Les péchés capitaux et l’idéal maçonnique
Depuis l’Antiquité, l’humanité s’interroge sur les vices qui corrompent l’âme. Au VIᵉ siècle, le pape Grégoire le Grand a défini les sept péchés capitaux : avarice, gourmandise, colère, luxure, paresse, orgueil et vanité. Ces concepts ont été consolidés par saint Thomas d’Aquin au XIIIᵉ siècle.
Dans le contexte maçonnique, tous mériteraient réflexion, mais trois d’entre eux apparaissent avec insistance dans nos comportements quotidiens : l’orgueil (et arrogance), la vanité et la colère.
Ces trois vices, profondément humains, s’opposent frontalement aux valeurs fondamentales de la Franc-Maçonnerie : l’humilité, la fraternité et la maîtrise de soi.

L’orgueil et arrogance
L’orgueil désigne une prétention de supériorité sur autrui. Elle se manifeste sous plusieurs formes :
- L’orgueil : satisfaction excessive de soi, illusion de grandeur.
- L’arrogance : refus d’écouter, mépris des autres, incapacité à reconnaître ses limites.
Celui qui s’enferme dans l’orgueil cherche à dominer les autres, mais lorsqu’il est surpassé, il se laisse emporter par l’envie et le ressentiment. Cette dynamique alimente les conflits et détruit l’harmonie sociale ou fraternelle.
L’orgueil peut aussi s’exprimer collectivement : un groupe qui se croit élu ou supérieur peut être manipulé au service d’intérêts politiques, économiques ou idéologiques, comme l’ont montré de nombreux épisodes de l’histoire.
En Maçonnerie, l’orgueilleux rompt le lien fraternel en cherchant à briller seul au lieu d’éclairer les autres.
Antidote maçonnique
Seule l’humilité permet de neutraliser l’orgueil . Elle invite le Maçon à éviter l’ostentation, à contenir ses prétentions et à cultiver la fraternité, où chacun a la même dignité.
La vanité : ostentation et illusion
La vanité est ce désir insatiable de paraître, d’être admiré pour ce que l’on possède plutôt que pour ce que l’on est. Elle se manifeste par :
- la recherche d’admiration à travers l’apparence,
- la quête de titres, décorations ou positions sociales,
- l’ostentation et le culte de l’image.
Dans la littérature, Oscar Wilde l’a magistralement illustrée dans Le Portrait de Dorian Gray, où la beauté et la jeunesse deviennent des idoles conduisant à la perte de l’âme.
Dans une loge, la vanité se traduit parfois par l’obsession des médailles, des titres ou des honneurs, oubliant que l’essence maçonnique se trouve dans le travail sur soi et dans le service désintéressé à l’humanité.
La vanité attire inévitablement l’envie, car ces deux vices se complètent et se nourrissent l’un de l’autre.
Antidote maçonnique
Le Maçon doit se rappeler que la véritable gloire ne vient pas de ce que l’on exhibe, mais de ce que l’on construit par ses actes.
- L’honneur doit remplacer l’orgueil.
- La joie intérieure doit remplacer la vanité.
La colère : l’ira destructrice
La colère (ira) est une réaction violente faite de haine, de vengeance ou de ressentiment. Elle détruit la capacité de raisonner et de résoudre les problèmes.
Elle naît souvent de la frustration, de l’ego blessé ou de l’impuissance. Alimentée, elle devient un incendie intérieur qui consume celui qui la nourrit et contamine les relations humaines.
Dans le contexte maçonnique, la colère est particulièrement dangereuse : elle brise l’harmonie de la loge, ternit l’image de l’Ordre et trahit le serment de fraternité.
Antidote maçonnique
La Maçonnerie enseigne la maîtrise de soi et la modération. Un Maçon ne combat pas son frère, mais ses propres vices. La critique doit se faire avec respect, sans animosité, dans un esprit de correction fraternelle.
Discipline et hiérarchie : des piliers au service de l’harmonie
La discipline et la hiérarchie sont des principes essentiels dans la Maçonnerie. Mais leur véritable force réside dans l’exemple.
- Un Maçon discipliné n’est ni orgueilleux, ni vaniteux, ni colérique.
- Il sait recevoir la critique avec humilité et reconnaître ses erreurs.
- Il comprend que la fonction ne prime jamais sur la fraternité.
La plus grande autorité, dans un temple maçonnique comme dans la vie, est le bon exemple.
Élever des temples aux vertus
La mission du Maçon est claire : creuser des masmorras aux vices et élever des temples aux vertus.
Cela signifie :
- Transformer l’orgueil en honneur,
- Transformer la vanité en bonheur,
- Transformer la colère en force intérieure.
En rejetant ces trois vices, la Franc-Maçonnerie demeure fidèle à son idéal : construire un monde de Liberté, Justice et Fraternité.
Texte adapté d’Otacílio Batista de Almeida Filho 33º – M∴ I∴ – ARLS Obreiros da Justiça nº 3209, Or∴ de Campina Grande – PB




