D’après « L’honneur chez les francs-maçons », extrait des Cahiers Bleus de la GLIF – Cahier n°17
Il est des mots que l’on prononce facilement, mais dont on mesure rarement la portée.
L’honneur fait partie de ceux-là.
Pourtant, comme le rappelle un texte remarquable des Cahiers Bleus de la Grande Loge Indépendante de France (GLIF) – Cahier n°17, il est au cœur même de la démarche maçonnique.
L’honneur : une double exigence maçonnique
Selon cet enseignement, l’honneur n’est pas seulement une vertu :
c’est un critère d’entrée et un principe de vie.
- Seuls des hommes d’honneur – ou prêts à le devenir – peuvent être reçus Maçons.
Cette exigence remonte aux plus anciens Devoirs du Métier.
On ne devient pas Maçon par ambition, mais par vocation intérieure. - L’honneur doit distinguer le Maçon dans la société.
Il n’est pas un attribut temporaire :
il conditionne la possibilité même de rester membre de la Confrérie.
À la GLIF, nous dit le texte, cet impératif est non seulement rappelé, mais vivant, scrupuleusement cultivé dans les Loges.
Mais qu’est-ce que l’honneur, aujourd’hui ?
Dans un monde où l’individualisme domine et où la visibilité l’emporte souvent sur la valeur, le mot honneur semble appartenir à un autre temps.
On le réduit à une pose. On le confond avec l’ego. On le caricature.
Pourtant, la véritable idée maçonnique de l’honneur est très différente :
elle ne s’exhibe pas, elle rayonne.

L’honneur véritable est fait de :
- respect de soi et d’autrui,
- intégrité et probité,
- courage dans l’action,
- refus de toutes compromissions,
- discrétion,
- dignité morale,
- fidélité à la parole donnée,
- élévation de la pensée,
- capacité d’aimer et de reconnaître le meilleur chez l’autre.
L’honneur est une lumière intérieure. Et ce qui éclaire de l’intérieur finit toujours par éclairer autour de soi.
La Maçonnerie, Confrérie et Chevalerie du travail
Le texte des Cahiers Bleus rappelle un enseignement trop peu mentionné : l’homme reçu Maçon est symboliquement élevé, et cette élévation exige de lui un comportement digne de la Chevalerie.
Car dans la Tradition, le Maçon est à la fois :
- Confrère, par la fraternité du travail,
- Chevalier, par la noblesse morale qu’il s’engage à incarner.
Dès lors, appliquer l’honneur n’est ni optionnel, ni circonstanciel. C’est une responsabilité constante.
L’épreuve permanente : être un homme d’honneur dans toutes les situations
L’un des passages les plus forts du texte affirme que le Franc-Maçon doit, dans sa Loge comme dans le monde, se montrer invariablement animé par :
- le sentiment de l’honneur,
- l’esprit de grandeur,
- la force morale,
- le refus absolu de la petitesse intérieure.
C’est dans les moments critiques, dans les situations dérangeantes ou injustes, que se mesure réellement la valeur d’un Maçon.
Non dans la facilité. Non dans les décorations.
Encore moins dans les titres ronflants que l’on se distribue trop parfois.
Sommes-nous encore dignes de l’honneur maçonnique ?
La question finale posée dans ce Cahier Bleu résonne avec puissance :
Sommes-nous certains d’être toujours des hommes d’honneur ? Non seulement dans la société, mais aussi dans nos propres Loges ?
Sommes-nous sûrs de ne pas transformer nos Temples en :
- lieux d’ambitions personnelles,
- scènes d’honneurs factices,
- vitrines de clinquant,
- espaces de discours plutôt que de travail ?
Ou faisons-nous réellement de nos Loges ces “fontaines d’honneur”, pures et inépuisables, où chaque génération vient puiser la noblesse morale qui devra ensuite irriguer sa vie ?
L’honneur, ou le véritable secret maçonnique
L’honneur n’est pas un mot ancien : c’est un devoir actuel.
Il n’est pas un accessoire du rituel : il en est la colonne centrale, la Force qui soutient la Beauté et la Sagesse.
Et peut-être, après tout, que le vrai secret de la Franc-Maçonnerie est là : dans cette exigence silencieuse, intérieure, qui demande à chacun de devenir meilleur que lui-même.




