Il y a des mots qu’on entend dès les premiers instants en loge, et qui résonnent longtemps après : « Tu dois garder le silence. »
Une injonction simple, presque austère. Et pourtant, derrière cette apparente contrainte, se cache une leçon fondatrice.
Dans le monde profane, le silence est souvent perçu comme un vide embarrassant. On le comble par des bavardages, des musiques de fond, des écrans toujours allumés. En loge, au contraire, le silence devient une matière première. Il n’est pas absence, mais densité. Il crée un espace intérieur où l’on commence à se découvrir soi-même.

L’apprenti apprend vite que ce silence n’est pas muet : il est plein d’enseignements. Chaque geste, chaque mot, chaque symbole prend une dimension nouvelle parce qu’il est accueilli dans ce calme sacré. C’est dans ce silence qu’on entend battre le cœur de la loge, qu’on ressent la fraternité non pas par les paroles, mais par la simple présence partagée.
Bien sûr, il est difficile de se taire. L’ego voudrait commenter, expliquer, briller. Mais le silence oblige à l’humilité. Il rappelle que, pour construire, il faut d’abord écouter. Pour parler juste, il faut d’abord apprendre à se taire.
Avec le temps, on comprend que ce silence initiatique n’est pas une punition mais un outil de transformation. Il nous apprend à écouter autrement : écouter les autres, écouter le monde, écouter ce qui vibre en nous. Et, peut-être, à distinguer ce qui mérite vraiment d’être dit.
Alors oui, le silence est la première leçon de l’apprenti. Et peut-être aussi la plus difficile. Mais c’est une leçon qui nous accompagne bien au-delà des colonnes, jusque dans le tumulte de la vie profane, où le vrai courage n’est pas toujours de parler… mais parfois de se taire.
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