La Toussaint est, dans la tradition occidentale, un moment particulier de l’année : celui où l’on se souvient de celles et ceux qui ne sont plus. Mais au-delà du geste religieux ou culturel, cette célébration renvoie à une question fondamentale : que faisons-nous de nos morts ?
Que faisons-nous de l’empreinte qu’ils ont laissée, des valeurs qu’ils ont transmises, des traces qu’ils ont inscrites dans le monde ?
Cette interrogation est au cœur de la démarche maçonnique.
La Toussaint : un temps de mémoire active
La Toussaint n’est pas seulement le souvenir ; elle est un acte de continuité.
Se souvenir ne consiste pas à regarder le passé comme quelque chose de révolu, mais à reconnaître ce qui demeure vivant.
Dans la franc-maçonnerie, la Chaîne d’Union exprime cela directement :
chaque Frère et Sœur est l’héritier d’un travail commencé bien avant lui, et le dépositaire d’une part de ce travail qu’il transmettra à son tour.
La Toussaint nous rappelle :
- que nous ne sommes pas des individus isolés,
- mais les maillons d’une filiation humaine, intellectuelle et morale,
- et que cette filiation nous oblige.

La place des disparus dans la tradition maçonnique
La franc-maçonnerie n’a jamais considéré la mort comme une fin, mais comme un passage.
Les rituels le disent clairement : ce qui disparait dans l’obscurité peut se relever dans la lumière.
Lorsqu’un Frère ou une Sœur rejoint l’Orient Éternel :
- Son nom est rappelé.
- Ses engagements sont honorés.
- Sa place dans la Chaîne demeure.
La Toussaint vient donner à ce geste une dimension collective : reconnaître que la vie humaine a un sens parce qu’elle s’inscrit dans quelque chose qui la dépasse.
Transmission et responsabilité
Se souvenir ne signifie pas idéaliser.
La mémoire, dans une perspective initiatique, est une transmission exigeante : elle appelle à poursuivre l’œuvre.
La Toussaint nous pose trois questions essentielles :
- Qu’ai-je reçu ?
Valeurs, repères, enseignements, exemples. - Qu’ai-je construit ?
Actions, relations, engagements, progrès intérieur. - Que vais-je transmettre ?
Et comment ? À qui ? Avec quelle constance ?
Ces questions sont au cœur de l’identité maçonnique.
Elles dépassent la religion, l’appartenance, ou l’histoire personnelle :
elles engagent la conscience, la volonté et l’action.
La Toussaint comme moment de lucidité
Pour le Maçon, la Toussaint est un rappel simple et essentiel :
- La vie est brève.
- L’action compte.
- La transmission est un devoir.
Elle invite à faire le point :
ce qui doit être conservé, ce qui doit être transformé, ce qui doit être abandonné.
Le travail en loge poursuit précisément cet objectif : se construire pour mieux contribuer.
La Toussaint n’est pas une célébration du passé :
c’est une reconnaissance du lien entre les générations.
La franc-maçonnerie ne se contente pas de commémorer ;
elle fait vivre ce qu’elle a reçu, en le transmettant à travers des actes, des engagements et une fidélité à l’idéal humaniste.
Se souvenir, dans la démarche initiatique, ce n’est pas regarder en arrière :
c’est marcher avec ce qui nous précède, afin de mieux construire ce qui viendra après nous.




