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« A moi les enfants de la veuve » par Christian Paturel…???

« A moi les enfants de la Veuve« est un texte paru dans « La Tribune Libre de Christian Paturel« . Un bien curieux texte à vrai dire que son auteur présente de la sorte « un appel au secours, accompagné d’une position particulière des mains et des jambes, permet aux francs-maçons en danger de se faire reconnaitre de leurs « frères »« 

Qui est Christian Paturel ? Il se présente sur son site de la sorte  » ancien avocat et Témoin de Jéhovah. Il a été amené à défendre son église à plusieurs reprises dans les années 1990. Il témoigne ici avec calme et simplicité de multiples péripéties et souffrances dans sa confrontation aux organismes anti-sectes et aux rouages de la Justice française jusqu’au jugement rendu par la cour européenne des droits de l’homme, en 2005, condamnant la France pour violation de la liberté d’expression. »

Un curieux texte donc d’un auteur tout aussi curieux que je vous laisse découvrir….

Source : http://christianpaturel.com/

« A MOI LES ENFANTS DE LA VEUVE »

(Cet appel au secours, accompagné d’une position particulière des mains et des jambes, permet aux francs-maçons en danger de se faire reconnaitre de leurs « frères »).

Un tel danger existe-t-il à notre époque où l’humanité est traversée par une crise de civilisation qui se double d’une crise économique, sociale, financière, politique sans précédent ?

Au sein de cette tempête, les positions adoptées par certaines obédiences maçonniques soulèvent interrogations et inquiétudes.

Evoquons une période noire de notre histoire de France, à savoir l’Occupation de 1940 à 1944 durant laquelle sévit le régime de Vichy. Ce régime a promulgué des décrets odieux qui semblent aujourd’hui être une source d’inspiration pour certains élus, commissions parlementaires, structures étatiques (Miviludes…), obédiences maçonniques…

Visitons un peu cette triste époque durant laquelle des hommes, des femmes et des enfants ont cessé d’être des citoyens français à part entière, voir même d’être des humains et ont été mis au ban de la société :

– Le 16 juin 1940, la débâcle des armées françaises conduit à la démission du gouvernement Paul Reynaud. Ces évènements permettent au Maréchal Pétain d’accéder au pouvoir.

– Dès le 13 août 1940 une loi dissous les « sociétés secrètes ». Tout comme « les sectes » cette notion n’est pas définie, mais peu importe, la liberté d’action des ennemis de la liberté n’en sera que plus grande….

– Une précision, s’agissant des chrétiens Témoins de Jéhovah, leur dissolution en tant « qu’association étrangère » avait été prononcée dès la mi-octobre 1939 par le ministre de l’intérieur. Le Béthel est liquidé, l’activité d’évangélisation interdite. De nombreuses arrestations interviennent, principalement dans le Nord et en Alsace. Les Témoins de Jéhovah entrent dans la clandestinité.

– Le 19 août un décret déclare la nullité des organisations suivantes : le Grand Orient et la Grande Loge de France.

Les fonctionnaires doivent alors, déclarer sur l’honneur, qu’ils n’appartiennent pas (où ont cessé d’appartenir) à une « société secrète ».

– Le 3 octobre, le drame juif se met en place avec la promulgation du « statut » (sic) des Israélites qui leur interdit de nombreuses professions et tout poste de responsabilité dans la fonction publique…Cette discrimination se poursuit avec l’édiction du deuxième « statut » (sic) des Juifs, le port obligatoire de l’étoile jaune le 28 mai 1942, la rafle du Vel’d’Hiv le 16 juillet 1942, la déportation et l’assassinat dans les camps de concentration allemands.

– Le 11 août 1941 parait une seconde loi antimaçonnique qui ordonne la publication au journal officiel des noms et rangs de tous les dignitaires et hauts gradés (en réalité, la quasi totalité des francs-maçons est concernée par cette mesure puisque que la notion de « haut gradé » s’applique dès le 3è grade). Une liste de 18000 noms, établie par un « Service des sociétés secrètes » (une administration d’Etat fonctionnant avec des crédits publics ! « Toute ressemblance avec des structures existantes serait purement fortuite… »), est publiée. Elle est suivie de nombreuses autres. Ainsi, après la collaboration du gouvernement de Vichy au régime nazi, la population est incitée à se souiller dans la délation. Par ailleurs, les dignitaires et hauts gradés maçonniques se voient interdire tout mandat électif et toute fonction publique. Environ 3000 d’entre eux doivent démissionner.

– Ces listes établies, la suite était inéluctable. Plus de mille Maçons sont déportés. Plus de cinq cent sont fusillés ou meurent en déportation dans les sinistres camps de la mort aux noms tristement célèbres : Dachau, Buchenwald, Mauthausen… Leurs infortunés compagnons de misère sont les Juifs, les Témoins de Jéhovah, les Tziganes, les résistants, les homosexuels, les Slaves…

– En mars 1943 le film « Force occultes » est projeté en France. Ce film, subventionné par l’occupant allemand, tente de dresser la population contre les Maçons accusés d’avoir déclenché la guerre (le fameux « complot maçonnique »). Pour la propagande hitlérienne, tous les moyens sont bons pour discréditer cette organisation et entretenir un climat de méfiance et de haine.

