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REHFRAM 2016 : des rencontres maçonniques sans langue de bois

Voici un compte-rendu des 24es Rencontres humanistes et fraternelles africaines et malgaches (Rehfram) qui se sont déroulées du 02 au 07 février 2016 à Douala, au Cameroun.

Il a été dressé par le journal « Le Point Afrique » :

Extrait :

C’est bien souvent dans les coulisses et lors des « agapes », une tradition chère aux francs-maçons, que les langues se délient le plus. Les 24es Rehfram, présidées par la Grande Loge unie du Cameroun (GLUC), n’ont pas échappé à cette règle. Mais, loin de la langue de bois, des déclarations officielles invitant les « frères » et « sœurs » à davantage d’actions et de prises de position sur les grands problèmes du continent ont marqué cette rencontre, qui, sur plusieurs plans, traduit un changement par rapport aux éditions précédentes.

Les signes du changement

Premier signe de ce changement, le thème de réflexion retenu pour ces 24es Rehfram : « Face à la montée de l’intolérance et de la violence, francs-maçons d’Afrique et de Madagascar, quels sont nos devoirs envers notre continent ? » Si son approche conserve une dimension philosophique,  il invite aussi les maçons à s’impliquer davantage dans la cité  « pour y faire émerger les principes et les valeurs maçonniques ». Une manière d’appliquer la célèbre maxime : « Poursuivre au-dehors l’oeuvre commencée à l’intérieur du temple ». Et, comme le « dehors » est secoué par des crises de tous ordres, plus question pour le franc-maçon de se taire et de rester inactif. Ainsi, au cours d’une « rencontre initiatique » qui a précédé les travaux et  porté sur « le rôle et la problématique de l’initiation maçonnique dans les sociétés en développement », le conférencier a notamment encouragé les francs-maçons à  intégrer les associations des droits de l’homme et les mouvements citoyens et à animer les luttes menées par ces mouvements pour contribuer au renouveau du continent. « Le maçon doit regarder le monde, sans esprit partisan, ni sur le plan politique ni sur le plan religieux », a rappelé le conférencier.

La question des identités abordée

D’autres points ont été évoqués, comme le tribalisme, qui « gagne même les pays occidentaux », avec la montée des replis identitaires un peu partout dans le monde et la question de la binationalité, qui a failli couper la France en deux lors du débat sur la déchéance de la nationalité française pour les binationaux en cas d’atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ou d’acte de terrorisme. Un projet de loi qui a fortement ébranlé des « frères » binationaux vivant en France. « Sommes-nous des citoyens français de seconde zone ? Cette manière de poser le débat accrédite le repli identitaire en France »,  déplore ce maçon d’origine centrafricaine.  Si la binationalité ne pose pas problème à ce « frère » et avocat camerounais, néanmoins « il n’est pas question de confier à des binationaux des fonctions régaliennes, comme le poste de ministre de la Défense ou des Affaires étrangères », affirme ce dernier, pour lequel l’ambiguïté de  cette double appartenance a été mise en lumière lors de la crise ivoirienne, avec le rapatriement en France de certains binationaux au plus fort de la crise. « Il faut choisir son camp », insiste-t-il.


A.S.: