Le Temple, espace sacré et ordonné
En franc-maçonnerie, la loge est appelée Temple. Ce n’est pas une simple salle de réunion, mais un lieu symbolique où l’espace est pensé selon un ordre précis.
Chaque détail – l’orientation de la salle, la disposition des colonnes, l’emplacement du Vénérable Maître, la place des Surveillants et des Frères – participe à instaurer une atmosphère particulière.
Cet ordre rassure, sécurise et structure. Il donne aux initiés un sentiment d’harmonie et de sérénité qui favorise la concentration, la réflexion et le travail initiatique.
Ainsi, à l’intérieur du Temple, chacun sait où est sa place. Ce cadre contribue à mettre de côté les préoccupations profanes – les « métaux » – pour se consacrer pleinement aux travaux spirituels.

La place réservée à l’Apprenti
Comme tout ouvrier dans l’atelier, l’Apprenti a une place qui lui est propre.
Il est assis au Nord, sur les bancs arrière de la loge, une zone qui peut paraître discrète, voire marginale, mais qui possède en réalité une profonde signification symbolique.
En effet, la franc-maçonnerie ne laisse rien au hasard : chaque emplacement dans le Temple renvoie à une dimension spirituelle, initiatique et cosmique.
Pourquoi le Nord ? Un symbole universel
La maçonnerie moderne est née dans l’hémisphère Nord. Dans cette partie du monde, le soleil éclaire davantage le Sud, tandis que le Nord demeure une zone plus froide, plus sombre, moins directement baignée par la lumière.
Le choix de placer l’Apprenti au Nord repose donc sur un principe symbolique :
- le Nord est une zone moins éclairée ;
- l’Apprenti, encore au début de son chemin, n’est pas prêt à recevoir toute la Lumière ;
- il doit avancer progressivement, étape par étape, pour assimiler les enseignements et les symboles sans se brûler à un excès de clarté.
Le Nord est donc un espace de protection. C’est là que l’Apprenti apprend à écouter, à observer et à s’imprégner de l’esprit de la loge.
Un apprentissage graduel de la Lumière
En maçonnerie, la Lumière est au cœur du chemin initiatique. Elle symbolise la connaissance, la vérité et la conscience spirituelle.
Le Vénérable Maître, placé à l’Orient, incarne cette Lumière. De là vient l’illumination qui guide les travaux de la loge.
Mais la sagesse maçonnique enseigne que la Lumière ne doit pas être donnée en une fois. Elle doit être transmise progressivement, selon la capacité de chacun à la recevoir.
Un excès de lumière peut éblouir et troubler, là où une lumière dosée éclaire et construit.
Ainsi, l’Apprenti demeure au Nord, protégé des excès. C’est une étape nécessaire, car il est encore dans la transition entre la vie profane et la vie initiatique.
L’exception du jour de l’initiation
Il existe toutefois une exception à cette règle. Le jour de son initiation, après la cérémonie, le nouvel Apprenti est installé au premier rang du Nord.
Cette disposition est autant pratique que symbolique :
- pratique, car il est plus simple de prévoir un siège libre à l’avant que de demander à d’autres Frères de se déplacer ;
- symbolique, car l’initié, encore bouleversé par l’intensité de la cérémonie, a besoin d’un repère clair et accessible.
Dès la séance suivante, l’Apprenti rejoint sa véritable place : les bancs arrière du Nord, où il passera toute la durée de son apprentissage.
Être l’Homme du Nord
Le fait que l’Apprenti occupe cette place spécifique exprime une réalité profonde : il est encore au commencement du chemin, dans une phase d’observation, d’écoute et d’humilité.
On l’appelle pour cela « l’Homme du Nord ».
Il est protégé du tumulte, placé dans un espace calme, à l’écart du mouvement, pour mieux se concentrer et se former.
Le Nord représente aussi un état spirituel : celui de l’ombre qui précède la lumière, de la nuit qui annonce l’aube. L’Apprenti se tient dans cet entre-deux : déjà séparé du monde profane, mais pas encore pleinement illuminé par la connaissance initiatique.
Un chemin vers l’Orient
La place de l’Apprenti dans la loge n’est pas seulement une question de protocole, mais un véritable enseignement symbolique.
Être assis au Nord, c’est comprendre que la Lumière ne se conquiert pas en un instant, mais par un cheminement progressif, fait d’écoute, de silence et d’humilité.
De l’ombre à la lumière, du Nord à l’Orient, du silence à la parole, l’Apprenti apprend que toute transformation intérieure exige patience et préparation.
