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Opération « Symbole perdu » …histoire d’un succès ?

« Le Point.fr » revient sur le dernier roman de Dan Brown « le symbole perdu », notamment sur l’histoire d’un succès annoncé et bien orchestré…

La sortie est prévue pour le 27 novembre et il est certain que nous en sommes qu’au début des nombreux articles qui nous attendent sur ce « roman-phénomène »…

Source : http://www.lepoint.fr/culture/2009-11-21/nouveau-dan-brown-operation-symbole-perdu/249/0/397560

Cet homme est une providence pour les éditeurs. Dan Brown, l’auteur du Da Vinci Code, a vendu en vingt-quatre heures plus de 1 million d’exemplaires de son nouveau roman, Le Symbole perdu, aux États-Unis, en Grande-Bretagne et au Canada. Un record absolu pour une fiction destinée aux adultes. Du coup, l’éditeur Knopf Doubleday, une filiale de Random House, a remis sous presse 600 000 volumes qui s’ajoutent aux 5 millions déjà imprimés. Le plus gros tirage de l’histoire pour Random House. Et même si Harry Potter et les reliques de la mort, le septième tome de J. K. Rowling, s’est vendu le premier jour à 8,3 millions d’exemplaires, Le Symbole perdu est de loin le grand événement littéraire de l’année. Cela faisait six ans que les fans attendaient le nouveau Dan Brown. Après le succès prodigieux du Da Vinci Code en 2003, son prochain roman était programmé pour 2005. Mais la date de parution n’a cessé d’être repoussée. Ce qui a porté l’excitation à son comble. D’autant que l’auteur, très avare de publicité, est resté pratiquement muet pendant tout ce temps.

L’une des plus grosses campagnes marketing

À partir d’avril, Random House a fait monter la pression en lançant l’une des plus grosses campagnes marketing de son histoire, à la façon des block­busters de Hollywood. La sortie de ce « Harry Potter pour adultes », comme on l’a surnommé, est entourée du plus grand secret. Pas d’exemplaire de presse, pas d’interview de l’auteur… Quinze jours avant la parution, le patron d’Amazon, Jeff Bezos, ajoute au suspense en écrivant sur son site que les piles de livres sont gardées  » vingt-quatre heures sur vingt-quatre » dans un entrepôt spécial avec un système de sécurité digne de Fort Knox, avec, dit-on, des caméras de surveillance braquées en permanence sur les piles d’exemplaires. Même le sujet du livre est resté mystérieux. L’éditeur a simplement laissé filtrer que Robert Langdon en était encore le héros. L’intrigue se passe à Washington, en douze heures, et a un rapport avec la franc-maçonnerie. Random House plante ensuite son opération promotion à des endroits stratégiques. Pas besoin d’être un « symbologiste » patenté pour les repérer. En mai, à BookExpo America, deux banderoles décorées d’une serrure et de chaînes accueillent les visiteurs avec la mention 9/15/09 : la date du lancement, soigneusement choisie puisque, si l’on additionne les chiffres, on obtient 33, un symbole maçonnique.

Parallèlement, sur le site Internet du livre, un compte à rebours donne les heures, minutes et secondes avant le jour J. Début juillet, l’éditeur dévoile la jaquette, un sceau rouge orné d’un phénix à deux têtes avec le chiffre 33 et, en toile de fond, le Capitole sous un ciel sanglant. Puis, à la rentrée, pendant une semaine, The Today Show, sur la chaîne NBC, révèle des indices sur les sites du roman avant de diffuser la seule et unique interview de Brown, la veille de la sortie du livre. « C’est rare d’entourer le lancement d’un ouvrage de fiction d’un tel secret. En général, cela se produit surtout pour les mémoires, les biographies. C’est encore plus rare de n’avoir qu’un partenaire média « , remarque Ron Hogan, du site Mediabistro, spécialisé dans l’industrie du livre. En revanche, Random House ne lésine pas sur la pub. Placards dans les journaux, les sites Internet, spots radio et, chose rarissime pour un livre, spots télé. Bref, à moins de vivre sur la planète Mars, il est difficile d’ignorer l’événement !

Toujours en tête des ventes deux mois après sa sortie américaine

Et, bien sûr, Knopf Doubleday mobilise aussi les réseaux sociaux. Il a embauché LBi Special Ops Media, une firme de marketing en ligne, qui distille sur Facebook et Twitter des codes à déchiffrer, des devinettes, des anagrammes…  » On a essayé de créer une campagne excitante pour les fans, mais c’était un vrai défi, car nous n’avons pas été autorisés à lire le livre à l’avance  » , explique le chef du marketing Taylor Margis-Noguera. Résultat, les énigmes n’ont pas de rapport avec le livre… Du coup, la veille de la parution, il y avait moins de 5.000 membres sur Twitter, une misère à côté des 4 millions d’abonnés de l’acteur Ashton Kutcher. « C’est difficile d’impliquer les gens quand tout est secret et que l’on n’a rien à dire sur le livre », juge Michael Cader, le fondateur de Publishers Marketplace. Sur Facebook, l’éditeur avait promis de révéler le nom du méchant si l’on atteignait les 100.000 fans. Mais le jour de la sortie, on est loin du compte.

Les autres maisons d’édition, elles, n’ont pas attendu Dan Brown. En 2006, dès que le thème du roman a transpiré, elles ont lancé avant la sortie du livre une multitude d’ouvrages maçonniques : Solomon’s Builders, Le Mythe maçonnique, 101 secrets de francs-maçons et même Les Secrets du symbole perdu. Le syndicat d’initiative de Washington a créé un site spécial sur les traces de Langdon. Des agences de voyages proposent un circuit du Washington maçonnique et le Dupont Hotel offre un séjour « Lost Symbol ». Quel que soit le jugement des critiques sur sa qualité littéraire (et ils ne sont pas très tendres), Le Symbole perdu continue à caracoler en tête des ventes aux États-Unis, deux mois après sa sortie. Va-t-il atteindre les 81 millions d’exemplaires du Da Vinci Code ? Même le professeur Langdon n’a pas la réponse.

A.S.: