Ah, mes Frères, mes Sœurs, quel monde fascinant que celui dans lequel nous tâchons – entre deux agapes, trois planches et un pain surprise mal coupé – d’apporter un peu de lumière !
On veut bâtir des temples à la Vertu, mais chaque semaine on se retrouve à réparer des cabanes en palettes parce qu’un ministre a encore « oublié » un truc important dans un fichier Excel.
Pendant ce temps, les réseaux sociaux deviennent des temples basse énergie : tout le monde y travaille à la chaîne, mais personne ne sait ce qu’il construit.
Un jour, on sculpte l’opinion, le lendemain on taille la pierre de la rumeur en la prenant pour un diamant brut. Le plus inquiétant ? Même l’équerre se met en biais rien qu’en ouvrant l’application.

Et nous, dans tout ça ?
Nous continuons à chercher la Lumière… même lorsque le prix du gaz augmente.
La rumeur dit qu’on pourrait bientôt remplacer les colonnes par des batteries solaires.
Pourquoi pas ?
À défaut de faire rayonner l’esprit, on fera rayonner l’électricité.
Je me suis surpris l’autre soir, en loge, à imaginer les rituels de demain :
« Frère Premier Surveillant, veuillez vérifier que la caméra est allumée et que le Wi-Fi ne vacille pas. »
« Vénérable, on ne voit plus l’Orateur, il a activé le mode arrière-plan maçonnique virtuel. »
« On dirait qu’il est dans un temple égyptien. C’est magnifique, mais il clignote. »
Un Apprenti, qui n’a pas encore découvert que l’initiation ne vient pas dans un colis Amazon Prime, m’a demandé :
— Mais pourquoi cherchons-nous la Lumière ?
Je lui ai répondu avec une gravité consciente et un sourire légèrement fraternel :
— Parce que si on éteint tout, on ne retrouvera plus jamais les gants blancs dans le noir.
Et voilà. La vraie question n’est peut-être pas :
« Où va le monde ? »
mais plutôt :
« Avons-nous assez d’humour pour suivre ? »
Car au fond, la Franc-Maçonnerie ne prétend pas réparer l’Humanité comme on change une ampoule, mais elle nous donne au moins la notice, les outils, et l’envie de ne pas les lancer par la fenêtre.
Continuons donc, inlassablement, à penser, à débattre, à rire.
Parce qu’entre l’ombre et la lumière, il y a l’ironie — ce mince interstice où l’on se rappelle qu’être humain, c’est aussi savoir sourire de nos contradictions.
Et qu’au pire, si tout va vraiment mal, on fera comme toujours :
On rouvrira un chantier.




