Cette planche/réflexion provient du site de la loge maçonnique « Unité-Solidarité », à l’Orient de Perreux-sur-Marne, Grand Orient de France.
Avant tout, je vous invite vivement à visiter leur site, admirablement conçu, riche en réflexions sur la Franc-Maçonnerie et sur « une certaine idée du franc-maçon ».
Cette planche est remarquable, car elle aborde avec justesse et profondeur ce que nous faisons – ou devrions faire – en loge.
Le rêve maçonnique
La question posée est simple et vertigineuse à la fois :
La Franc-Maçonnerie, une utopie ?
Notre travail sur nous-mêmes nous conduit à prendre conscience de nos faiblesses, de nos limites, et parfois même de nos contradictions.
Mais notre idéal, lui, nous pousse à rêver un monde meilleur.
Car sans rêve, il n’y a pas de construction possible.
Et sans idéal, la pierre cesse d’être taillée.
Rêvons-nous en Tenue ?
S’il peut arriver que certains Frères s’assoupissent en loge, il se peut aussi qu’ils se mettent à rêver.
Mais il existe un autre type de rêve, plus dangereux : celui des Frères qui, voulant instrumentaliser la Franc-Maçonnerie à des fins politiciennes, rêvent éveillés d’une maçonnerie qui n’existe pas.
Pourtant, le rêve initiatique est de nature différente.
La réflexion symbolique, par essence, ressemble au rêve : elle fait appel à la fonction poétique et analogique de l’esprit, à la libre association des idées, au doute fécond et à la réappropriation collective du sens.
C’est dans ce va-et-vient entre le symbole et l’idée que naît la Lumière.
L’utopie, moteur du progrès
Pour construire un avenir meilleur, il faut d’abord le rêver, l’imaginer, l’anticiper.
Mais une utopie authentiquement maçonnique ne doit jamais se transformer en mission messianique.
Elle doit garder ses fondations dans le réel et s’exprimer comme un souhait, non comme un ordre.
Ainsi comprise, l’utopie n’est pas un refus du monde, mais une tension vers sa transformation.
Le rêve n’est donc pas absent de nos travaux, bien au contraire.
Mais rêver ne signifie pas fuir.
Rêver n’exclut pas d’agir.
Car si le Temple intérieur ne se bâtit pas à coups de dogmes, il ne s’élève pas non plus sans effort.
De la conscience à la fraternité
Puisque l’on parle non de Franc-Maçonnerie, mais de maçons, une question demeure :
les maçons s’entraident-ils vraiment à assumer leur condition ?
Nos loges sont-elles des écoles d’abnégation, de patience et de lucidité ?
Ou bien deviennent-elles parfois des sociétés de résignation, où l’on apprend à plier sans construire ?
La Maçonnerie n’est pas une confrérie de pleureuses.
Nos colonnes ne doivent pas résonner d’une plainte silencieuse, mais d’un travail vivant.
Travailler en loge, c’est cultiver la responsabilité, la conscience de soi dans la société, la liberté au milieu de la liberté des autres, et l’humilité face à la mort.
Nos travaux sont des exercices d’entraide et d’égalité, où chaque voix, chaque pierre, compte.
La fraternité comme œuvre collective
Dans ce cadre, l’entraide maçonnique ne consiste pas à s’apitoyer, mais à éveiller l’autre à lui-même.
Nous ne sommes pas là pour renoncer, mais pour reconstruire.
Nous ne formons pas une élite repliée sur ses symboles, mais une communauté de conscience cherchant à donner sens au réel.
Être franc-maçon, c’est apprendre à rêver ensemble pour mieux bâtir chacun.
(Adaptation et présentation par GADLU.INFO)




