Etre franc-maçon c’est …plus qu’une arrivée, un nouveau départ, non pas un objectif atteint, mais un projet toujours en cours. L’Exaltation à la Maîtrise permet au Travailleur attentif de le comprendre dès le départ.
Le passage à la Maîtrise : une responsabilité nouvelle
L’Exaltation à la Maîtrise ne marque pas une fin, mais un commencement. Jusqu’alors guidé et éclairé par ses Frères, le Maçon qui reçoit sa « lettre de Maître » vit une expérience comparable à celle du conducteur débutant : il a appris, il a passé son examen, il obtient son permis… mais il doit désormais assumer seul la route, avec ses risques et ses responsabilités.
Le droit de parole et de vote, souvent mis en avant, ne sont que les signes visibles du changement de statut. Ce qui importe réellement, c’est l’acquisition du droit de tracer sa propre voie : avancer seul, ou accompagné, selon sa volonté, avec la pleine conscience de sa liberté mais aussi du poids de son engagement.

Un droit qui devient un devoir
Être Maître, c’est exercer ce droit comme un devoir moral. L’Exaltation confère au Maçon la possibilité d’emprunter son propre chemin vers l’excellence. Mais ce chemin exige persévérance, discipline et vigilance. La liberté du Maître n’est pas une liberté de passivité, mais un appel à l’action et à la construction.
Chaque étape franchie appelle une nouvelle interrogation : Que faire, comment le faire, pour devenir meilleur ? La réponse, toujours personnelle et intime, trace un itinéraire singulier mais inscrit dans une quête universelle : celle de la perfection.
Le rôle de la Loge : partage et réciprocité
Le Maître n’avance pas uniquement pour lui-même. Ce qu’il apprend, ce qu’il acquiert et réalise, il doit le partager avec sa Loge. La réciprocité est une loi implicite de la Maîtrise : plus on donne, plus on reçoit. Le progrès individuel s’inscrit toujours dans le progrès collectif.
Ainsi, le Maître Maçon découvre qu’enseigner est une forme suprême d’apprentissage. En transmettant son expérience aux Apprentis et Compagnons, il perfectionne ses propres acquis.
La persévérance, plus que le génie
Être Maître, ce n’est pas accomplir des exploits spectaculaires ou rechercher la gloire. C’est persévérer dans le travail quotidien, accomplir fidèlement de petites actions qui, mises bout à bout, construisent une véritable œuvre de vie. La grandeur maçonnique ne réside pas dans l’ostentation, mais dans la constance et la sincérité.
Le Maître véritable n’a pas besoin de médailles ni d’honneurs : il se satisfait de voir qu’à chaque instant, il est devenu un peu meilleur qu’hier, toujours en marche vers une perfection qu’il sait inaccessible mais qu’il s’efforce d’approcher.
La maxime du Maître Maçon
En définitive, être Maître Maçon, c’est vivre pleinement une maxime formulée par Manuel António Pina (journaliste, écrivain et poète, Prix Camões 2011, décédé en 2012) :
« Le Maître Maçon est celui qui a appris et qui pratique que le moins qu’on nous demande est le maximum que nous pouvons faire. »
Rui Bandeira
Publié sur le blog « À partir de la pierre » le 24 avril 2013




