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Marc Henri : La Franc-maçonnerie ce n’est pas l’influence mais la Fraternité

Marc Henry, Grand Maître de la Grande Loge de France  (GLDF) était le week-end dernier à Arbois (Jura) lors du Congrés Grand Est réservé au Compagnons de l’obédience.

L’opportunité pour l’éditorial « Le Progrès » de s’entretenir avec la Grand Maître  et dont on peut retenir ceci : « La Grande Loge n’a pas vocation à avoir une très grande influence. Ce n’est pas son rôle. Il s’agit de former des Hommes, de leur donner les moyens de s’ouvrir l’esprit. C’est-à-dire d’avoir un mode de fonctionnement et de réflexion plus large que celui de la société civile. Notre fondation, c’est la Fraternité« 

Voir ci-dessous l’article « Francs-maçons : « Certain nous donnent un pouvoir que nous n’avons pas »« 

Quel est l’objet de votre présence ce week-end à Arbois ?

Nous avons deux journées consacrées aux compagnons, c’est-à-dire le second degré du rite que nous pratiquions. Tous les compagnons du grand Est de la France sont réunis ici pour apprendre à se connaître, à travailler ensemble sur des thèmes très larges à savoir l’initiation et la symbolique en particulier. 

Ce rassemblement s’est tenu dans le plus grand secret. Pourquoi toujours tant de mystère autour de la franc-maçonnerie ?

Ce n’est pas du mystère du tout. Pourquoi faudrait-il annoncer urbi et orbi qu’il y a des compagnons de la Grande Loge qui se réunissent pour travailler ? Non au contraire, on a la volonté d’aller vers les médias, non pas pour recruter des frères mais surtout pour casser une image fausse de la maçonnerie.

Mon antépénultième prédécesseur, Alain Graesel, a été celui qui a ouvert les portes des Temples dans le cadre de journées du patrimoine par exemple. Parce qu’on voulait que le public puisse avoir une information à la source sur ce qu’était vraiment la maçonnerie. Quiconque veut savoir ce qui se passe dans une loge peut le savoir. Le vrai secret c’est celui du vécu. Le second est purement technique : l’initiation est un rite de passage. Les profanes n’ont pas été initiés. Et le secret tient là. 

Pour autant dans vos règlements, interdiction vous est faite de révéler l’appartenance maçonnique d’autrui ?

Oui en effet. Parce que pour certaines personnes, il est impossible de révéler sa qualité maçonnique. Il y a beaucoup de préjugés. Il y a des endroits où il vaut mieux se taire. Certaines personnes nous donnent un pouvoir que nous n’avons pas et que nous ne cherchons pas. On attend parfois des réflexions du type : « c’est noyauté par les francs-maçons ». Évidemment si un maçon est ministre il a le pouvoir d’un ministre. Et comme un maçon est prié de construire le monde ou la société dans laquelle il vit, il va naturellement, s’il en a les capacités, s’investir dans la cité. Cela peut-être n’importe où, au sein des Restos du Cœur ou dans une carrière politique. Où est le problème s’il le fait bien et sincèrement ? Nous avons des règles éthiques qui prévoient que les frères doivent servir et non se servir. 

Êtes vous des gens aussi influents qu’on le dit ?

On aimerait bien peut-être ! La Grande Loge n’a pas vocation à avoir une très grande influence. Ce n’est pas son rôle. Il s’agit de former des Hommes, de leur donner les moyens de s’ouvrir l’esprit. C’est-à-dire d’avoir un mode de fonctionnement et de réflexion plus large que celui de la société civile. Notre fondation, c’est la Fraternité. 

Quelle place le rituel a-t-il aujourd’hui encore dans votre pratique ?

Le rituel c’est ce qui fait le passage entre votre vie quotidienne dite profane et ce lieu très particulier qu’est la loge où vous allez travailler. Ce rituel sert à prendre la distance avec le temps du quotidien pour entrer dans un espace temps différent.

 

L’actualité influence-t-elle ou non vos travaux ?

Pas du tout. Les Loges sont priées de travailler à l’ouverture à l’autre et sur le sens. On est loin du politique au sens quotidien. J’ai trois thèmes sur lesquels je peux prendre la parole au nom de tous : la dignité humaine, les droits de l’Homme et la laïcité. Pour le reste, on ne fait pas de politique. Nous nous interdisons de voter sur des sujets politiques ou religieux.

 Ce qui signifie que l’élection du Pape ne vous inspire pas ?

On considère que les Églises ont leur place dans la société dès lors qu’elles restent dans la limite de ce que la loi de 1905 (Séparation des biens de l’État et de l’église, ndlr) leur impose. C’est une forme de spiritualité, nous en sommes une autre. À partir de là tout va très bien. En espérant que le nouveau Pape dont s’est dotée l’Église catholique va œuvrer dans le même sens que nous. C’est-à-dire vers plus de fraternité entre les État, à la Paix sur la terre et si on va jusqu’au bout de cet idéal, jusqu’à ce que l’Amour règne sur la planète. Ce n’est pas pour demain, mais c’est son rôle et c’est un peu le nôtre aussi.

Propos recueillis par Karine Jourdant


A.S.: