Le premier choc de l’initié n’est pas un mot de passe, ni un décor, ni même un symbole savant. C’est le temps.
Le sablier posé là, silencieux, vous fixe comme un juge calme : votre réserve n’est pas infinie. Les grains tombent, qu’on le veuille ou non. Et soudain une question brûle : qu’êtes-vous venu faire de vos heures en loge ?
Parce que si l’Art Royal n’est qu’un agenda de plus, alors oui : vous perdez votre temps.
LA FRANC-MAÇONNERIE N’EST PAS UN LOISIR
Soyons directs : être franc-maçon n’est pas un “passe-temps intelligent”.
Ce n’est pas :
- un club social,
- un théâtre de rites pour se donner une identité,
- une parenthèse agréable entre gens “comme il faut”.
C’est un engagement volontaire, exigeant, parfois lourd : soirées prises sur la vie familiale, responsabilités, travail intérieur, épreuves d’ego, confrontations à soi. La monnaie d’entrée n’est pas l’argent : c’est votre temps… et votre discipline.
Alors il faut oser l’examen de conscience, souvent, sans tricher :
- Pourquoi suis-je ici ?
- Quel est mon objectif initiatique ?
- Ma pierre brute avance-t-elle vraiment ?
- Ou suis-je simplement installé dans une routine ?
LE PIÈGE : DEVENIR UN “MANGEUR DE LOTUS”
La routine maçonnique peut endormir.
Réunions, cérémonies, usages, formules… tout cela peut contenir une puissance réelle. Mais cela peut aussi agir comme un narcotique doux : on “fait” de la maçonnerie comme on répète une habitude. On s’apaise, on se rassure, on s’occupe. Et sans s’en rendre compte, on perd le fil du sablier.
C’est là que l’initiation échoue : non pas parce que le rituel est vide, mais parce que nous cessons d’être vivants dans le rituel.
Quand la loge devient un confort, elle devient dangereuse : elle vous donne l’impression de progresser… pendant que vous stagnez.
QUAND LA FRANC-MAÇONNERIE N’EST PAS UNE PERTE DE TEMPS
La franc-maçonnerie n’est pas une perte de temps si elle devient un outil réel, un lieu de transformation et d’œuvre.
Vous ne perdez pas votre temps si la loge est pour vous :
- une force fraternelle quand vous traversez vos épreuves ;
- une école du don : faire le bien sans en tirer gloire ni retour ;
- un terrain de connaissance : soif de culture, d’étude, de discernement ;
- un levier d’amélioration de votre environnement, de votre ville, de votre famille ;
- une forge du leadership serviteur : guider sans dominer ;
- un champ d’harmonie : apprendre la concorde, la bienveillance, la paix intérieure.
Dans ces cas, la loge n’est pas un calendrier. C’est un laboratoire humain, rude et lumineux, où l’on se transforme à hauteur d’homme.
QUAND IL FAUT SE RÉVEILLER (ET PARLER)
Si vous sentez que :
- la motivation baisse,
- la présence devient mécanique,
- l’émotion initiatique s’éteint,
- la loge ressemble à une formalité…
Alors ne jouez pas au stoïque silencieux. Parlez. Vite.
Contactez votre parrain, une Sœur ou un Frère de confiance, un officier attentif. Il existe mille façons de raviver une flamme : redonner du sens aux travaux, reprendre une planche de fond, rejoindre un cercle d’étude, servir autrement, demander une formation, changer de posture intérieure.
Beaucoup quittent l’Ordre non par rejet, mais par ignorance des chemins possibles. Et la responsabilité est partagée :
- la Loge doit transmettre,
- l’initié doit chercher.
LE TEMPS : LA MESURE ULTIME DE VOTRE CHEMIN
À la fin, tout se résume à cela : qu’avez-vous fait de votre temps ?
Chaque occasion manquée, chaque geste retenu, chaque aide non offerte, chaque mot d’amour ravalé… pèse, un jour, dans le silence du bilan.
La franc-maçonnerie ne change pas le monde par décret.
Elle change l’homme. Et l’homme, aux bonnes heures, change un morceau du monde.
Alors ne perdez pas votre temps avec la franc-maçonnerie…
si vous n’êtes pas prêt à l’utiliser :
- pour vous améliorer réellement,
- pour éclairer sans écraser,
- pour aimer sans compter,
- pour servir sans parade.
Car une vie non examinée, disait Socrate, ne mérite pas d’être vécue. Et une initiation non vécue, elle, ne mérite pas d’être répétée.
- Inspiré d’un texte de Luiz Sergio Castro
