Le Frère qui cherchait la Lumière… et ses lunettes
Il est 20h30. La loge est au complet. Enfin, presque : il manque toujours le même Frère, celui qu’on appelle affectueusement « l’astre lunaire », car il n’arrive qu’après l’Ouverture, quand tout le monde est déjà dans l’ambiance. On l’entend glisser son trousseau de clés, trébucher sur le pavé mosaïque, et murmurer : « Excusez-moi, j’ai eu un… imprévu. » Personne n’ose demander : « Encore ? »
Le Vénérable, imperturbable, reprend : « Mon Frère, êtes-vous en quête de la Lumière ? »
— Oui, répond le retardataire.
— Alors commencez déjà par retrouver vos lunettes, elles sont posées sur le plateau du Secrétaire depuis la dernière tenue.

La Pierre Brute… ou la brique de 12 kilos
Les Apprentis, pleins de bonne volonté, veulent tailler leur pierre. Mais dans la pratique, tailler sa pierre, c’est comme commencer un régime lundi : beaucoup de théorie, un peu d’enthousiasme, et une irrésistible envie de remettre à plus tard.
Un jour, un Apprenti demande ingénument :
— Vénérable, doit-on vraiment tailler la pierre à chaque tenue ? Parce que je n’ai pas de place dans mon coffre de voiture.
Le Frère Trésorier : gardien du Temple… et du chéquier
Ah, le Trésorier… ce Frère mystérieux qui sourit rarement mais qui connaît par cœur les dates limites de paiement. On raconte qu’il reconnaît chaque billet de banque comme d’autres reconnaissent les colonnes du Temple.
Un Apprenti, candide, a osé lui dire :
— Mon Frère, j’ai oublié ma cotisation…
Le Trésorier a simplement répondu :
— Ne t’inquiète pas, moi je ne l’ai pas oubliée.
Le Silence des Apprentis… version longue durée
On dit que le silence est une vertu. Sauf que chez nous, le silence des Apprentis est parfois si intense qu’il se prolonge… même à la sortie de la tenue. À l’agape, quand on leur demande « alors, ça va ? », ils hochent la tête comme des statues égyptiennes.
Un jour, l’un d’eux a pris la parole par erreur :
— Mon Frère, puis-je…
— Non, tu es Apprenti, reste dans le mystère.
Depuis, il médite en silence sur la profondeur de la soupe de l’agape.
La franc-maçonnerie est un chemin initiatique, mais c’est aussi une succession de petits moments cocasses, de lapsus rituéliques, de décors portés à l’envers, et de Frères qui se trompent de colonne au moment du banquet.
Finalement, derrière la solennité, nous restons de joyeux artisans du rire… et parfois, c’est la plus belle des Lumières.




