La Police Métropolitaine de Londres relance l’idée d’imposer aux agents de déclarer leur appartenance maçonnique. Une vieille obsession héritée du livre The Brotherhood et des théories complotistes, sans la moindre preuve.
Par Christopher L. Hodapp – Adaptation française GADLU.INFO
La vieille obsession anti-maçonnique de la police londonienne
La Police Métropolitaine de Londres (MET) a décidé de ressusciter une vieille idée : obliger ses agents à déclarer officiellement leur appartenance à la franc-maçonnerie.
L’argument est pour le moins fragile :
« Même en l’absence de preuve, certaines personnes et certains agents POURRAIENT PENSER qu’il se trame quelque chose de louche. »
Autrement dit, on ne parle pas de faits, mais de simples soupçons, voire de fantasmes.
L’affaire Daniel Morgan, toujours brandie comme prétexte

Cette mesure s’appuie sur le rapport concernant le meurtre non élucidé du détective privé Daniel Morgan, retrouvé tué à coups de hache en 1987 à Londres.
Le rapport publié en 2021 souligne que :
« L’appartenance des policiers à la franc-maçonnerie a été une source de suspicion et de méfiance récurrentes dans les enquêtes. »
Hodapp souligne l’absurdité d’un tel raisonnement :
« Une enquête sur un événement survenu il y a 39 ans, à la suite duquel un nombre inconnu de personnes impliquées sont mortes de vieillesse. »
Un vieux poison : The Brotherhood
La peur d’une police infiltrée par les francs-maçons remonte en réalité à 1984, avec le livre The Brotherhood de Stephen Knight.
Hodapp le décrit comme :
« Le gaspillage absurde de pulpe de Knight, un livre infondé et stupide (…) où il expose sa croyance délirante en un vaste réseau secret de francs-maçons, conspirant pour commettre des crimes, cacher leurs propres transgressions, et se promouvoir mutuellement en se faisant des signes secrets, des poignées de mains douteuses et en sautillant avec des jambes de pantalon rétroussées. »
Ce livre a nourri pendant des décennies les fantasmes médiatiques et politiques, des émeutes de Hillsborough à Jack l’Éventreur en passant par… le Titanic.
Douze ans de traque inutile
De 1997 à 2009, une loi obligea policiers et magistrats britanniques à déclarer leur appartenance maçonnique.
Résultat ? Rien. Hodapp rappelle :
« Ils ont gaspillé une somme colossale de l’argent du contribuable et douze ans pour parvenir à la même conclusion : il n’y avait aucune preuve d’influence maçonnique dans les services de police. Point final. »
En 2009, la Cour européenne des droits de l’homme condamne une disposition similaire en Italie.
Sous la menace de voir l’UGLE attaquer à son tour, le Royaume-Uni supprime l’obligation en 2010.
Transparence ou discrimination ?
Le problème n’est pas seulement bureaucratique. Il touche aux droits fondamentaux :
« Dès lors que les employés de n’importe quelle profession sont tenus de déclarer ouvertement leur appartenance maçonnique, ils s’exposent à des représailles et risquent leur emploi. Les antimaçons utiliseront leur appartenance comme prétexte pour dénoncer des fautes de toutes sortes. »
La suspicion devient alors un outil de règlement de comptes internes, et non un moyen d’assurer la transparence.
Une presse qui alimente la méfiance
La presse britannique entretient cette contradiction permanente :
- Les francs-maçons seraient de vieux hommes « décrépits » et sans influence…
- Mais en même temps, une société secrète toute-puissante manipulant la police et la justice.
Hodapp ironise :
« Alors, qu’est-ce qui nous attend ? Des dinosaures stupides sur notre lit de mort collectif, ou des manipulateurs tout-puissants qui choisissent subrepticement les gagnants et les perdants ? Les anti-maçons ne peuvent pas tout avoir. »
Conclusion
Cette nouvelle tentative de Scotland Yard n’apporte rien de neuf : ni preuve, ni argument solide. Elle s’inscrit dans une longue tradition de fantasmes anti-maçonniques au Royaume-Uni, où la suspicion suffit à justifier la discrimination.
« La seule raison pour laquelle le public entretient cette perception toxique est que certains membres de la presse et des politiciens opportunistes ont passé plus de 40 ans à marteler sans cesse le même tambour monocorde et sans fondement. »
La Grande Loge Unie d’Angleterre rencontrera bientôt les responsables de la MET. Reste à savoir si cette polémique s’éteindra comme les précédentes… ou si l’obsession anti-maçonnique repartira de plus belle.