Voici où conduit l’exclusion, la discrimination, l’intolérance et la bêtise criminelle de l’homme. Le « fichage » des victimes et la mise en place de structures étatiques particulièrement monstrueuses : le commissariat aux questions juives, le SSS (service des sociétés secrètes), le SAD (service des associations dissoutes), le SR (service des recherches) contribuèrent activement à ces drames.

Faut-il aujourd’hui reproduire de telles erreurs ? Faut-il être fataliste et considérer avec Montherlant que : « L’histoire, comme une idiote, mécaniquement se répète » ?

Examinons les dernières propositions de la Miviludes  appuyées par les prises de position officielles de la « maçonnerie dure » (notamment : le Grand Orient de France, la Grande Loge Féminine de France, la Grande Loge Mixte), celle qui tourne le dos aux valeurs fondamentales traditionnelles de cette organisation :

1°/ Accentuation de l’action discriminatoire (et peut-être répressive compte tenu des précédents historiques précédemment évoqués) contre les « nouvelles » minorités religieuses, philosophiques, thérapeutiques, culturelles.

Abandonnons le terme « nouvelles », car s’agissant des Témoins de Jéhovah il prête, s’il était encore possible, à sourire. Leur implantation en France est antérieure à la loi du 9 décembre 1905. Par ailleurs, la « nouveauté » n’implique nullement la dangerosité et le trouble à l’ordre public.

N’utilisons plus le terme chargé d’hypocrisie de « dérives sectaires » imaginé pour des raisons de pure opportunité afin d’arranger et d’embellir la « vitrine » de la France  vis-à-vis de l’étranger (Conseil de l’Europe, Cour européenne des droits de l’Homme, OSCE, Département d’Etat américain…).La « vitrine » ; en supposant qu’elle soit devenue présentable, ne cache nullement « l’arrière boutique » dans laquelle s’agitent quelques fossoyeurs des libertés publiques.

2°/ Mise en place d’outils au service de ce sinistre projet.

Ces outils sont variés et non exhaustifs. Les pourfendeurs de liberté sont très imaginatifs en ce domaine, dommage qu’une telle énergie créative ne soit pas mise au service de causes plus nobles et urgentes : appauvrissement, drogue, cités, chômage, crise économique et sociale, projet de société…

Selon le dernier inventaire, la « caisse à outils » de ces bricoleurs de libertés comprendrait :

L’établissement d’une liste de plus de 500 mouvements.

L’idée n’est pas nouvelle. Vivien, qui n’est pas spécialement une référence, a déposé des droits d’auteur sur cette méthode il y a plus de 20 ans. Bien avant lui le fichage (voir ci-dessus) a fait ses preuves. Il est vrai  que la franc-maçonnerie a fait œuvre de pionnier en la matière avec l’affaire des fiches en 1904 dans laquelle le Grand Orient a été impliqué. Rappelons brièvement les faits :

Le général André, ministre de la guerre, est accusé de tenir des fiches sur les « bons » (le fichier Corinthe) et les « mauvais » (le fichier Carthage) officiers français. La carrière de ces derniers était commandée par la teneur des informations glanées à leur sujet. Comment était alimenté ce fichier ? Excellente question ! Les loges maçonniques vont apporter leur concours et fournir des renseignements détaillés sur les convictions politiques et religieuses de… 27000 officiers français. Les renseignements recueillis étaient centralisés sur des fiches tenues au Grand Orient de France.

(Remarque : selon le n° 256  de juillet-août 2001 de la revue « Histoire », le général André était Franc-maçon. Mais, selon la revue « Historia » n° 93 de janvier-février 2005, il était « non maçon »).

Destinataires de cette liste.

Cette liste sera mise à la disposition des autorités publiques : ministères (justice, police, gendarmerie…), élus nationaux et locaux, collectivités locales (communes, départements…)

Finalité et utilité de cette liste.

Ne nous méprenons pas, elle permettra de prendre des « décisions » qui seront lourdes de conséquences sur la vie, les droits, la carrière… des personnes concernées.

Les maires la consulteront pour attribuer un permis de construire pour une salle de culte (les abus commis depuis de nombreuses années à l’encontre des Témoins de Jéhovah ont pourtant donné lieu à une abondante censure jurisprudentielle), pour autoriser la location d’un équipement public (le maire maçon de Lyon Gérard Collomb, a refusé à plusieurs reprises la location du stade Gerland aux Témoins de Jéhovah. Le juge administratif a condamné ces discriminations)…

Les présidents de conseils généraux s’y référeront lors de la délivrance des agréments d’assistantes maternelles et d’assistantes familiales (voir pour un exemple familial vécu l’article « un décalage d’Eure au niveau de…la liberté religieuse »).

