elle nous rende plus vrais, plus fraternels, plus utiles. Et qu’à travers nos actions, elle devienne visible — dans le Temple comme dans la cité.
Que la Lumière soit !




