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Portraits secrets : les oeuvres maçonniques du frère François-Jean Garneray

Pierre Mollier, directeur de la bibliothèque, des archives et du musée du Grand Orient de France (Musée de la franc-maçonnerie) vient de publier un article intitulé « Portraits secrets : les œuvres maçonniques du frère François-Jean Garneray » dans la Revue des musées nationaux de juin 2011.

La revue des musées de France. Revue du Louvre présente, en cinq numéros par an, l’actualité des musées nationaux et de l’ensemble des musées français. Son sommaire comporte des articles sur des événements marquants (acquisitions importantes, ouvertures ou rénovations de salles), des expositions temporaires, des études sur des œuvres appartenant aux collections publiques françaises et sur leurs restaurations ainsi que sur l’histoire des collections et des collectionneurs.

Jean-François Garneray, en fait François-Jean Garnerey, né à Paris en 1755 et mort à Auteuil le 11 juin 1837, est un peintre français. Fils d’un naturaliste, il entre, grâce à la protection de son père, dans l’atelier de David, dont il devient l’un des premiers élèves en 1782. Il y passe plusieurs années et se lie au maître qu’il assiste dans la réalisation de quelques-unes de ses œuvres1. Il bénéficie donc du titre prestigieux et envié d’« élève de David ». Il expose à presque tous les Salons de 1791 à 1835. Jusqu’à la Révolution, il se présente d’abord comme « peintre en miniature » et son travail portera longtemps la marque de cette première spécialité. Louis-Gabriel Michaud, qui l’égratigne, souligne « son dessin correct et une fidélité peut-être trop minutieuse dans la reproduction des détails […] il réussissait mieux encore dans les études de fleurs, la reproduction des objets inanimés, tels que les monuments et les costumes. Il avait sous ce rapport un talent très réel, qui lui valut, pendant quelque temps, l’emploi de dessinateur à l’Académie royale de musique » . Pierre Larousse lui consacre au contraire une notice élogieuse et rappelle ses œuvres qui ont fait date, comme ce portrait de Charlotte Corday dessiné pendant son interrogatoire. D’abord très marqué par l’influence de son maître, au point que la critique moderne lui a restitué parfois quelques œuvres traditionnellement attribués à David2 – ce qui, soit dit en passant, est un bel hommage à son talent – Garneray s’en émancipera en douceur pour aller vers une peinture moins épique, mais aussi moins austère. Ainsi, sous la Révolution, s’illustre-il par une série de portraits des acteurs politiques qui sont abondamment diffusés par les estampes en couleur du graveur Pierre-Michel Alix (1762-1817). Mais, au début de la Restauration, il sera l’un des pionniers du goût troubadour et suscite la réprobation de son vieux maître. À côté de cette longue et honnête carrière de portraitiste et de peintre d’histoire, il a aussi beaucoup pratiqué la scène familière et intimiste, ne manquant pas d’y placer souvent ce qui paraît être ses deux passions, les chats et la musique. Il eut aussi quelques élèves. Son travail a finalement été un peu éclipsé par la réussite de deux de ses deux fils : Auguste (1785-1824) et Louis (1783-1855), le grand peintre de marine français qui rappelle au début de ses célèbres et pittoresques souvenirs : « Mon père [était un] peintre de genre, dont le nom figure honorablement dans les biographies des contemporains ». Par ailleurs, Jean-François Garneray a été un franc-maçon très actif membre de la loge L’Amitié du Grand Orient de France.

Extrait de l’article de Pierre Mollier :

Pierre Mollier
Portraits secrets : les oeuvres maçonniques du frère François-Jean Garneray

Issu d’une dynastie de graveurs et d’orfèvres, Alexandre- Louis Roëttiers de Montaleau (1748-1808) est connu pour son rôle de dirigeant de la franc-maçonnerie française. Son portrait revêtu de ses regalia maçonniques (musée de la Franc-maçonnerie, Paris) est une oeuvre singulière… mais anonyme. Une enquête dans les archives a permis d’attribuer la peinture à François-Jean Garneray (1755-1837), l’un des premiers élèves de David, dont c’est l’occasion de présenter une courte biographie. Ce tableau n’est d’ailleurs que le premier d’une série d’au moins cinq autres toiles similaires. Ces « portraits secrets », outre la singularité de leur iconographie, remplissaient une fonction particulière, quasiment rituelle dans la loge.

Site de la Revue des Musées Nationaux

A.S.: