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L’Utopie et la Franc-Maçonnerie

Voici une planche maçonnique sur l’Utopie…le doute qui nous traverse à chaque instant … à chaque moment au cours de notre cheminement maçonnique…

Réflexion historique et initiatique…

Source : http://www.stella-maris-gldf.com/gldf/index.php?option=com_content&view=article&id=1&Itemid=1

Dans une première étape de mes réflexions, je pensais aborder la franc Maçonnerie et montrer que celle-ci n’avait rien d’un rêve, tant il est vrai que pour moi, le terme « utopie » avait une connotation négative.

Mais, après avoir découvert les littératures nombreuses des utopistes, j’ai tout de suite admis que l’utopie devait faire l`objet d’une étude particulière, que constitue une première partie.

Bien entendu, la seconde partie s’imposait d’elle-même.

Au sens moderne du terme, la Franc Maçonnerie ne saurait être une utopie.

En revanche, lorsque la signification du terme utopie renvoie à la littérature des utopistes, la Franc Maçonnerie s’accompagne d’un réel avenir.


L’Utopie

Le terme d’utopie, inconnu des grecs, a été employé pour la première fois dans un ouvrage, rédigé par Thomas MORE en 1516 à Louvain.

Selon lui, le mot signifie « nulle part », un lieu qui n’est dans aucun lieu, une présence absente, une réalité irréelle, un ailleurs nostalgique, une altérité sans identification.

Dans ce texte, il décrit la meilleure des républiques, qu’il situe dans une nouvelle île dénommée « Utopie ».

C’est à partir de Thomas MORE et pendant trois siècles que l’utopie atteindra son paroxysme en occident.

Mais l’Utopie a eu son précédent dans les sociétés gréco-latines.


Les utopies anciennes

HOMERE, dans l’Odyssée, introduit Ulysse dans les jardins d’Alkimos, où les arbres fruitiers se relaient toute l’année pour donner des fruits.

HESIODE évoque la race d’or, sans soucis, sans vieillesse, sans misère.

Homère et Hésiode décrivent une île des bienheureux aux extrémités de la Terre, où règnent festins, sans labeurs, sans violence.

PLATON, lui récupère l’âge d’or hésiodique pour l’articuler sur le mythe de l’histoire des Atlantes et de leur Atlantide.

Platon, également mais dans les dialogues des lois, évoque les détails d’une « cité idéale » en matière de démographie, d’urbanisme, de pédagogie, d’organisation politique, de justice et d’eugénisme.

Dans la tradition gréco-latine, l’âge d’or est un état primordial où les hommes vivent dans la proximité des dieux, pratiquement comme Adam et Eve au jardin d’Eden.

Les temps modernes

Pour beaucoup d’utopistes, en particulier au XIX° siècle, il faut inverser le sens du temps, en plaçant l’âge d’or, ni au commencement, ni à la fin, mais sur terre.

Parmi les écrivains français, figurent FENELON et son Télémaque, VOLTAIRE avec Candide, FONTENELLE avec République des philosophes.

L’utopie serait en quelque sorte un projet imaginaire d’une réalité autre que celle vécue, mais en partant des caractères propres à chacune des personnes concernées.

Contrairement à la tradition prophétique qui prône l’idée selon laquelle le monde ne sera débarrassé du mal, que dans l’avenir, les utopistes, comme d’ailleurs les millénaristes, mouvance chrétienne, estiment plausible cette réalité du bien sous réserve d’être intégrée dans la société, dont ils élaborent leur domaine.

L’utopie prône une imagination constituante.

D’une façon très substantielle, toutes ces utopies, soit littéraires, soit dans l’action, ont un avantage, au regard du sujet à traiter : elles affirment s’appuyer sur les passions des hommes, ici et maintenant, qu’elles estiment, non contradictoires, mais complémentaires.

Certes, dans le langage actuel « utopie » veut dire impossibilité.

L’utopie est donc au sens moderne une chimère, une construction purement imaginaire, dont la réalisation est hors de notre portée.

Or, paradoxalement, les auteurs utopistes ont toujours eu pour finalité de décrire des sociétés idéales tirées de leur propre expérience.

D’après eux, plutôt que d’attendre un monde meilleur dans un au-delà providentiel, les hommes doivent construire une société, pour venir à bout des vices, des guerres et misères.

N’est ce pas là une pensée qui nous ressemble à nous Franc maçon, qui avons foi dans l’amélioration de l’homme.

La Franc maçonnerie est-elle une doctrine sans avenir ?

La Franc-Maçonnerie n’est pas une utopie au sens moderne du terme, c’est-à-dire une chimère sans avenir, sans réelle possibilité d’exister au regard des valeurs qu’elle défend et que les frères pratiquent.

