À Londres, de plus en plus de jeunes hommes rejoignent la franc-maçonnerie. Entre quête de fraternité, modernisation via TikTok et diversité, découvrez pourquoi l’Ordre séduit la génération Z.
Une jeunesse londonienne en quête de fraternité
À Londres, le Freemasons’ Hall de Covent Garden voit régulièrement affluer des jeunes hommes curieux et désireux de rejoindre la franc-maçonnerie. L’événement « Discover Freemasonry », organisé par la Grande Loge Métropolitaine, a récemment rassemblé des centaines de participants. Beaucoup étaient jeunes, souvent dans la vingtaine ou la trentaine, bien habillés, attentifs, parfois nerveux, mais surtout animés par le désir d’appartenir à une communauté fraternelle.
Joshua Pasquale, 28 ans, mannequin canadien installé à Londres, incarne ce mouvement. Issu d’un univers familial dominé par des figures féminines fortes, il confie avoir toujours ressenti un manque :
« Ce qui me manquait vraiment, c’était la fraternité. »
Cette quête de lien, d’identité masculine positive et de valeurs partagées illustre une tendance plus large. Dans une métropole où l’anonymat et la solitude pèsent, la franc-maçonnerie apparaît comme un espace de sociabilité et d’ancrage.
La modernisation des francs-maçons britanniques
Si la franc-maçonnerie attire de nouveau au Royaume-Uni, c’est aussi parce qu’elle a su s’adapter aux codes contemporains. Depuis peu, la Grande Loge Métropolitaine communique activement sur les réseaux sociaux. Son compte TikTok rassemble déjà plus de 30 000 abonnés et diffuse des vidéos décalées mais instructives, jouant avec les tendances de la génération Z :
« Poignée de main secrète ? Seuls les vrais le savent. »
Cette stratégie de communication contribue à briser les mythes, à désacraliser certains clichés et à ouvrir l’Ordre à une nouvelle audience. Le Connaught Club, réservé aux francs-maçons londoniens de moins de 35 ans, complète cette démarche en offrant un espace convivial où les jeunes initiés peuvent se retrouver.
Résultat : les candidatures spontanées, c’est-à-dire sans lien familial ou social préalable, ont doublé en un an.
Et en France ? Une dynamique plus discrète mais bien réelle
En France, la franc-maçonnerie ne s’affiche pas avec autant de vigueur sur les réseaux sociaux. Les grandes obédiences restent attachées à une communication plus institutionnelle : conférences publiques, journées portes ouvertes ponctuelles, publications dans la presse ou sur leurs sites officiels.
Pour autant, les loges françaises connaissent elles aussi un rajeunissement de leurs effectifs. Depuis une dizaine d’années, on observe une hausse des candidatures de jeunes adultes, souvent urbains, en quête de repères spirituels ou philosophiques hors des cadres religieux traditionnels.
Les motivations sont proches de celles observées à Londres :
- recherche d’un cadre structurant,
- désir de fraternité et de liens authentiques,
- quête de sens dans une société jugée incertaine ou fragmentée.
Mais la franc-maçonnerie française se distingue par son accent sur la laïcité, la citoyenneté et l’engagement humaniste. Elle attire ceux qui souhaitent réfléchir sur les valeurs de la République, sur les droits humains ou sur les défis sociétaux, dans un cadre initiatique et symbolique.
Deux approches, une même soif de fraternité
La comparaison entre les deux pays met en lumière des différences culturelles fortes :
- Au Royaume-Uni, la stratégie repose sur la visibilité et la séduction par la modernité, en assumant un virage numérique.
- En France, la discrétion demeure la règle, et c’est l’ancrage philosophique et citoyen qui attire une partie de la jeunesse.
Mais au fond, le constat est le même : les jeunes générations cherchent à combler un vide. Face à l’isolement, à la précarité relationnelle et à la perte de repères, la franc-maçonnerie offre une réponse : une fraternité structurée, transmise par des rituels et des symboles, et qui se présente comme intemporelle.
Conclusion : un ancien Ordre pour des besoins très actuels
Le fait que des jeunes Londoniens patientent dans la rue pour rejoindre une institution tricentenaire, ou que des étudiants et jeunes actifs français franchissent les portes d’une loge, révèle une réalité contemporaine : le besoin d’appartenance et de fraternité reste universel.
Si les formes varient selon les cultures — communication numérique et ouverture assumée en Angleterre, discrétion et référence humaniste en France — la franc-maçonnerie conserve sa pertinence. Elle demeure, au XXIᵉ siècle, un lieu où l’on apprend à bâtir non seulement des temples symboliques, mais aussi des ponts entre les générations et les cultures.
Référence
“London’s lonely young men are lining up to join the Freemasons”, The Londoner, 21 mai 2025.
Disponible en ligne : https://www.the-londoner.co.uk/londons-lonely-young-men-are-lining-up-to-join-the-freemasons/
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