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Prises de position : Afghanistan – Communautarisme – Castration chimique :

Le Grand Orient de France, la Fédération Française du Droit Humain et la Grande Loge Féminine de France ont pris position en commun sur les thèmes d’actualités suivants :

Expulsion de neuf Afghans et respect des droits de la personne humaine

– Dérives communautaristes

– « Castration chimique »

Expulsion de neuf Afghans et respect des droits de la personne humaine
18 décembre 2009

Les Obédiences signataires fidèles à leur vocation de défense de l’idéal humaniste, sont particulièrement préoccupés par l’expulsion vers leur pays d’origine de neuf Afghans.

Ils rappellent aux pouvoirs publics que ces personnes remplissaient les conditions prévues par l’article L 712-1 du Code de l’entrée et de séjour des étrangers et du droit d’asile pour bénéficier de la protection subsidiaire, compte tenu de la menace grave pesant sur eux en raison de la violence généralisée et du conflit armé que connaît leur pays. Cette reconduite dans un pays en guerre est une violation affirmée du droit imprescriptible de l’homme à pouvoir bénéficier de protection lorsque sa vie est menacée.

Nous demandons aux autorités de l’Etat de surseoir aux procédures d’expulsion en cours et plus généralement de veiller au respect des droits de la personne humaine issus des textes nationaux et internationaux et de renoncer aux expulsions dès lors qu’elles exposeraient la vie d’hommes, de femmes et d’enfants aux faits de guerre, aux atteintes à leur intégrité morale et physique, pouvant aller jusqu’à la mort.

– Dérives communautaristes
17 décembre 2009

Dans le cadre du débat sur l’identité nationale, la Secrétaire d’Etat à la Famille vient de donner semble-t-il sa vision du « bon » jeune français musulman qui, selon elle, ne devrait pas parler le verlan ni porter une casquette à l’envers, comme si ces attitudes étaient spécifiques à une catégorie de jeunes français plutôt qu’à une autre.

Au-delà du caractère totalement déplacé de ces clichés, qui pourrait finir par ressembler à une obsession anti-jeune chez certains responsables politiques, malgré les démentis toujours opportunément apportés dans le seul but de calmer les polémiques, ces propos discréditent un débat qui devrait au contraire prendre de la hauteur.

C’est très précisément parce que ces risques de dérapage lui semblaient bien réels que les Obédiences signataires ont souhaité d’emblée que toutes celles et tous ceux qui sont attachés à la vision universaliste et républicaine de la citoyenneté et à la liberté absolue de conscience, issues de la philosophie des Lumières, ne désertent pas le terrain de la confrontation des idées mais, tout au contraire, portent haut les valeurs républicaines qui nous rassemblent.

Habitués à s’engager dans la vie de la Cité pour la promotion d’une République généreuse, laïque et solidaire, les Francs Maçonnes et Francs Maçons refuseront toujours les dérives communautaristes et refermées sur elles-mêmes comme la conception anachronique d’une Nation niant la richesse de ses flux migratoires et de sa diversité culturelle.

Les Obédiences signataires appellent solennellement tous les élus à se montrer dignes de leurs responsabilités et à rester fidèles aux principes qui ont fait la République et qui sont aujourd’hui universels : Liberté – Egalité – Fraternité – Laïcité.

– Castration Chimique :

15 décembre 2009

A la suite d’un nouveau fait divers, le débat vient d’être lancé sur la « castration chimique » des délinquants sexuels, comme énième mesure potentielle du millefeuille législatif sécuritaire devenu obèse au fil des ans.

Les termes mêmes de « castration chimique » sont particulièrement malvenus puisqu’ils présupposent l’incapacité permanente et absolue d’un individu à maîtriser ses pulsions, en dépit de toute aide médicale et psychologique.

La Commission Nationale de Santé Publique et de Bioéthique du Grand Orient de France s’est penchée sur cette question et a conclu que la « castration chimique » seule ne résoudrait pas grand-chose sur le fond. Elle ne saurait être une peine judiciaire. Elle pourrait être une possibilité thérapeutique proposable à un individu qui doit garder sa liberté de l’accepter ou pas.

C’est pourquoi la Commission Nationale de Santé Publique et de Bioéthique du Grand Orient de France est unanime pour refuser la double peine pour les délinquants sexuels. Seul le suivi médical et psychologique adapté à chaque cas individuel est de nature à permettre un résultat pérenne.

Le Grand Orient de France a eu l’occasion à de multiples reprises de dénoncer l’état indigne des prisons françaises et le manque de moyens consacrés par la République aux lieux privatifs de liberté, et tout particulièrement en matière de suivi médical, psychologique et psychiatrique.

Tant que la prison sera un espace de violence, de négation des droits individuels et de précarité de toutes sortes, la récidive restera un problème entier.

Une société démocratique fidèle aux principes humanistes qui sont ceux de la République française, plutôt que de multiplier les lois de circonstance, se doit de mettre enfin les moyens adéquats pour faire de l’enfermement la juste peine et non le terreau privilégié pour de futures récidives.

A.S.: