Ce récit mêle symbolisme maçonnique et horreur surnaturelle dans une fiction qui n’a pas vocation à refléter les pratiques réelles de la franc-maçonnerie. Il explore un « et si ? », une déviation rituelle qui plonge dans le mythe, la folie et les ténèbres.
Les personnages de Saulo Rosent, Jaime Cárdenas, Claudio Hernández, Thomas et Elena sont des créations originales ancrées dans un monde imaginaire. Ce conte rend hommage à l’imaginaire maçonnique tout en construisant un thriller ésotérique effrayant digne des meilleurs récits gothiques.
Chapitre I – La Loge des Ténèbres
Dans une ville comme tant d’autres, où les rues serpentent entre des immeubles usés par le temps, et où le vent poussiéreux murmure entre les fissures des façades, se dressait la Loge maçonnique « Les Bâtisseurs de la Lumière », une loge centenaire.
Sa façade, sculptée dans un granit gris sévère, était ornée de symboles maçonniques et de deux hautes colonnes qu’on ne pouvait ignorer. Les vitraux opaques ne laissaient filtrer aucune lumière du jour, comme si l’édifice refusait que le monde extérieur découvre ses secrets. Les portes de chêne massif, cerclées de bandes de fer noirci, ne s’ouvraient que pour les initiés… ou les imprudents.
Saulo Rosent, jeune historien de 28 ans, y avait été convié. Fasciné depuis l’enfance par l’occulte, hanté par les récits de son grand-père franc-maçon oublié, il avait finalement reçu une invitation officielle à l’initiation. Pourtant, ce soir-là, alors qu’il franchissait le seuil sous un ciel bas et chargé de nuages noirs, un nœud d’angoisse lui serrait l’estomac. Son instinct sentait ce que son esprit ne pouvait encore nommer.
Chapitre II – Le Temple Souterrain
La nuit de la cérémonie arriva, escortée par un vent glacial qui hurlait dans les rues désertes. À l’entrée, une silhouette encapuchonnée, drapée d’une robe sombre effleurant le sol, l’accueillit en silence. Trois autres maçons l’entouraient. Sans un mot, ils le menèrent à travers un labyrinthe de couloirs sombres, descendant vers les entrailles de l’édifice.
Les murs suintaient l’humidité, et la lumière tremblante des bougies dans les alcôves taillées dans la pierre dessinait des ombres mouvantes. Une odeur de cire fondue mêlée à un relent métallique – semblable à celui du sang – saturait l’air.
Après un long silence, ils atteignirent une salle vaste et voûtée, soutenue par des colonnes de marbre noir. On lui banda les yeux, mais avant que l’obscurité ne le happe, il vit une porte de bois noir, dotée d’une poignée blanche comme un os, scintillant sous un vieux lustre de fer forgé.
À l’intérieur, il fut brièvement exposé à une table où reposait un livre relié de cuir noir, un calice terni… et un cercueil d’apparat orné de l’équerre et du compas. Puis, on lui remit le bandeau.
Chapitre III – Les Épreuves Élémentaires
Au centre du temple trônait le Vénérable Maître Jaime Cárdenas, vieil homme aux cheveux d’argent, regard d’acier et visage marqué par les années. À sa droite se tenait le frère Thomas, imposant, la barbe taillée et une lueur inquiétante dans les yeux. Sa posture trahissait une soif de pouvoir.
La cérémonie débuta dans un silence pesant. Vendé d’un tissu noir moisi, Saulo fut soumis aux épreuves traditionnelles – l’air, l’eau, le feu – mais dans cette loge, elles semblaient plus brutales, plus viscérales.
- L’air : suspendu au-dessus d’un puits, attaché à une corde qui grinçait. En bas, des murmures s’élevaient, prononçant son nom dans un souffle malsain.
- L’eau : plongé dans un bassin noir glacé. Des mains invisibles effleuraient ses jambes, tentant de l’entraîner vers le fond.
- Le feu : pieds nus sur des braises. Les flammes léchaient sa peau, le brûlant sans le marquer. Il crut voir les ombres s’incliner vers lui, comme avides.
Essoufflé, tremblant, il pensa que le pire était passé. Il se trompait.
Chapitre IV – La Prueba de Sangre
La dernière épreuve fut annoncée : la Prueba de Sangre, l’épreuve du sang.
Traditionnellement, ce n’était qu’un symbole. Une goutte suffisait. L’intention primait sur l’acte. Mais cette nuit-là, quelque chose changea.
Le frère Thomas s’approcha lentement, un poignard cérémoniel en main.
— « Le sang est le pont vers les anciens », murmura-t-il d’une voix tremblante de fanatisme. « Il est le sacrifice qui nous lie au vrai pouvoir. »
Le Vénérable Maître ouvrit la bouche pour intervenir, mais resta silencieux. Saulo, maintenant attaché à l’autel, sentit le marbre glacial sous son dos, son cœur battant la chamade.
Le couteau trancha sa paume gauche. Le sang coula sur un vieux parchemin que Thomas tenait fébrilement. Les bougies s’éteignirent, le froid envahit la pièce… et une entité se réveilla.
Chapitre V – L’Éveil de l’Ombre
Une ombre mouvante surgit, une masse sombre et vivante, aux yeux incandescents. Une voix envahit l’esprit de Saulo :
— « Plus de sang… plus de pouvoir… donne-moi tout, et tu seras éternel. »
Le frère Thomas, possédé, brandit une épée au-dessus du corps de Saulo. Mais une voix retentit dans l’obscurité :
— « Cela s’arrête ici ! »
C’était le frère Claudio Hernández, resté dans l’ombre. Il s’interposa.
— « Cette épée ne sera pas ton jugement, mais ta défense. »
Un autre frère cria :
— « Cette loge est maudite ! »
Et tous comprirent que la loge avait été érigée sur un ancien temple dédié à des dieux sanguinaires.
Chapitre VI – L’Affrontement Final
L’entité s’éleva, emplissant la salle. Les colonnes tremblaient, le lustre oscillait. Saulo, aidé par ses frères, se releva.
— « Nous devons brûler le parchemin ! », ordonna Jaime Cárdenas.
Claudio traça un cercle de symboles maçonniques à la craie autour de l’autel, récitant une incantation en une langue oubliée. L’ombre fut contenue un instant.
Saulo arracha le parchemin des mains du frère Thomas – en transe, murmurant des mots incohérents – et le jeta dans le brasero. Le feu s’éleva comme un rugissement. Un cri surnaturel résonna, et l’entité disparut.
Chapitre VII – L’Éveil
Le silence retomba.
Le Vénérable Maître confessa avoir connu l’existence de la malédiction, croyant qu’elle était scellée à jamais. Thomas, désormais libéré mais brisé, fut emporté hors du temple. Tous les frères se regardèrent, changés à jamais.
À l’aube, Saulo sortit de la loge. Une lueur nouvelle brûlait dans ses yeux. Il savait ce qu’il devait faire : purifier la loge, restaurer sa vocation sacrée.
Mais alors qu’il se retournait, il crut voir une ombre l’observer depuis une fenêtre vide…
Chapitre VIII – La Révélation
C’est alors que Jaime Cárdenas le rejoignit dehors :
— « Ce que tu as vécu, ce que nous avons tous ressenti, n’était que le produit de ton esprit… une épreuve mentale. »
Saulo regarda sa main gauche. Aucune cicatrice.
Aucune goutte de sang n’avait coulé.
Un conte ésotérique et horrifique inspiré des mystères maçonniques
Par Alc.°.— Traduction française par GADLU.INFO
