Rui Bandeira explique pourquoi le travail maçonnique ne se limite pas aux tenues : préparation, administration, résolution de conflits et rôle décisif des officiers entre les réunions.
En franc-maçonnerie, le travail en loge est un moment essentiel : l’ouverture ritualisée recentre les présents sur l’espace, le temps et l’intention ; l’ordre du jour structure la tenue ; la clôture prépare le retour au monde profane. Tout cela donne au travail maçonnique sa forme visible, codifiée, partagée.
Mais, comme le rappelle Rui Bandeira, une loge qui ne se préoccuperait que de ce qui se passe “en session” finirait par s’épuiser. Car une tenue réussie n’est pas un miracle hebdomadaire : c’est l’aboutissement d’un travail continu, discret et exigeant, réalisé hors des murs du Temple — “à l’extérieur du magasin”.
LA LOGE NE VIT PAS UNIQUEMENT ENTRE L’OUVERTURE ET LA CLÔTURE
Le rituel, la gestion administrative en tenue, la participation aux débats : tout est fondamental. Pourtant, sans préparation, ces mêmes séances risquent de se transformer en réunions de rattrapage, saturées de problèmes à résoudre.
Le cœur du propos de Rui Bandeira est là : le travail intérieur et collectif ne peut pas être durable sans un travail extérieur. Et ce travail, dans une loge, repose en grande partie sur le Corps des Officiers.
LE TRAVAIL “HORS LOGE” : CE QUI DOIT ÊTRE ASSURÉ ENTRE DEUX TENUES
Une loge, même animée par les meilleures intentions, a des réalités incontournables. Rui Bandeira énumère cet ensemble de tâches indispensables, souvent invisibles :
- Obligations légales et administratives : conformité, documents, suivi, procédures.
- Gestion du matériel et des biens : acquisition, conservation, sécurité, préparation des éléments de travail.
- Mise en œuvre des décisions prises en tenue : rien n’avance si personne ne transforme les votes en actions concrètes.
- Préparation des points à débattre : organiser, structurer, anticiper, éviter l’improvisation permanente.
- Détection et prévention des difficultés : divergences d’interprétation, tensions, incompréhensions, conflits réels ou potentiels.
Sans cela, la tenue n’est plus un lieu d’élévation, mais une salle de crise.
LA CHAÎNE D’UNION : L’ESSENTIEL QU’IL FAUT PROTÉGER
Quand la loge est tirée vers le bas par la gestion des urgences, elle perd ce qui fait sa nature : la Chaîne d’Union, c’est-à-dire ce lien vivant par lequel chacun reçoit et donne :
- énergie et encouragement,
- conseils et expérience,
- solidarité et coopération,
- soutien au perfectionnement personnel.
Le travail hors loge a donc une finalité très claire : préserver l’espace initiatique pour qu’il reste un lieu de progrès, et non une suite de “réparations”.
ÊTRE OFFICIER : UNE RESPONSABILITÉ AVANT D’ÊTRE UN HONNEUR
Rui Bandeira insiste sur un point salutaire : être élu ou nommé officier doit être vu d’abord comme une responsabilité, et seulement ensuite comme une reconnaissance.
Un officier n’est pas un “supérieur”. Il n’est pas là pour exercer une autorité sur des “inférieurs”. Il est officier parce qu’il est chargé d’une fonction : il sert la loge et ses membres par des tâches concrètes.
Et c’est souvent là que se situe le malentendu : on voit les officiers “en scène” pendant la tenue… mais on ignore parfois tout ce qu’ils doivent porter entre deux réunions.
CE QUI EST LE MOINS VISIBLE EST PARFOIS LE PLUS DÉTERMINANT
Le texte pointe une réalité organisationnelle : il suffit d’un seul office mal assuré hors loge pour déséquilibrer l’ensemble du collège des officiers, et rendre la session moins productive, moins fluide, moins agréable.
Autrement dit :
- le travail en loge est visible,
- le travail hors loge est structurant, parfois même plus important, parce qu’il conditionne tout le reste.
LE MESSAGE CENTRAL : TRAVAILLER PARTOUT, PAS SEULEMENT AU TEMPLE
“Travailler à l’extérieur du magasin”, c’est aussi rappeler que le franc-maçon est appelé à œuvrer :
- sur lui-même (perfectionnement, discipline, cohérence),
- avec les autres (relations, écoute, fraternité active),
- dans le monde profane (attitude, exemple, engagement, droiture).
La tenue est une école. Le quotidien en est le terrain d’application.
CONCLUSION : LE TEMPLE SE PRÉPARE… ET LA LOGE SE SERT
Le texte de Rui Bandeira (blog « From Stone ») est un rappel utile et parfois piquant : une loge forte n’est pas celle qui brille uniquement pendant la tenue, mais celle qui travaille juste entre les tenues, avec sens du service, rigueur et fraternité concrète.
Quand les officiers servent bien — dans l’ombre comme à la lumière — la loge respire. Et quand la loge respire, chacun peut reprendre son vrai travail : se tailler, s’ajuster et progresser, ensemble.
Rui Bandeira
(article publié sur le blog « From Stone », 03/05/2018)
