Il y a des phrases qui claquent comme un maillet : « Mauvais Vénérable, mauvais magasin et Frères insatisfaits. » Derrière la formule, un avertissement limpide : dans une loge, la qualité de la gouvernance n’est pas un détail administratif. Elle façonne l’ambiance, l’assiduité, l’unité… et parfois même la survie du “magasin”.
Le texte signé Denilson Forato (2018) ne cherche pas à accabler, mais à rappeler une évidence trop souvent oubliée : le Vénérable Maître n’est pas une récompense, c’est une charge — et surtout ce n’est pas une étape obligatoire dans une carrière maçonnique.
LE VÉNÉRABLE N’EST PAS UN “PASSAGE OBLIGÉ”
Le premier point est essentiel : tout Frère n’est pas destiné à devenir Vénérable. La sélection devrait reposer sur l’aptitude et la compétence, jamais sur l’ancienneté, le prestige social ou les jeux d’influence.
Car une loge peut commettre une faute lourde : élire un Frère “parce que c’est son tour”, “parce qu’il a insisté”, ou pire, “parce qu’il faut contenter un clan”. Et ensuite, ce sont tous les Frères qui paient le prix.
LES SIGNES D’UNE VÉNÉRABLE MAÎTRISE QUI DÉRAILLE
Le texte décrit très concrètement comment la loge se dégrade lorsque le gouvernail est mal tenu :
- baisse de participation et désengagement progressif,
- absences qui deviennent la norme,
- relâchement des engagements (y compris financiers),
- distance, incompréhension, tensions,
- disharmonie, manque de communication,
- et parfois une loge au bord de l’épuisement moral… voire matériel.
On comprend que le problème n’est pas seulement “un mauvais président de séance”, mais un climat : la loge se met à ne plus respirer.

LE CONTRE-EXEMPLE : L’AUTORITÉ SANS ÉCOUTE
Le passage le plus frappant est l’anecdote du Vénérable “contremaître” : méthodique, froid, contrôlant, peu communicant, présent mais absent, incapable d’entendre les Frères. Résultat : des mois de misère.
C’est une leçon utile : en loge, l’autorité sans relation produit rarement de l’ordre ; elle produit surtout de la fuite.
CE QUI NE QUALIFIE PAS POUR DIRIGER UNE LOGE
Le texte démonte plusieurs illusions :
- être brillant professionnellement (avocat, médecin, enseignant, chef d’entreprise…) ne suffit pas,
- avoir un nom, de l’argent, un statut, de l’influence ne prouve rien,
- confondre modernisation et bricolage rituel est une erreur : changer des détails insignifiants n’est pas innover.
En clair : la loge n’a pas besoin d’un chef “important”. Elle a besoin d’un guide fraternel.
LA MALADIE SILENCIEUSE : LA VANITÉ ET L’ARRÊT DE L’ÉTUDE
Forato pointe un mécanisme classique : certains, une fois exaltés, cessent d’étudier, persuadés d’avoir atteint une “plénitude” maçonnique. Ensuite, ils cherchent des voies rapides vers le maillet : intrigues, alliances, nominations de convenance.
Et quand une loge “sans critères” laisse faire, elle devient complice : par omission, par confort… parfois par lâcheté.
COMMENT ÉVALUER UN CANDIDAT AVANT D’ÉLIRE ?
Le texte propose une grille de discernement très pratique. Avant de confier le “trône de Salomon”, il faut regarder :
- son programme de travail (réaliste ou décoratif ?),
- son comportement dans les fonctions passées,
- sa capacité à gérer la différence sans s’irriter,
- son degré d’implication réelle auprès des Frères,
- son charisme (au sens de leadership rassembleur),
- ses connaissances doctrinales et sa pratique vivante,
- son équilibre vie familiale / professionnelle / loge,
- son temps disponible… et sa constance.
Autrement dit : élire, ce n’est pas “choisir quelqu’un”. C’est protéger la loge.
UN VÉNÉRABLE, C’EST UN JARDINIER
La plus belle image est celle-ci : tenir une loge, c’est comme faire un patchwork, entretenir un jardin, élever un enfant. Ça demande patience, savoir-faire, attention quotidienne. Le Vénérable n’est pas seulement celui qui “dirige”. C’est celui qui cultive.
Et le texte insiste : un bon Vénérable sait être rigoureux sans perdre la bienveillance. Il écoute, soutient, encourage. Il respecte le droit des Frères à penser autrement. Il n’utilise jamais la confiance reçue comme un instrument d’oppression.
LES 9 QUALITÉS D’UNE MAÎTRISE ÉQUILIBRÉE
Forato résume l’attitude du Vénérable par un bouquet de vertus :
- fraternité (semer l’unité),
- conscience (reconnaître les erreurs),
- indulgence (la patience face aux défauts),
- amour (le lien vivant),
- bienveillance (pardonner, relever),
- justice (donner à chacun selon ses actes),
- bonheur (faire naître la joie simple),
- instructeur (valoriser rituel et symbolisme),
- maîtrise (stimuler des travaux personnels, pas du copier-coller).
Ce portrait dit tout : un Vénérable n’est pas un “chef”. C’est un serviteur du lien, un gardien du cadre, un passeur de sens.
LA PHRASE QUI RESTE
La conclusion est sévère mais juste : choisissez bien votre prochain Vénérable, sinon vous pourriez en être les victimes.
Et derrière l’avertissement, il y a un appel : remettre du discernement, de l’étude, du courage et de la fraternité dans les élections. Pour que le maillet ne devienne pas un trophée… mais demeure ce qu’il doit être : un outil au service de la loge.
- Adapté d’un texte de Denilson Forato M:. Je:.




