Des documents inédits révèlent que les anciens présidents argentins Juan Domingo Perón et Raúl Alfonsín étaient membres actifs de la franc-maçonnerie.
Cette confirmation officielle met fin à des décennies de rumeurs et éclaire sous un jour nouveau la relation complexe entre pouvoir politique et franc-maçonnerie en Argentine.
(Source : Buenos Aires Herald, 11 novembre 2025)
UNE RÉVÉLATION HISTORIQUE ISSUE DES ARCHIVES MAÇONNIQUES
La Grande Loge d’Argentine des Francs-Maçons Libres et Acceptés a rendu publics des documents confirmant l’appartenance de Perón et d’Alfonsín à l’Ordre.
Ces archives ont été présentées pour la première fois lors de la Nuit des Musées, organisée à Buenos Aires.
Le Grand Maître Pablo Lázaro a expliqué au média Infobae que la Grande Loge, fédération de loges réparties dans tout le pays, mène depuis plusieurs années un travail de collecte et de préservation de ses archives. C’est au cours de ces recherches que des lettres et documents mentionnant explicitement Perón et Alfonsín ont été découverts.

JUAN DOMINGO PERÓN, UN FRANC-MAÇON DU 33e DEGRÉ
La figure de Perón a toujours suscité la controverse au sein de la franc-maçonnerie.
Bien qu’il ait publiquement critiqué l’institution, l’ancien président aurait atteint le 33e degré, le plus élevé de la hiérarchie maçonnique.
Un document inédit de la Grande Loge d’Italie, daté du 27 avril 1958, atteste de ce grade.
La lettre, adressée à Perón durant son exil en République dominicaine, le désigne comme « Souverain Grand Commandeur et Grand Maître ». Elle lui demande par ailleurs un soutien financier pour la campagne électorale de plusieurs membres maçons en Italie.
Selon le Grand Maître Lázaro, Perón aurait commencé son parcours initiatique en Suisse, au sein de la Grande Loge Alpine, avant de revenir en Argentine en tant que franc-maçon accompli.
La Loge de l’Union Nationale, active au Congrès, aurait joué un rôle important dans ce processus.
Rappelons qu’en 1970, lors d’une interview donnée en exil au journaliste Tomás Eloy Martínez, Perón accusait la franc-maçonnerie de faire partie de la « synarchie internationale » ayant contribué à sa chute, tout en reconnaissant son rôle historique dans l’indépendance argentine de 1816.
RAÚL ALFONSÍN, UN PRÉSIDENT MAÇONNIQUE DISCRET
Contrairement à Perón, Raúl Alfonsín n’avait jamais été publiquement associé à la franc-maçonnerie.
En 2022, Pablo Lázaro avait évoqué cette appartenance sans pouvoir la prouver.
Les nouveaux documents viennent confirmer ses propos : un formulaire manuscrit daté de 1974, rempli à Entre Ríos, mentionne une demande d’admission d’Alfonsín à la Grande Loge. Le document contient sa photo, sa signature, et ses informations personnelles.
Une lettre distincte rapporte également sa visite à la Grande Loge du Chili en 1983, lors de sa campagne présidentielle. Elle le désigne comme un « cher frère », expression consacrée dans le langage maçonnique.
Pour Lázaro, ces éléments « prouvent non seulement leur appartenance, mais aussi leur activité réelle au sein de la franc-maçonnerie ».
UNE LONGUE TRADITION DE DIRIGEANTS MAÇONS EN ARGENTINE
L’histoire politique de l’Argentine est étroitement liée à la franc-maçonnerie.
Depuis l’époque de l’indépendance, plusieurs héros nationaux et présidents ont appartenu à l’Ordre : José de San Martín, Manuel Belgrano, Domingo Faustino Sarmiento, Bartolomé Mitre, Julio Argentino Roca ou encore Bernardino Rivadavia.
Plus récemment, Arturo Illia, Emilio Massera et Julio Cobos ont également été identifiés comme francs-maçons.
La Grande Loge d’Argentine se définit comme une « société philanthropique, philosophique et progressiste », œuvrant au perfectionnement moral et intellectuel de l’être humain, et à la construction d’une société plus juste, égalitaire et inclusive.
Bien que longtemps perçue comme secrète, la franc-maçonnerie argentine se veut aujourd’hui discrète mais ouverte. Son siège, le Palacio Cangallo (situé au 1242 rue Perón à Buenos Aires), accueille régulièrement le public, et admet des femmes depuis plus de deux décennies.
RÉFÉRENCE
Source principale : Buenos Aires Herald – “Perón and Alfonsín were Freemasons, Argentine lodge confirms” (11 novembre 2025)