L’initiation

La vie est créatrice de liens et la mort les dissout.

Etre homme, c’est prendre conscience de sa dépendance, comprendre comment cette dépendance peut fonder la liberté. Ce qui est sûr, c’est qu’aucun homme ne vit, sans manifester, par son existence son adhésion à un certain nombre de valeurs.

Ce n’est pas dire que l’individu soit seul à constituer l’ensemble des valeurs, mais en revanche il est le dynamique créateur.

La personnalité se fonde en même temps quelle se reconnait dans les valeurs de la communauté.

l’initiation ajoute une dimension spirituelle tout à fait particulière, qui donnera une force à l’homme, qui aura touché par son vécu à une sorte de renaissance, laissant de côté, tous les métaux particulièrement difficiles à écarter de soi.

L’ordre maçonnique ne fait intervenir aucune révélation de l’au-delà.

La communauté maçonnique est une communauté établie sur la volonté – symbolisée par le serment – de construire la maison de l’homme c’est-à-dire qu’il appartient aux initiés d’aménager l’univers selon la Justice et la Vérité telles qu’ils la vivent.

En effet, la Franc maçonnerie manifeste la volonté de connaître et de vivre selon les lois de l’être humain.

Pour le maçon, même si Dieu existe, ou si le Grand Architecte préside aux travaux, l’homme est l’instrument actif de la création.

Ainsi, la maçonnerie est une société humaine qui considère l’évènement historique sous l’aspect de l’éternité, ce qui en fait une société symbolique, c’est-à-dire qu’elle est l’expression d’une réalité, qui ne se découvre pas immédiatement.

Elle perpétue la libre recherche, le jugement toujours élargi, la certitude toujours dépassée, qui placent l’humanité dans un cadre de l’universel et de l’éternel.

Il est vrai que la maçonnerie élabore une spiritualité, à la fois inspiratrice et aboutissement de recherches collectives et individuelles en matière de relations psychologiques, sociales, cosmiques et métaphysiques.

En effet, le maçon n’a qu’un devoir, celui de réaliser son propre accomplissement afin de se libérer de toute chaîne et de libérer les autres par son exemple.

La Franc Maçonnerie est vraiment destinée à l’harmonie universelle

La Grande Loge de France préserve en son sein les deux idées les plus fécondes issues de la pensée traditionnelle en parvenant à conjuguer harmonieusement deux termes pourtant contradictoires : une spiritualité féconde et une totale liberté de pensée et de conscience.

Deux symboles fondamentaux, le volume de la loi Sacrée et le Grand Architecte de l’Univers, sont la force de l’initié.

Voyons quelle sont leur évolutive pour devenir vraiment universel au temps de la
mondialisation des valeurs pour assurer la justice et la paix grâce à la liberté intérieure des initiés.

Le rituel de départ nous aide à comprendre ce qu’on attend des frères.

Il s’exprime ainsi « que la lumière qui a éclairé nos travaux continue de briller pour que nous achevions en dehors l’oeuvre commencée dans ce temple ».

En réalité, je pense que cette phrase signifie qu’à (issue des travaux de la toge, l’œuvre est imparfaite, il convient de l’achever au dehors.

Ce n’est pas la Lumière de la Loge qui ne peut être exposée aux regards des profanes, qu’il nous faut propager ; mais les valeurs et l’idéal qui brillent dans le coeur de chaque initié afin d’achever son oeuvre personnelle.

Le travail intérieur, poli par la loge, permet de passer de la connaissance à l’action dans le monde.

Tout cela autorise notre volonté de résister à l’oppression, au racisme, à l’intolérance, antichambres des génocides et des crimes contre la dignité humaine.

Est-il chimérique de souhaiter la paix dans un monde où les hommes ont tendance à oublier son atrocité ?

Le voeu de paix me paraît de nature à être intimement lié au travail sur soi et sur le cosmos, que nous voulons, comme les littératures utopiques le déclaraient, sans combat.

Les prix Nobels de la paix sont la preuve que certains hommes consacrent toute leur vie à cette action pacifiste.

Est-il irréaliste de croire à l’amélioration de l’homme ?

Non, l’homme s’améliore et j’en veux pour preuve les pensées parfaitement dignes des auteurs des législations internationales de la défense de la dignité humaine.

La crise financière actuelle met en évidence, d’un côté les comportements fautifs des « traders », mais d’un autre côté le souci très intéressant des gouvernements de propager des règles d’éthique.

Pour conclure, je suis persuadé que notre travail intérieur en loge nous permet d’avoir des comportements de valeur morale positive.

En cela, la franc Maçonnerie n’est pas un rêve impossible, une utopie au sens moderne du terme, avec son caractère péjoratif.

Norbert M. le 17 novembre 2008

A.S.: