On en parle peu, ou trop doucement : le temps nous file entre les doigts, en loge comme ailleurs.
Et franchement, il serait peut-être temps — justement — d’arrêter de faire semblant de ne pas le voir.
En Franc-Maçonnerie, on aime les symboles, les grands concepts, les discours bien polis. On disserte sur la Sagesse, la Force, la Beauté, on cite nos Anciens comme s’ils avaient tout résolu avant nous… Et pendant ce temps-là, les années défilent, les colonnes se vident lentement, les visages changent, et certains de nos Frères et Sœurs disparaissent sans même que nous ayons pris la peine de leur dire ce qui comptait vraiment.
On dirait que le sablier est décoratif.
Un accessoire.
Un truc qu’on retourne rituellement sans jamais se demander ce qu’il signifie vraiment.
Pourtant, il nous crie quelque chose, ce sablier : “Bougez-vous. Vivez. Réparez. Osez. Construisez tant que vous êtes là.”

Et parfois, soyons honnêtes, nous faisons exactement l’inverse.
On remet les discussions essentielles à plus tard.
On enterre les conflits sous un tapis symbolique.
On reporte nos engagements “à la prochaine tenue”.
On prend les mêmes décisions, encore et encore, en espérant des résultats différents.
Pendant ce temps-là : le grain de sable tombe. Et un autre. Et encore un autre.
Le temps n’est pas seulement un symbole : c’est un rappel brutal que nos illusions d’éternité sont ridicules.
Nous ne sommes pas immortels, nos loges non plus. Notre temple intérieur se fissure si nous attendons trop.
Alors oui, coup de gueule :
il est temps d’arrêter de croire que nous avons le temps.
Parce qu’un jour, sans prévenir, un fauteuil restera vide.
Parce qu’un jour, l’Atelier devra faire son deuil.
Parce qu’un jour, nous regretterons tout ce que nous n’avons pas dit, pas fait, pas osé construire.
Et si la Franc-Maçonnerie doit vraiment servir à quelque chose, que ce soit à ça : nous rappeler que la lumière n’attend pas, que l’humain n’est pas éternel, que la transformation commence maintenant — pas “à la prochaine tenue”, et que le temps, lui, ne repasse pas deux fois.
Alors arrêtons de flottent entre deux tenues comme si nous avions l’éternité devant nous.
Prenons soin les uns des autres.
Donnons du sens.
Osons.
Construisons.
Et cessons de confondre patience initiatique et procrastination déguisée.
Parce que le temps passe. Et il ne nous laissera aucun rattrapage.
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