Ainsi, l’Homme du Nord est déjà en marche vers l’Orient : vers la Lumière, vers la Connaissance, vers l’accomplissement spirituel.
Adapté d’un texte de Rui Bandeira publié sur le blog « From Stone »





Bonjour
Le placement sur la colonne du nord est une convention française pour le moins, peut-être continentale. Il n’en est rien dans les îles britanniques. L’apprenti se place où il veut. Et il a droit à la parole, il vote également.
Le terme temple est impropre, nous sommes dans la loge. Le temple était le lieu de la prière et non du travail.
Tout à fait, c’est toujours déplorable de parler d’un rite en particulier sans le préciser et en faire une généralité
J’ai vraiment apprécié vos explications sur la disposition des membres dans le temple.
Le Nord
Dans les Traditions symboliques l’Homme est un microcosme. Pour les Chinois, nous avons une âme-souffle (hun) qui provient du Ciel et y retourne après la mort, et une âme corporelle (po) qui est destinée à retourner à la terre d’où elle provient. Après la mort, le hun devient un esprit aérien (shen) ; quant à la destinée du po, tantôt il est censé résider dans les os, par conséquent dans la tombe, tantôt on le croit errant dans un pays des morts situé dans les profondeurs de la terre, au septentrion. Le nord, direction où règnent l’obscurité et l’eau, était ainsi associé à la mort. Mais si le plein Nord est le point où le yin est à son apogée, c’est aussi celui où le yang s’apprête à reprendre un nouvel essor ; de même la vie renaît dans les profondeurs aquatiques, car dans la croyance populaire, c’est au pays des morts que se trouvaient aussi les sources de la vie.
Après le cabinet de réflexion, la colonne du nord, où sont positionnés obligatoirement les apprentis est donc, aussi, le lieu de la renaissance progressive des jeunes francs-maçons.
Le Septentrion
Nomination vieillie du mot Nord. Pourtant le nord est une direction dans le plan, le septentrion dans l’espace à trois dimensions. Du latin septentriones, (de septem, sept et triones, bœufs de labour), désignant les sept étoiles qui forment la constellation de la Grande Ourse ou plutôt de la Petite Ourse dont l’étoile du nord (l’Étoile polaire) fait partie.
Les anciens Égyptiens désignaient le nord céleste par le septentrion comme étant le lieu d’éternité, car dans le ciel nocturne de l’Égypte, il y a visibilité toute l’année des étoiles impérissables dont la Grande Ourse.
Le septentrion est à la fois nord et sept, c’est-à-dire origine du Mystère et sa révélation. À l’inverse de l’astre manifesté, terrestre, qui culmine au sud, le soleil spirituel, céleste, primordial, culmine au nord où réside l’origine de la lumière éternelle. Les anciens Égyptiens désignaient le nord céleste par le septentrion comme étant le lieu d’éternité, car dans le ciel nocturne de l’Égypte [dans l’hémisphère nord], il y a visibilité toute l’année des étoiles impérissables dont la Grande Ourse. Le soleil s’y trouve donc, symbolisant la lumière incréée, contenant toutes les potentialités que l’initié devra faire éclore. Source de toute orientation, le septentrion est la matrice du monde céleste et invisible où va s’opérer la gestation de l’initié. Il est le point de départ de la tradition.
Les rituels, pour marquer dans le langage la trace de la Tradition et la symbolique cosmique, utilisent très souvent ce mot. Les apprentis prennent place sur la colonne du septentrion.
Repère céleste du voyageur, le septentrion oriente l’apprenti pour qu’il ne s’égare pas.
Dans les temples dédiés à la FM, le plafond est souvent décoré par la représentation de la Grande Ourse (le ciel étoilé), mais on peut aussi le penser comme les chinois pour lesquels la Grande Ourse est utilisée comme support dans les méthodes de concentration spirituelle pour garder l’Un. La constellation est alors à l’aplomb de l’homme qui atteint l’état central : elle descend sur le sommet de sa tête. En diverses cérémonies, l’appel à T’ai-yi (le Suprême Un, habitant l’Étoile polaire) se fait par la représentation des sept étoiles de la Grande Ourse sur un étendard.
Bonjour… Bonne Fin d’année 2023
Et que les meilleures ETOILES éclairent votre UNIVERS…J.M. /K\
Merci de préciser le rite qui correspond à cette analyse. J’en connaît plusieurs, aucun ne correspond à cette pratique.
jvillant@yahoo.fr