Parmi les nombreux symboles qui jalonnent la liturgie maçonnique, les gants blancs comptent sans doute parmi les plus emblématiques. Ils sont remis au néophyte au terme de son initiation, lorsque le Vénérable Maître lui annonce solennellement que ces gants constituent le signe visible de son entrée dans la chaîne des hommes libres et de bonne moralité.
Bien avant leur usage en loge, les gants blancs ont traversé l’histoire. Portés par les hommes élégants, les dames de la haute société, les officiers militaires et même les évêques — sous la forme de « gants liturgiques » — ils symbolisaient la pureté, la retenue et la dignité. Leur blancheur n’était pas seulement esthétique : elle rappelait la chasteté du geste et la droiture de l’intention.
Un symbole d’entrée dans le Temple intérieur
Lorsque la Franc-Maçonnerie offre des gants blancs à l’initié, elle reprend cet héritage avec une intention claire. En couvrant ses mains, le nouveau frère doit comprendre que sa main droite ne doit pas savoir ce que fait la gauche, c’est-à-dire que l’humilité doit gouverner l’acte juste. Ces gants représentent alors le Temple moral, celui que l’on construit en soi, pierre après pierre.
Le Vénérable Maître précise :
leur blancheur doit rester intacte.
Elle rappelle que le franc-maçon ne doit jamais les tremper dans les eaux troubles du vice, ni les souiller par des actes contraires à la vertu.
Ici, rien de mystérieux ni d’occulte : le gant blanc n’est pas un talisman, mais un rappel permanent du devoir moral, un garde-fou contre la corruption humaine.

Une paire pour soi… une paire pour l’autre
L’Ordre ne se limite pas à offrir une seule paire au nouvel initié. Une seconde paire, selon la tradition, doit être remise à la personne qui représente le mieux pour lui l’amour, le respect ou l’admiration. Cette personne est le plus souvent une femme — épouse, mère, fille ou sœur — mais au-delà du lien familial, cette offrande célèbre le rôle essentiel du féminin dans la spiritualité humaine.
Depuis Rome jusqu’aux sociétés initiatiques modernes, la femme est reconnue comme soutien, inspiration, consolatrice et partenaire d’élévation, capable de réconfort dans la peine comme d’encouragement dans l’effort.
Ce geste simple contient un message puissant :
on ne devient pas maçon seul.
Pureté du geste, pureté de l’intention
Recevoir des gants blancs, c’est accepter un engagement moral.
Chaque frère doit veiller à ne pas les tacher de mensonge, d’égoïsme, de bassesse ou de passions obscures. La blancheur n’est pas un état, mais un combat : celui de rester digne du tablier qu’on porte et de la lumière qu’on recherche.
Un proverbe persan nous prévient :
« Ne blesse pas une femme, même avec un pétale de rose. »
La Franc-Maçonnerie ajoute à cela une exigence interne : ne blesse jamais l’humain — pas même par la pensée. La pureté du gant est la pureté du cœur en action.
Les gants blancs ne sont ni un accessoire vestimentaire ni un détail cérémoniel.
Ils symbolisent l’entrée dans un état moral nouveau, une exigence envers soi, un cheminement constant entre justice et compassion. Ils rappellent au maçon qu’il doit agir avec droiture, sans jamais ternir ce qu’il incarne.
Préservés de la souillure comme l’esprit doit l’être de la cruauté,
ils sont l’un des plus beaux engagements silencieux de l’initiation.
✍️ Texte adapté de : Euripide Neves de Oliveira




