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PRINCE HALL, LE MACON NOIR

MISCELLANÉES MAÇONNIQUES par Guy Chassagnard

En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.

Chronique 222

1775 – Prince Hall, le maçon noir

Prince Hall. – Tel est le nom de cet homme, fils d’un marchand de cuirs anglais et d’une esclave affranchie d’origine française ; né entre 1735 et 1738 à la Barbade, dans la mer des Caraïbes. On l’a souvent qualifié d’esclave…

Après une jeunesse sur laquelle on ne possède aucune information précise, Prince Hall exerce la profession de son père dans la ville de Boston. Ses affaires sont si prospères qu’il ne tarde pas à posséder sa maison et sa boutique ; ce qui le rend imposable mais aussi titulaire du droit de vote. Il sera ultérieurement pasteur méthodiste et directeur d’école.

En 1775, alors que la guerre d’indépendance n’a pas encore éclaté, Prince Hall et quatorze autres noirs – nés libres ou affranchis – demandent à être initiés francs-maçons dans une loge de Boston, mais leur candidature est rejetée. 

Ce qui les conduit à se tourner vers la Military Lodge n°441, une loge militaire attachée à un régiment irlandais stationnant à Boston. Dotés des trois grades symboliques, ils fondent (en 1776) l’African Lodge n°1, pour laquelle ils reçoivent de leur loge-mère le droit de se réunir, de défiler en ville le jour de la Saint-Jean, mais pas celui d’initier d’autres frères.

Au terme des combats des insurgents – auxquels Prince Hall est supposé avoir participé – la Loge Africaine demande, en 1784, son affiliation à la Grande Loge d’Angleterre, qui lui accorde des constitutions au matricule 469.

À sa mort, survenue en 1807, au terme d’une vie active de franc-maçon, mais aussi de défenseur profane des droits des noirs, les membres des ateliers afro-américains existants cons­tituent l’African Grand Lodge of North America, bientôt nommée Prince Hall Grand Lodge.

Prince Hall est aujour­d’hui présente dans l’ensemble des États-Unis.

© Guy Chassagnard – Auteur de  :

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A.S.:

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  • Tout à fait d'accord avec Peter BU, la maçonnerie noire, qui n'existe qu'aux Etats-Unis, et que l'on nomme maçonnerie de Prince Hall, illustre ce que l'on peut désigner comme la ségrégation maçonnique américaine.

    Les afro-américains seront entrés dans la maçonnerie américaine, comme les femmes dans la maçonnerie européenne. C'est-à dire via des loges d'adoption qui ont aboutit à des obédiences noirs, tout comme les loges d'adoptions pour les épouses des maçons en Europe ont aboutis à des obédiences féminines.

    Ségrégation maçonnique genré en Europe, ségrégation genré (les femmes étant également exclues des grandes loges américaines) et raciales aux Etats-Unis.

    C'est entrée de minorité (femmes, noirs) se sont faites aux bénéfices d'une autre discrimination, cette fois-ci sociale. Prince Hall a pu faire entrée les noirs dans la maçonnerie américaine parce qu'il était riche, c'était un bourgeois et disposait d'une condition sociale qui le rendait respectable. Tous comme les premières femmes maçonnes en Europe appartenaient à la haute société.

    Il faudra attendre un certain temps, par la suite, avant de voir apparaître la diversité sociale en loge.

  • La franc-maçonnerie des Américains "noirs" avait été créée par des Écossais puis "reconnue" par la Grande Loge Unie d'Angleterre. Cela n'a pas empêché la franc-maçonnerie des Américains "Blancs" de la mépriser et de ne pas la "reconnaître". (Il faut se rappeler que pendant des années la franc-maçonnerie des Américains "Blancs" avait pactisé avec Ku-Klux-Klan !)
    Évidemment, GLUA (UGLE) reconnaît la "maçonnerie blanche" - et ne sait pas bien comment s'accommoder de sa propre règle suivant laquelle elle ne "reconnaît" qu'une seule obédience par État.
    Il semble qu'elle s'apprête à l'abandonner.