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BRÈVES RÉFLEXIONS SUR TOUT

Planches, Réflexions | 18 mars 2025 | 0 | by A.S.

Au commencement de tout, tout n’était rien. L’absence pure régnait et tout était éternité et infini. Alors comme aujourd’hui, le Tout était Dieu et Dieu était le Tout. Immuable et absolu. Le principe du Tout opposé au néant s’est produit lorsqu’un point, ce concept géométrique sans dimension, donc sans existence, a explosé. Avec le big bang, le temps et l’espace ont été projetés dans le néant à partir du néant. Et dans le temps et l’espace, habilitées et simultanément confinées par eux, des étoiles, des planètes et des galaxies ont émergé et se sont étendues. Le Tout prit alors la forme de l’Univers, puissance dans l’éternité et l’infini, réalité dans le temps et l’espace.

Brèves réflexions sur tout

La deuxième singularité prodigieuse dans le devenir de Tout s’est produite lorsque la vie a émergé de la matière. Phénomène métamorphique, la matière est, chez Aristote comme chez Einstein, l’expression de lois universelles qui déterminent l’existence selon la possibilité inhérente à la puissance. La vie ne peut naître de la matière que parce qu’elle en est la conséquence logique. Comme les phénomènes universels, la vie s’est projetée dans la matière et a fusionné avec elle pour prendre forme et exister en elle et avec elle.

Face à la diversité de l’espace et poussée par le temps, la vie ne pouvait que s’adapter et s’étendre. Dans ce processus évolutif, la vie a induit une autre singularité aussi spectaculaire, surprenante et inévitable que les précédentes : la pensée. La pensée – ce que les philosophes et les théologiens appellent la conscience – n’a pas inventé les lois universelles ; cependant, il les a observés, les a écrits et les a formulés. C’est donc par la pensée que l’évolution, le Tout, a pris conscience de sa propre existence. Introspection du Tout, la pensée est simultanément ce Tout.

L’homme, projection suprême de la pensée, invente et analyse, suppose et spécule, sent et raisonne, aime et séduit, conspire et déteste, construit et détruit, se souvient du passé et projette le présent. Et, à force de penser autant à l’Univers, il se projette dans ses pensées à travers ses pensées. Cette capacité d’abstraction, si sublimement traduite en nombres, fait que l’Homme, qui est un animal, l’est de moins en moins. Et chaque individu, de plus en plus, est Homme dans sa totalité.

Il est certain que l’Homme développera des artefacts de plus en plus dévastateurs et, ne nous y trompons pas, il les utilisera. Sachant souvent ce qu’il fait, comme Paul Valéry, l’Homme ne sait jamais ce qu’il fait ni ce qu’il fait. Pour cette raison, vous finirez par dépendre de vos propres actions et créations ; Le Méphistophélès de Goethe nous le raconte. Cependant, malgré ces revers et bien d’autres, il est probable que l’Homme persistera. Comme la Lumière est l’ombre de Dieu, l’Homme est la projection du Tout. Pour cette raison, il est probable qu’il persiste même au-delà de l’extinction de notre soleil, probablement jusqu’à la fin de l’espace et du temps.

L’itinéraire est donc tracé. Pas en termes absolus, bien sûr, mais en termes de ce qui est possible et, selon les circonstances, probable. Et c’est précisément à ce carrefour que se situe le drame de la condition humaine. Face à l’impossibilité de prévoir l’avenir, l’Homme se prive de sa capacité à identifier la possibilité et à influencer la probabilité. La persévérance étant divinement assurée, l’homme vit la vie pour sa durée. Comme le Juif errant, mais sans malédiction divine.

Nous tous, libres et cultivés, à la fois ses héritiers et ses ancêtres, avons le devoir de libérer l’Homme. Il nous appartient d’agir, à chaque instant, afin de favoriser les possibles événements prévisibles qui favorisent la condition humaine. Notre mission consiste à élever la pensée active sur la pensée passive, la détermination sur l’apathie, l’amélioration individuelle sur l’indifférence générale, le bien sur le mal. Cette très brève excursion dans Tout sert à expliquer les desseins qui m’ont amené à Vous il y a environ un an. Le passé étant justifié, il ne me reste plus qu’à m’efforcer d’être à la hauteur des attentes.

J’ai dit, Vénérable Maître

tintin – A:. M:. – R:.L:.M:.A:.D:.

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