MISCELLANÉES MAÇONNIQUES
par Guy Chassagnard
Chronique 454
1899 – La femme en Franc-Maçonnerie

Pas de femmes dans le temple, telle a été pendant deux siècles, à quelques exceptions près (celle notamment de Maria Deraismes en 1882), la ligne conduite des francs-maçons.
Mais depuis que James Anderson prônait la masculinité de l’Ordre, les mentalités ont quelque peu changé.
Se pose désormais la question de la mixité.
Le problème de la femme en Franc-Maçonnerie est soumis tout d’abord au Suprême Conseil de France qui, pour ne pas avoir à prendre parti, place celui-ci sur le plan sociétal.
« L’égalité des droits de la femme, y affirme-t-on, serait une mauvaise chose et détruirait la famille » car « cet être, tout de sentiments et de nerfs, n’est pas assez maître de sa raison pour étudier avec calme les graves problèmes sociaux ».
Les travaux maçonniques s’en trouveraient donc perturbés.
L’admission des femmes ne peut être écartée par le Grand Orient de France, qui se voit contraint d’examiner en son convent annuel le vœu de mixité que présente la loge Le Lien des Peuples et Les Bienfaiteurs, de l’orient de Paris.
Si 93 députés sont favorables, 140 se prononcent contre.
À retenir ces propos du frère Rivière :
« Je suis de ceux qui pensent que la femme n’est pas moins intelligente que l’homme, mais il est bien certain qu’une créature qui a passé dix-huit siècles à écumer le pot-au-feu ne peut toujours avoir des idées suffisamment nettes, suffisamment larges, pour que d’emblée nous puissions l’admettre dans nos loges ».
À relever la décision qui sera prise quelques mois plus tard par la Grande Loge de France : celle de relancer le principe des loges d’adoption.
Le premier atelier pour femmes sera Le Libre Examen, en 1901 ; viendra ensuite la création de La Nouvelle Jérusalem, en 1902.
Guy Chassagnard, franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et dans les textes au fil de quarante années de pratique. Selon son principe : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.
© Guy Chassagnard — Auteur de :
- Le Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie (Segnat, 2016)
- La Franc-Maçonnerie en Question (Dervy, 2017)
- Les Constitutions d’Anderson (1723) & la Maçonnerie disséquée (1730) (Dervy, 2018)
- La Chronologie de la Franc-Maçonnerie (Segnat, 2019)
- Les Annales de la Franc-Maçonnerie (Segnat, 2019)




