L’article bien que succinct évoque le contenu de l’ouvrage, et notamment la partie concernant le « passé » maçonnique de Xavier Bertrand…
Journaliste d’investigation spécialiste des services secrets et du monde arabo-musulman, auteur entre autres, en 2007 de « La vérité sur Tariq Ramadan » et l’année suivante de « L’énigme Oussama Ben Laden », collaborateur au Point, Ian Hamel publie une biographie de Xavier Bertrand.
« J’avais envie de faire autre chose. Je ne suis pas un journaliste politique, mais d’enquête, c’est une bonne expérience » déclare l’auteur. Après huit voyages à Saint-Quentin et une année de travail, les 280 pages du livre étaient bouclées.
Un ouvrage qui sort des sentiers battus, sans langue de bois et sans concession, qui dépeint un français moyen que personne n’attendait et n’a vu venir. Assureur de mobylettes à Flavy-le-Martel en 2004, heureux d’inaugurer une foire aux boudins et de vendre ses fringues sur la braderie de Saint-Quentin, devenu un personnage clé de l’État, puis nommé à la tête de l’UMP. « Rares sont les dignitaires du régime qui ont pris conscience que le vrai pouvoir, en dehors de l’Élysée, est aujourd’hui davantage à la tête d’un parti que dans un ministère, fût-il d’État » écrit Ian Hamel.
Présidentiable
Ce livre politique où les plus hautes sphères du pouvoir sont évoquées, est aussi et surtout l’occasion de se remémorer ou de découvrir l’histoire politique et ses coulisses dans l’Aisne et plus particulièrement la capitale de Haute-Picardie.
De l’arrivée de Xavier Bertrand en qualité d’attaché parlementaire de Jacques Braconnier devenu maire en 1966 après le décès de Pierre Dupuy, à la présidentielle de… 2017. « C’est lui qui s’imposera. Si ce livre n’a qu’un mérite, qu’il soit celui de vous avoir prévenus. Ceux que l’on présentait comme brillantissimes ne l’ont pas vu venir : Copé, Bayrou, Woerth, Strass-kahn, Montebourg… Il aura une expérience de ministre où il s’est plutôt bien débrouillé, et de secrétaire général d’un parti. Il est quelque part incontournable » affirme Ian Hamel.
Maçonnerie : une obédience plutôt à gauche
Pour analyser le parcours de celui qu’il décrit comme travailleur acharné, doté d’une poigne d’acier dans un gant de velours, rusé de la République mais aussi ingrat et opportuniste, Ian Hamel a passé la vie de Xavier Bertrand au microscope. Il donne la parole, en les nommant, à ceux qui le côtoient où l’ont côtoyé, qu’ils soient citoyens lambda, notables, amis, mais aussi fervents adversaires, politiques de droite, mais aussi de gauche : Anne Ferreira, René Dosière, Jean-Pierre Balligand, Jean-Pierre Lançon ou Emmanuel Mousset.
L’outing maçonnique de Xavier Bertrand est lui aussi largement évoqué. L’auteur démontre que l’appartenance de celui-ci à une obédience plutôt classée à gauche, n’a pas favorisé son ascension politique, bien au contraire. Et dévoile même en les nommant, de nombreux « Fils de la lumière ».
Bref, de son « non à Maastrich » en 1992 quand, à l’opposé de Pierre André, jeune RPR, Xavier Bertrand était sur la même longueur d’ondes que son mentor Jacques Braconnier, mais aussi du communiste Daniel Le Meur, au-dessous des campagnes électorales locales, en passant par les règlements de compte dans les couloirs du pouvoir, tout est mis à jour selon l’auteur. Une seule porte reste close : celle de la vie privée. Pas de peopolisation !
Avec la parution de « Copé l’homme pressé » et de « Xavier Bertrand les coulisses d’une ambition », les deux favoris à l’UMP pour 2017 sont en vente. À moins que Dominique de Villepin, qui se verrait bien bouleverser la donne, réussisse son come-back d’ici là.
PRATIQUE
Xavier Bertrand les coulisses d’une ambition aux éditions l’Archipel, 19,95 €
XB : « MEMOIRES DEFAILLANTES »
« Je suis très surpris d’intéresser autant. Je n’avais pas lu la précédente biographie, car j’avais relevé pas moins de cinq erreurs dans les deux pages publiées par Marianne.
Ian Hamel je l’ai rencontré à deux reprises. Je n’ai pas lu le livre, mais d’après ce que j’en sais, les dires de certains témoins ne reflètent pas la vérité. Leur mémoire leur a peut-être fait défaut.
Je crois savoir que Bernard Delair dit de moi que je suis un gros déconneur, cela me plaît bien.
Cela dit, la meilleure façon de dire qui je suis, ce à quoi je crois, mes convictions, mes valeurs et mes propositions, c’est d’écrire moi-même. C’est ce que je suis en train de faire, le livre devrait paraître cette année. Écrire sur soi est un exercice
agréable ».