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LE ROI ET LA FRANCHE MACONNERIE

MISCELLANÉES MAÇONNIQUES par Guy Chassagnard

En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.

Chronique 232

1781 – Le roi et la Franche Maçonnerie

Que pensait-on de la Franc-Maçonnerie à la cour du roi Louis XVI ?

Peu de documents nous sont parvenus sur l’état d’esprit prévalant Versailles à l’égard ou à l’encontre de la Franche Maçonnerie et des francs-maçons ; hormis cette lettre de la reine, Marie Antoinette, adressée le 26 février 1781 à sa sœur Marie Christine d’Autriche :

« Je crois que vous vous frappez beaucoup trop de la franc-maçonnerie pour ce qui regarde la France ; elle est loin d’avoir ici l’importance qu’elle peut avoir en d’autres parties de l’Europe, par la raison que tout le monde en est.

« On sait ainsi tout ce qui s’y passe ; où donc est le danger ?

­« On aurait raison de s’en alarmer si c’était une société secrète de politique ; l’art du gouvernement est au contraire de la laisser s’étendre, et ce n’est plus que ce que c’est en réalité, une société de bienfaisance et de plaisir ; on y mange beaucoup, et l’on y parle et l’on y chante, ce qui fait dire au Roi que les gens qui chantent et qui boivent ne conspirent pas.

« Ce n’est nullement une société d’athées déclarés, puis­que, m’a-t-on dit, Dieu y est dans toutes les bouches ; on y fait beaucoup de charités, on élève les enfants des membres pauvres ou décédés ; on marie leurs filles : il n’y a pas de mal à tout cela.

­« Ces jours derniers, la princesse de Lamballe a été nommée grande maîtresse dans une loge. Elle m’a raconté toutes les jolies choses qu’on lui a dites ; mais on y a vidé plus de verres encore qu’on y a chanté de couplets. 

« On doit prochainement doter deux filles.

­« Je crois, après tout, que l’on pourrait faire du bien sans tant de cérémonies, mais il faut laisser à chacun sa manière. Pourvu qu’on fasse le bien, qu’importe ? »

© Guy Chassagnard – Auteur de  :

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A.S.:

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  • Ce texte est en trompe-l'œil.

    D'abord parce qu'il ne s'agit pas de la Franc-maçonnerie en général, mais des loges d'adoption. Reconnue par la 8e assemblée générale de 1774 du Grand Orient de France soucieux de centraliser toute la maçonnerie française. Parmi les loges d'adoption , la plus connue est « La Candeur », créée le 21 mars 1775 et installée le 9 mai par le 1er grand maître du Grand Orient de France, le duc de Chartres, prince du sang, Louis-Philippe-Joseph dont l'ouverture d'esprit est bien connue. Sa sœur, la duchesse de Bourbon, en est la Grande maîtresse de toutes les loges d'adoption de France », avant de céder sa charge à la princesse de Lamballe. Cependant la décision prise par l'assemblée opère une mise sous tutelle masculine des « loges des dames » qui ne peuvent plus être que « souchées » sur une loge masculine qui en garantit la régularité et la direction. Les travaux apparaissent dès lors comme secondaires, les sœurs étant convoquées à la fin de la tenue masculine.
    Il n'est donc pas étonnant que la princesse de Lamballe, amie de la reine, sans doute chargée de désamorcer l'hostilité de la monarchie absolutiste à l'égard de la Franc-Maçonnerie, en ait fait à la Reine, un portrait inoffensif.