« … De plus, un portrait gravé d’Anthony Sayer, 1er Grand Maître de la Loge de Londres en 1717, et copié d’un tableau de Joseph Highmore, montre le Grand Maître portant un tablier blanc uni, dépourvu de toute décoration. »
En tant qu’objet matériel, le tablier a d’abord une fonction pratique : protéger celui qui travaille. Protection contre les coupures, les brûlures, les éclats de pierre, mais aussi contre la saleté. De même, nous, francs-maçons spéculatifs, ne pouvons pénétrer dans le Temple qu’« habillés convenablement », selon le langage rituel.
S’HABILLER NE VEUT PAS DIRE SE PARER
Le soldat qui enfile son uniforme, son casque et ses bottes ne se pare pas : il se prépare pour le combat. De même, le tablier maçonnique n’est pas un ornement, mais un habit de travail. Il symbolise la préparation à l’effort intérieur, la protection contre les aspérités de la Pierre brute et contre les éclats produits lors de la taille.

Ésotériquement, le tablier couvre et protège les centres vitaux de l’homme – racine, sacré, solaire et cœur – correspondant aux éléments Terre, Eau, Feu et Air. Mais l’essentiel réside dans sa couleur.
LA FORCE DU BLANC
Le blanc n’est pas neutre : il révèle chaque tache. Ainsi, le tablier rappelle au maçon que son vêtement symbolique doit rester pur. Il peut être usé, troué, effiloché, mais il ne doit jamais être marqué par le noir de l’ignorance, le brun du doute, le jaune de l’orgueil ou le rouge de la colère.
La blancheur du tablier est la preuve de notre non-implication dans les crimes contre l’humanité, la société et nos semblables. C’est ce blanc qui en fait un symbole universel, partagé par tous les francs-maçons au-delà des grades et des hiérarchies.
VANITÉ ET OSTENTATION
Au XIXᵉ siècle, la vanité prit le dessus : on commença à fabriquer des tabliers en tissu richement décoré, peints et ornés à l’excès. Certains allaient jusqu’à défiler dans les rues avec leur tablier, après les tenues. Face à ces excès, la Grande Loge Unie d’Angleterre imposa en 1813 une standardisation, rétablissant un certain équilibre symbolique.
LE TABLIER, SYMBOLE DE TRAVAIL
Le tablier ne doit jamais être considéré comme un insigne de pouvoir ou de statut. Trop souvent, on entend l’expression : « Je suis un éternel apprenti », mais l’on ne voit plus guère de frères revêtir le véritable tablier blanc de l’Apprentissage.
Depuis trois siècles, de multiples obédiences et congrès ont tenté d’uniformiser ses formes, ses tailles et ses décors. Aucun consensus universel n’a été trouvé. Mais si l’on s’en tient à l’essentiel, par analogie avec les gants maçonniques – eux aussi symboles de protection et de pureté, identiques pour tous – le tablier du vrai franc-maçon demeure simplement blanc.
Cet article s’inspire du livre « As Pedreiras de Salomão », écrit par le frère León Zeldis Mandel, où, à la page 141, l’auteur évoque cette symbolique essentielle.




