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VERS L’UNION DES FRANCS-MAÇONS…


MISCELLANÉES MAÇONNIQUES par Guy Chassagnard

En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître. 

Chronique 300

1804 – Vers l’union des francs-maçons

Fin octobre 1804, la Grande Loge Générale Écossaise naissante a décidé de nommer à sa tête « son Al­tesse Im­pé­riale le Prince Louis, Grand Connétable de l’Em­pire ». Les frères Auguste de Grasse-Tilly et Jean-Baptiste Pyron ont été, en conséquence, délégués auprès du prince Jean Jacques Régis de Cambacérès, archichancelier. 

Celui-ci leur transmet alors le « souhait » de l’empereur de voir la nouvelle Grande Loge se « rapprocher » du Grand Orient de France ; bref, de fusionner avec lui.

Tout au long de novembre, des tractations informelles sont  menées entre les deux obédiences. Font notamment partie des commissaires, chargés de préparer l’union, les frères Kellermann, Masséna, Roët­tiers de Montaleau, Grasse-Tilly, Pyron, et Bacon de la Chevalerie. 

Il appartiendra au frère Kellermann de soumettre le projet d’union à l’empereur qui le renverra à Cambacérès pour veiller à son application.

En marge des négociations, la Grande Loge Générale Écossaise reconnaît réguliers les travaux de la loge Saint-Alexandre d’Écosse ; enregistre une de­man­de de constitutions de la loge Saint-Na­po­léon d’Écosse ; reçoit une délé­ga­tion du Cercle Oriental des Phi­la­del­phes ; prend acte d’une demande d’affiliation de la Grande Loge de Saint-Domingue et des sept loges de sa juridiction.

Se placent encore sous ses auspices Le Grand Sphinx, Les Amis de l’Épreuve, Le Temple des Muses, La Triple Unité, Le Phénix, La Réunion des Étrangers, Le Patriotisme, pour ne citer que ces loges écossaises « clandestines ».

Le 27 novembre, Joseph Bonaparte (1768-1844) devient grand maître du Grand Orient de France ; son frère cadet, Louis Bonaparte (1778-1846), est grand maître adjoint.

L’événement a lieu le 3 décembre 1804 ; la veille Napoléon Bonaparte a été couronné empereur à Notre-Dame de Paris. Réunis dans l’hôtel particulier du maréchal et frère Kellermann, les commissaires du Grand Orient de France et de la Grande Loge Générale Écossaise entérinent et signent un Acte d’union et Concordat , réunissant dans un seul Ordre maçonnique les mouvances française et écossaise.

Ainsi est rédigé le préambule du document : 

« Le Grand Orient de France, régulièrement assemblé sous le point géométrique des véritables Maçons, désirant les faire participer non seulement aux travaux des ateliers compris dans le cercle dont il est le centre, mais encore leur procurer un accueil certain et distingué dans tous les temples élevés sur la surface du globe, a pensé qu’il convenait de réunir dans un seul foyer toutes les lumières ma­çonniques et à cet effet d’embrasser la généralité des Rites. 

« En conséquence, il déclare qu’il unit à lui les Respectables Frè­res travaillant exclusivement d’après les principes du Rit écossais ancien et accepté.

« En sorte qu’à l’avenir tous les Maçons s’élèveront sans obstacle aux connaissances sublimes, à mesure qu’ils croîtront en âge et en capacité, ils jouiront des avantages d’une unité de régime propre à assurer l’uniformité des travaux dans les loges et dans les chapitres ; à entretenir l’harmonie avec les orients étrangers et à propager les lumières dans les lieux où aucun Orient n’aurait ouvert les travaux de la Sagesse… »

Mais nulle décision humaine ne saurait être parfaite : bientôt naîtra une polémique sur le point de savoir si le Grand Orient de France « unit à lui les maçons écossais », ou s’il « s’unit aux maçons écossais ».

© Guy Chassagnard – Auteur de  :

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A.S.: