La franc-maçonnerie aime se présenter comme une chaîne d’union universelle, rassemblant au-delà des frontières et des croyances. Pourtant, derrière l’image idéalisée se cache une réalité bien plus contrastée : rivalités entre obédiences, querelles de reconnaissance, fractures idéologiques. Ces tensions internes fragilisent l’Ordre et alimentent les critiques de ceux qui y voient moins une fraternité qu’un champ de bataille feutré.
Une mosaïque d’obédiences
Loin d’être un bloc homogène, la franc-maçonnerie est un archipel d’obédiences :
- Certaines se veulent spiritualistes, attachées à la transcendance et à l’initiation symbolique.
- D’autres revendiquent une vocation rationaliste et sociétale, centrée sur la laïcité et le progrès social.
- Entre les deux, une infinité de nuances qui alimentent la fragmentation.
Cette diversité pourrait être une richesse, mais elle se traduit trop souvent par une cacophonie publique qui brouille le message maçonnique.

Le Grand Orient contre la GLNF : fracture historique
En France, la rivalité entre le Grand Orient de France (GOdF) et la Grande Loge Nationale Française (GLNF) illustre cette division.
- Le GOdF, depuis 1877, a supprimé l’obligation de croire en Dieu, ouvrant la voie à une liberté absolue de conscience.
- La GLNF, fidèle à la Grande Loge Unie d’Angleterre (GLUA), exige la croyance en un Grand Architecte de l’Univers.
Résultat : deux univers maçonniques coexistent, sans reconnaissance mutuelle, chacun revendiquant la « vraie » régularité.
La crise de la GLNF : luttes de pouvoir au grand jour
Au début des années 2010, la GLNF a été secouée par une crise interne retentissante :
- Accusations d’abus de pouvoir et de dérives financières contre le Grand Maître François Stifani.
- Révolte de loges, suspensions et procès en cascade.
- Naissance de nouvelles obédiences, dont la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française (GL-AMF).
Cette crise, largement relayée par les médias, a exposé au grand jour les fractures de gouvernance qui minent certaines structures.
La question de la mixité : entre ouverture et exclusions
La mixité est un autre champ de bataille :
- Le Droit Humain admet hommes et femmes depuis sa création, défendant une franc-maçonnerie universelle et égalitaire.
- La Grande Loge Féminine de France (GLFF) a choisi de construire une maçonnerie exclusivement féminine.
- La majorité des obédiences masculines, elles, continuent à exclure les femmes, nourrissant un débat permanent sur l’adaptation de l’Ordre aux valeurs contemporaines.
Ces clivages mettent en lumière le paradoxe d’une institution qui prône l’universalité, mais reste divisée sur la moitié de l’humanité.
Spiritualistes contre rationalistes : fracture idéologique
Au-delà des querelles institutionnelles, une opposition philosophique traverse la franc-maçonnerie :
- Les spiritualistes y voient une école initiatique, un chemin vers la transcendance et la sagesse intemporelle.
- Les rationalistes la conçoivent comme un laboratoire de réflexion politique et sociale, au service du progrès humain.
Cette divergence fondamentale alimente la méfiance réciproque et débouche souvent sur des ruptures institutionnelles.
Une fraternité en morceaux
Toutes ces fractures — rivalités d’obédiences, luttes de pouvoir, querelles de reconnaissance, divisions idéologiques — donnent une image désastreuse au regard extérieur.
- Comment incarner la fraternité universelle quand chaque camp exclut ou méprise l’autre ?
- Comment défendre l’idée de régularité quand il existe des dizaines de définitions concurrentes ?
- Comment inspirer confiance au public quand les conflits internes éclatent dans la presse ?
La franc-maçonnerie se rêve en chaîne d’union mondiale, mais apparaît trop souvent comme un archipel dispersé de petites républiques jalouses de leur pouvoir.
La franc-maçonnerie est traversée par un paradoxe majeur : elle proclame l’unité, mais vit la division ; elle défend l’universalité, mais pratique l’exclusion ; elle prêche la fraternité, mais s’épuise en querelles intestines.
Ces fractures internes ne sont pas seulement une affaire de gouvernance, elles touchent à l’essence même de l’Ordre. Tant que les obédiences s’opposeront davantage entre elles qu’aux véritables ennemis de la liberté et de la fraternité, la franc-maçonnerie continuera à nourrir la critique et à fragiliser sa propre crédibilité.
La question reste ouverte : l’Ordre saura-t-il un jour dépasser ses divisions pour incarner réellement l’idéal universel qu’il proclame ?





Les obédiences ne sont pas l’Ordre, mais une organisation, une hiérarchie, et une économie qui n’ont pas su rester parallèles à la Maçonnerie. Elles se prennent pour la Maçonnerie, et existent sur la place publique comme telles. Pas clair pour l’initié, incompréhensible pour le public. J’ai retrouvé le sens de mon engagement en loge libre de toute obédience.
Fraternellement à tous.
L’article soulève bien le paradoxe en FM et non de la FM universelle, qui n’est pas encore même au niveau international. Ne manque-t-il pas un outil désormais en FM, qui pourrait être « la balayette », qui servait déjà aux free-maçons opératifs sur la pierre pour la rendre présentable à tous les profanes, afin de commencer à balayer devant la porte des temples ? Slt.
il faut repartir des constitutions dites d’Anderson et des 12 points de régularité, c’est tout. La régularité Maçonnique dépend du respect de ces bornes, hors d’elles il n’y a pas de Maçonnerie Régulière. la reconnaissance par la Grande Loge d’ Angleterre est un autre sujet, une seule obédience est reconnue par pays par Londres, c’est la règle.
hors de la régularité nombres d’obédiences sont plus des structures intermédiaires de des ordres initiatiques et Maçonniques
un semblant de régularité permet à certaines obédiences d’ échanger des termes d reconnaissances mutuelles tells qu’entre le GLDF et le GO, mais ces reconnaissances sont très limitées et se limitent à la possibilité d’accueil en tenue. au delà il y a de accords de reconnaissance plus poussés entre les Suprêmes conseils tels que ceux qui unissent le suprême conseil pour la France (GLNF) et le suprême conseil de France (GLDF) et donc reconnaissance internationale (dont Londres) au niveau des grades dits supérieurs (REAA)