Saint Augustin, dans ses Confessions (Livre XI), s’interrogeait déjà sur la nature du temps :
« Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; si je veux l’expliquer à qui me le demande, je ne le sais plus. »
Qu’est-ce que le temps maçonnique ? Est-ce celui passé en loge, dans la régularité de nos tenues ? Celui du franc-maçon dans l’ensemble de son parcours initiatique ? Ou bien celui de toute une vie consacrée à l’Œuvre ?
Ces interrogations nous rappellent que le maçon n’est pas seulement un homme du passé ou un architecte de l’avenir, mais avant tout un ouvrier du présent.

Le temps suspendu du Temple
Pour le F∴M∴, le chantier symbolique s’ouvre à midi et se ferme à minuit. Mais que devient le reste du temps ?
Entrer en loge, c’est se ménager un espace sacré, hors de l’emprise des heures profanes qui rythment le calendrier et le cadran des montres. Le rituel opère alors comme une suspension : il relie passé et futur dans un présent vivant, où l’esprit, l’action et la matière se rejoignent.
L’initié apprend ainsi à se libérer des regrets du passé comme des craintes de l’avenir. Seul compte l’instant présent, où se construit l’action juste.
L’écho dans la vie profane
Mais que vaudrait ce temps symbolique s’il ne trouvait pas son prolongement dans la vie quotidienne ?
Le F∴M∴ n’est pas un contemplatif retiré du monde : il doit porter dehors ce qu’il a reçu dedans. Ses travaux sur la tolérance, la fraternité ou la justice seraient vains s’ils ne se traduisaient pas, dans la cité, par des gestes et des choix concrets.
Son idéal demeure une ambition plus qu’une conquête : il bâtit au présent, nourri par l’expérience des anciens, tout en sachant que l’avenir n’est qu’incertain.
Au-delà des conceptions philosophiques
Le temps maçonnique n’est ni celui des philosophes néoplatoniciens, ni celui des astronomes, ni même celui des physiciens modernes.
Le passé est déjà dépassé, le futur n’est pas encore advenu. Le présent seul est objectif, car il est le lieu de l’action. Il est ce qui persiste, mais aussi ce qui se renouvelle.
Ainsi, pour le maçon, le passé offre des strates d’expérience où il puise ses repères ; l’avenir reste hypothétique, mais il doit habiter le présent avec intensité et responsabilité.
Le temps comme devoir d’agir
Le profane diffère souvent son action à demain. Le maçon, lui, sait que l’heure est toujours au travail. Car bientôt il sera minuit, et il ne voudrait pas quitter ce monde avec le sentiment d’avoir manqué son devoir.
Le temps maçonnique ne se limite donc pas aux heures passées en loge. Il embrasse la totalité de l’existence, où chaque acte doit être empreint de l’enseignement initiatique.
C’est un temps de construction permanente, un temps de cohérence entre l’idéal et la pratique, un temps qui pourrait se définir comme un éternel présent initiatique.
Source : http://www.tolerance-fraternite.ch/index.php
« Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; si je veux l’expliquer à qui me le demande, je ne le sais plus. »





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