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PLANCHE MAÇONNIQUE : LE SILENCE

Lonut, fidèle lecteur de GADLU.INFO a bien voulu partager avec nous une planche intitulée “Le Silence »

Le Silence

Vénérable Maître et vous tous mes bien chers Frères, en vos grades et qualités,

J’avais choisi pour sujet de ma planche le silence. Je l’avais choisi parce que cela m’interpellait d’abord, parce qu’il me semblait abscons, étrange, un non sujet presque. Au départ je me disais qu’une longue planche silencieuse, faite de longs moments de silence profond, entrecoupés de quelques jolis morceaux de musique des étoiles, ferait l’affaire, étant le mieux à même de suggérer ce que beaucoup de mots ne sauront pas faire. J’avais même songé à quelques jeux de lumières pour accompagner le tout. Petit à petit je me suis néanmoins rendu à l’évidence : Il fallait plancher.

Mais tout d’abord, avant d’aborder le silence, une précision : dans ma planche, je vais à plusieurs reprises faire des incursions et des références à la Bible, comme je ferai également référence aux rites des peuples archaïques. Ce ne sera pas en tant que dévot chrétien et encore moins en tant que marabout, mais bien pour essayer de comprendre notre héritage commun, certaines similitudes et les rapprochements que peuvent être mises en avant en l’occurrence.

Aussi, avant d’aborder le silence, il me fallait aborder ce que j’estimais être son contraire, c’est-à-dire la parole. Et quoi de mieux pour ce faire que la Bible ?

J’aborderai dès lors, pour commencer, deux concepts distincts : le couple parole/silence divin, ensuite le couple parole/silence de l’apprenti chrétien, de celui qui attend la parole divine.

Ainsi dans Jean (1 : 1-18) :

« 1 Au commencement était la Parole, et la parole était avec Dieu, et la paroleétait Dieu.
2 Elle était au commencement avec Dieu.
3 Tout a été fait par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle.
4 En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. »

Ou encore, dans le livre de la Genèse, les choses prirent vie après que Dieu ait parlé :

Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.
La terre était informe et vide : il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.
Dieu dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut.
Dieu vit que la lumière était bonne ; et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres.

Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. Ainsi, il y eut un soir, et  il y eut un matin : ce fut le premier jour.

Ces deux brefs passages résument bien ce qu’est la Parole de Dieu. Pour les chrétiens, elle est donc celle qui nous a crée, qui nous fait prendre conscience de qui nous sommes sur terre. La Parole est fondatrice ; la Parole est créatrice. La Parole est là dès le commencement de toute chose. Aussi, si dans la Genèse Dieu semble avoir un pouvoir créateur indépendant ab initio (Il crée les cieux et la terre), pour organiser la Création, il a tout de suite besoin de parler, de nommer, d’organiser. Cela se fait par et de par sa Parole.

C’est en nommant qu’il crée. « la Parole était avec Dieu » et « la Parole était Dieu » veut tout simplement dire que Dieu et sa parole n’en font qu’un. « Il parle et cela est, il commande et cela existe » (Ps 33,9) démontre encore le pouvoir créateur de la parole. On observe donc qu’on rattache à la parole des qualités de création, des qualités divines. La parole donne sens au monde informe. Ce n’est qu’une fois nommés que les choses, les êtres existent, élément commun aussi aux croyances et aux rites des populations traditionnelles, comme on le verra plus loin.

Mais la Bible parle aussi des silences de Dieu :

« Quand je crie, réponds-moi, Dieu, ma justice ! » (4,2)
« Mon Dieu, je t’appelle tout le jour, et tu ne réponds pas. » (22,3)
« Écoute, Seigneur, réponds-moi, car je suis pauvre et malheureux. » (86,9) ; Etc.

Là, il y a une absence marquée de la parole, de la parole divine, et on observe que la panique s’empare tout de suite du monde. Le silence semble assourdissant. Le silence s’apparente en l’occurrence au vide et mène au désespoir. Néanmoins, on remarque très vite que le silence divin représente surtout une réponse, que le silence fait partie du dialogue, recouvre des connotations, est un signifiant, car les conditions préalables à l’écoute, au dialogue ne sont pas remplies des deux cotés et, par son silence même, Dieu le met en évidence. Le silence de Dieu avertit celui qui attend sa réponse quant aux conditions non remplies de l’écoute ; Le silence n’est dès lors pas l’antithèse de la parole, il n’est pas destructeur. Il aide au contraire à aiguiller, à orienter le sujet
vers la parole. La parole est donc consubstantielle au divin, comme à la nature humaine ; Mais le silence aussi. Le silence n’est pas la disparition de la parole ou des qualités créatrices qui s’y rattachent, mais son complément ; N’est pas l’antithèse, mais l’aide indispensable. Il oriente vers l’écoute, il en crée les conditions, il fait sens.

Analysons maintenant les conditions que doit remplir l’apprenti chrétien, en l’occurrence Elie, pour que Dieu lui adresse la parole: « Il y a d’abord la marche,  un itinéraire. Se préparer à entendre une parole du Seigneur exige de la patience et du temps.


 

A.S.: