Au printemps 1871, Paris vit au rythme de la Commune, cette expérience révolutionnaire née de la défaite française contre la Prusse et de l’effondrement du Second Empire.
Dans une capitale assiégée, les tensions entre le gouvernement de Versailles (dirigé par Thiers) et les insurgés de la Commune s’aggravent jour après jour.
La franc-maçonnerie, très présente dans la vie politique et sociale du XIXᵉ siècle, ne pouvait rester indifférente. Plusieurs loges parisiennes, fidèles à leurs idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité, décidèrent alors de s’exprimer publiquement.
Le Manifeste du 8 avril 1871
Publié le 8 avril 1871, ce manifeste des loges maçonniques parisiennes est un appel à la paix civile et à la réconciliation nationale.
On peut en résumer les points essentiels :
- Affirmation que la franc-maçonnerie est au-dessus des partis, mais ne peut rester silencieuse devant l’effusion de sang.
- Appel aux deux camps (Commune et gouvernement de Versailles) à cesser les combats fratricides.
- Volonté de jouer un rôle de médiateur pour éviter une guerre civile qui ne profite qu’aux ennemis de la France.
- Rappel que la véritable force de la nation repose sur la justice, la liberté et la fraternité.
La démarche symbolique des loges
Dans les jours qui suivirent, des délégations de francs-maçons parisiens, reconnaissables à leurs tabliers et bannières, se rendirent aux portes de Paris pour tenter de s’interposer entre les deux camps.
Ce geste, resté célèbre, fut un des rares moments où la franc-maçonnerie, comme institution, tenta concrètement de peser sur l’histoire politique immédiate.
Portée et postérité
Le Manifeste du 8 avril 1871 témoigne de l’engagement des francs-maçons face aux grands bouleversements de leur temps.
- Il illustre la dimension humaniste de l’Ordre, appelant à l’unité plutôt qu’à la division.
- Il montre aussi les limites de l’action maçonnique : malgré ces appels, la guerre civile se poursuivit, et la Commune fut écrasée dans le sang lors de la Semaine sanglante (21-28 mai 1871).
Ce texte reste néanmoins un jalon important dans l’histoire des relations entre franc-maçonnerie et politique, souvent à la croisée des idéaux et du réel.
