GADLU.INFO compte un nouveau contributeur en la personne de Jérôme Touzalin.
Il nous offre aujourd’hui un texte Le compas et le goupillon …
Le compas et le goupillon
On sait, et singulièrement en France, que dès les origines, la Franc-maçonnerie et l’église catholique apostolique et romaine se sont regardées en « saints » de faïence… pourrait-on dire. Et c’est bien dommage car s’il y avait chez les francs-maçons un goût pour la liberté de l’esprit, il n’y avait pas pour autant l’intention de nuire à l’Esprit Saint… D’ailleurs les Constitutions d’Anderson qui sont toujours, pour beaucoup, la référence princeps, ne recommandent-elles pas de croire en Dieu… notre fameux Grand Architecte de l’Univers.
Très vite Rome a manifesté sa désapprobation à l’égard de ses « fils » trop « frères » à son goût. La rupture a été consommée brutalement. L’excommunication des Francs-maçons est tombée le 24 Avril 1738, sous l’autorité du Pape Clément XII, et les « Catholiques-Maçons » qui tout en fréquentant leur loge préférée en semaine, voulaient continuer d’aller à la messe le dimanche et de surcroit y communier, se sont vus contraints de se montrer discrets, et mieux encore secrets. Nos amis anglais « inventeurs » de la Franc-maçonnerie, ne se sont pas sentis concernés puisqu’ils ne commerçaient plus, depuis quelques lustres déjà, avec les « Papistes ».
A cette même époque, en France, la culture était encore peu répandue dans la population… l’on ne savait guère ni lire, ni écrire, il fut donc facile de propager les assertions les plus calamiteuses sur la Franc-maçonnerie… messes noires, pactes avec le diable, blasphèmes, autant d’ahurissantes inventions propres à satisfaire des cerveaux enclins à être sous l’emprise des superstitions les plus folles… et bien utiles pour garder ses ouailles près de soi.
Depuis, si on laisse de côté les irréductibles et inventifs conspirationnistes, on a fait litière de ces affirmations insensées… mais il demeure toujours un bien large fossé entre le parvis de l’église et le pavé mosaïque du temple.
Le 20 Mai 1917, le canon 2335 est venu réaffirmer la position négative des autorités religieuses romaines à l’égard de la Franc-maçonnerie.
Aujourd’hui, cependant, nous ne sommes plus face aux lourdes portes verrouillées par l’excommunication originelle car un nouveau canon (1374) a été édicté en 1983 qui ne fait plus mention de la Franc-maçonnerie, mais il semble que ce « canon » ne se soit pas fait entendre de tous, car d’éminents prélats continuent de tenir pour absolument incompatible la fréquentation conjointe de « la maison du Père » et celle «des enfants de la veuve».
La Grande Loge Traditionnelle et Moderne de France a donc entrepris, depuis quelques années, une démarche active auprès des autorités Vaticanes. Appliquant en cela l’un des grands préceptes maçonniques qui est l’esprit de tolérance : si des Francs-maçons, regardent avec respect des hommes qui veulent accomplir le projet de Dieu, ils espèrent, en retour, être considérés avec la même révérence dans leur propre parcours.
Il ne s’agit ni d’une lutte de pouvoir, ni d’une confrontation intellectuelle, ni d’entrer dans le giron d’une quelconque autorité spirituelle, le « Maçon » demeure un homme libre. Dans le monde de l’esprit il y a de la place pour tous ceux qui veulent, pacifiquement, œuvrer pour le bonheur de l’humanité… Il s’agit donc que les Francs-maçons soient tenus pour ce qu’ils sont, des hommes qui respectent les diverses spiritualités et recherches intellectuelles et qui entendent, en retour, être tout autant respectés.
Des échanges, au plus haut niveau, ont lieu avec le Vatican qui laissent entrevoir, une approche sensiblement plus compréhensive puisqu’un récent courrier de la G.L.T.M.F. traitant de ce sujet, adressé au Pape, a été officiellement transmis à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, compétente pour statuer en ce domaine.
Cependant, « Il y a loin de la coupe aux lèvres », disait-on, jadis, chez les antiques Romains… Nous ne sommes pas dans la célérité du temps profane et ne sommes pas au terme de nos efforts. Mais l’heure apparaît comme étant plus au dialogue qu’à la poursuite d’une farouche et obstinée opposition… Continuons.
R.F. Jérôme Touzalin – 12/04/2015 – Grande Loge Traditionnelle et Moderne de France (G.L.T.M.F.)
Belle planche en effet .Cependant l’espoir est une tromperie.Le Vatican n’a aucun intérêt à modifier quoi que ce soit.Pour complaire à quelques milliers de FM catholiques il amoindrirait son emprise sur des millions d’autres,opposants à la FM et modifierait sans bénéfice son Histoire.
Le temps travaille pour lui,(voir ce qu’il en a fallu pour Jeanne d’Arc) d’autant que, pour les mêmes motifs, garder pour chacune d’elles la prétention de « détenir la Vérité (?) » les autres religions .sont promptes à condamner la petite FM qui a l’outrecuidance de vouloir discuter de spiritualité et d’égalité.
Pourquoi demander à une institution d’être autre chose qu’elle-même ? L’Eglise catholique romaine décide, elle en a le droit, qu’elle interdit la double appartenance (en résumé). Elle le fait en pleine application de ses règles, de ses usages et de ses principes. Ce faisant, les francs-maçons qui sont des adultes responsables choisissent : se rattacher à une tradition qui exige l’exclusive, ou cheminer en dehors d’elle. Voyons-nous des maçons du GODF se lamenter et exiger la reconnaissance de la GLUA ? non, parce qu’ils reconnaissent à cette dernière le droit d’édicter ses principes de base. Nous voyons pourtant des maçons vouloir la reconnaissance de Rome, sans en accepter la première conséquence : le magistère. « Changez les règles du salut pour que je puisse être sauvé » ne me paraît pas un raisonnement entendable.