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LES CONSTITUTIONS DE BORDEAUX – STATUTS ET RÈGLEMENTS DE 1762

MISCELLANÉES MAÇONNIQUES par Guy Chassagnard

En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.

Chronique 189

1762 – Les Constitutions de Bordeaux

Il en est des  Statuts et Règlements de 1762, souvent appelés Constitutions de Bordeaux, comme d’autres documents maçonniques anciens. Le manuscrit original a dis­paru, on ne sait quand, on ne sait où. Il n’en existe donc plus que des copies qui, par leurs différences, prouvent de façon ab­­so­lue leur caractère frauduleux. 

Pourtant, l’idée selon laquelle les Cons­ti­tutions de Bordeaux étaient authentiques a longtemps prévalu. Albert Pike, grand commandeur américain, Albert Gallatin Mackey, son se­crétaire général, figurèrent au XIXe siècle parmi les victi­mes de la « su­per­cherie ».

« Il est prouvé, a écrit Mackey dans son Histoire de la Franc-Ma­­çon­nerie (1906), qu’en 1762 Frédéric le Grand, qui avait pris sous sa protection toute la Maçonnerie d’Allemagne, a établi et promulgué ce qui est depuis connu sous le titre de « Gran­des Constitutions de 1762… » Ajoutant : 

« Les Grandes Consti­tu­tions, rédigées en 1762, ont été ratifiées à Bordeaux, le 25 octo­bre de cette même année, et proclamées comme les lois statutaires de tous les Corps du « Rite de Perfection » dans les deux Hémis­phè­res. »

Le mythe des Constitutions de 1762, prétendument élaborées à Bordeaux, Paris et Berlin, a perduré jusqu’à notre époque. 

Dans aucun courrier, Étienne Morin n’a pourtant fait état de ce document qui a, semble-t-il, été utilisé à son corps défendant et sans doute après sa mort, pour donner une base sta­tutaire à un Ordre du Royal Se­cret en gestation et un Rite écossais ancien et accepté encore à inventer.

Il est, quoi qu’il en soit, à retenir, que les Constitutions de 1762 ressemblent étrangement aux « Règlements généraux » adoptés en décembre 1763 par la Grande Loge de France.

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Il est donc particulièrement intéressant de procéder à une comparaison des Constitutions de Bordeaux de 1762 et des Règlements généraux de la Grande Loge de France :

• 1762 – Constitutions. – Le Souverain Conseil des Sublimes Princes est composé des six Présidents des Conseils, par­ticuliers et réguliers, constitués dans les villes de Berlin et de Paris, le Sou­verain des Souverains, ou son Substitut Général, ou son représentant, à leur tête. 

• 1763 – Statuts et Règlements. – La Grande Loge est composée de tous les maîtres des Loges régulièrement constituées, le Grand Maî­tre ou son Sub­stitut Général, ou son représentant à leur tête. 

• 1762 – Constitutions. – Toutes les affaires portées au Souverain Grand Conseil des Sublimes Prin­ces seront d’abord réglées dans les réunions des con­seils et les règlements en seront exécutoires provisoirement, sauf ratification par [le conseil de] la communication de quartier. 

• 1763 – Statuts et Règlements – Toutes les affaires portées à la Grande Loge seront instruites et réglées dans les Lo­ges de Conseil, et les règlements en seront exécutoires, sauf la ratification par la Loge de communication de quartier.

• 1762 – Constitutions. – Le Souverain Grand Con­seil ne reconnaîtra pour Conseil régulier et Loge de Perfection que ceux pourvus de constitutions à eux délivrées par un Grand Ins­pecteur ou son Député. 

• 1763 – Statuts et Règlements. – La Grande Loge ne reconnaîtra pour loge régulière que celles pourvues de constitutions émanées d’elle.

La conclusion de cette comparaison est évidente.

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© Guy Chassagnard – Auteur de  :

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A.S.:

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  • Vieille erreur de traduction: "Quaterly communication" ne veut pas dire "communication de quartier" (au café du commerce?), mais réunion trimestrielle, voire Assemblée Générale trimestrielle.
    Le terme figure dans les Constitutions de la Grande Loge de Londres & de Westminster, dites à tort d'Anderson. Dans ces statuts, la Grande Loge est composée d'un exécutif: le Grand Maître élu et son "substitut" nommé par lui et d'un législatif, l'assemblée des maîtres et surveillants de chaque loge affiliée ou constituée qui doit se réunir au moins une fois par trimestre d'où le nom de quaterly communication.