Les magistrats n’auront plus à poser au prévenu la question : « êtes-vous Témoin de Jéhovah ? » (j’ai vécu une telle expérience devant la 17è chambre correctionnelle de Paris à propos du livre « sectes, religions et libertés publiques ». Fort heureusement, la Cour européenne des droits de l’homme, dans son arrêt du 22 décembre 2005, a censuré de telles pratiques). Il suffira désormais aux juges, s’ils le souhaitent, de consulter le « fichier ». La justice sera t’elle fonction de l’appartenance religieuse du «futur condamné » ? Pourtant, les magistrats ne –ils pas sont sensés rendre une justice laïque ?

Les policiers non respectueux de leur déontologie (ce qui n’est pas une vue de l’esprit, voir l’article « le sacre de Reims ») penseront avoir une « base légale » pour leurs dérives (admises car n’étant pas, aux yeux de certains bons penseurs, « sectaires »).

Les conséquences, nous le voyons, seront multiples et particulièrement inquiétantes.

Des catégories entières de citoyens vont se voir interdire l’exercice de certaines professions, l’entrée dans la fonction publique… La réduction, voire la suppression, de leurs droits civils et politiques les transformeront en « sous-citoyens ». Ce funeste projet ne vous rappelle-t-il pas certaines mesures édictées à l’encontre des Juifs, des Francs-maçons, des Témoins de Jéhovah (encore eux ?) durant la période noire de l’Occupation et du régime de Vichy ?

Il est particulièrement étonnant ? Regrettable ? Triste ? Honteux ? Désolant ? De constater que parmi ces victimes, l’une d’entre elles n’a rien compris. Qui plus est, elle empoigne le « relais » de la honte et participe activement à la course à la tyrannie dans laquelle sont engagés tous les ennemis de la liberté. Et quelle course ! La Révolution a connu la loi sur les suspects, l’empire napoléonien n’a guère brillé par son libéralisme, la Commune de Paris s’est achevée dans un bain de sang, l’affaire des fiches de 1904 fit tâche dans la Troisième République des « Jules », les lois de 1940-1941 ont été marquées du sceau de l’infamie, les rapports Vivien-Guyard et compagnie …n’atteindront jamais, jamais, jamais le niveau de conscience universelle des écrits qui jalonnèrent « Le Siècle des Lumières ».

Les projets qui hantent certains idéologues font plutôt entrevoir la nuit, une nuit bien sombre.

J’ai connu de nombreux Francs-maçons au cours des quarante dernières années. Lorsque j’animais des clubs de boxe française, je comptais parmi mes effectifs de très nombreux Francs-maçons attirés, voire passionnés, par l’apprentissage de la canne et surtout du…bâton, cette technique de défense qui était utilisée par les compagnons lors de leur « tour de France » (la série télévisée « Ardéchois cœur fidèle » a illustré cette époque). J’ai établi avec tous ces maçons des liens solides basés sur l’amitié, la tolérance et le respect pour les nobles idéaux défendus par cette « grande fraternité. »

Aujourd’hui, j’avoue ne pas comprendre la lutte menée par certaines obédiences à l’égard des croyances, des pratiques, du mode de vie « de l’autre ».

Francs-maçons, revisitez votre histoire et songez:

– A Francis Drake qui énonça en 1726, pour la première fois, les trois principes maçonniques : « la vérité, la bienfaisance et l’amour fraternel »

– A la Déclaration d’Indépendance américaine à laquelle participèrent une cinquantaine de maçons sur les 56 signataires : Georges Washington, Benjamin Franklin… Déclaration qui proclame : « Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont crées égaux, ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur ». Déclaration qui fait référence au « Dieu de la nature », au « Créateur », le Dieu des philosophes, le grand ordonnateur de l’univers.

– A vos symboles. Le compas qui évoque la justice, la tempérance, la prudence. L’équerre liée à l’ordre, l’œil qui représente « Le Grand Architecte de l’Univers », le triangle qui renvoie à la trilogie républicaine : « liberté, égalité, fraternité », la truelle  qui rappelle deux vertus : la tolérance et la bienveillance, l’épée attachée à la justice et à la vérité…

– La guerre engagée contre le « droit à la différence » ne vous conduit-elle pas à tourner le dos à vos valeurs, vos grandes certitudes, vos principes ? N’avez-vous pas le sentiment de rompre « la Chaîne d’Union » qui, à travers les siècles, vous lie aux maçons du passé : La Fayette, Jean Zay, Jules Ferry, Lamartine, Arago, Bartholdi, Diderot, Jules Vallès, Jean Baptiste Clément (« Le temps des cerises »), Eugène Pottier, Louise Michel, James Anderson, Gambetta, Pierre Mendès France (bien que ce dernier, en 1945, n’ait pas rejoint sa loge)…

« Ne souhaitons pas que tout le monde pense comme nous.
L’uniformité des sentiments serait odieuse »

Anatole France

(Discours au banquet des rabelaisants)

Christian PATUREL

A.S.: