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VENGEANCE ET JUSTICE EN FRANC-MAÇONNERIE


Vengeance et Justice  en Franc-maçonnerie.

Une contribution de la Grande Loge Indépendante de France (GLIF)

La Justice et la Vengeance Divine poursuivant le Crime, 1808 (musée du Louvre)  de Pierre Paul Prud’hon.

Hébreux 10:30 : Oui, nous connaissons celui qui a dit : « À moi la vengeance. Je donnerai à chacun ce qu’il mérite ! » Il a dit aussi : « Le Seigneur jugera son peuple. »Nahum 1:2 L’Eternel est un Dieu jaloux, il se venge; L’Eternel se venge, il est plein de fureur; L’Eternel se venge de ses adversaires, Il garde rancune à ses ennemis.


A l’exception notable d’Aristote et de Nietzsche, la vengeance a peu inspiré les philosophes qui l’ont souvent condamnée comme une passion irrationnelle. En revanche, elle a fasciné dramaturges, romanciers et cinéastes tant elle permet de raconter des histoires marquées par une ambivalence tragique où l’homme est à la fois victime et coupable. La Bible a beaucoup de choses à dire au sujet de la vengeance. Les termes hébreux et grecs traduits par « vengeance » et « se venger » sont liés à l’idée de châtiment, ce qui est crucial pour comprendre pourquoi Dieu se réserve le droit de se venger.Le verset-clé qui illustre cette vérité se trouve dans l’Ancien Testament et est cité deux fois dans le Nouveau. Dieu dit : « C’est à moi qu’appartient la vengeance, c’est moi qui leur donnerai ce qu’ils méritent quand leur pied trébuchera ! En effet, le jour de leur malheur est proche et ce qui les attend ne tardera pas.» (Deutéronome 32.35, Romains 12.19, Hébreux 10.30)Dans la Genèse de l’Ancien Testament il est dit : « car je suis le Seigneur notre Dieu, le Dieu fort et jaloux, qui venge l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la 3ème et jusqu’à la 4ème génération.. » Contrairement à nous, Dieu ne se venge jamais avec des motivations impures, mais pour punir ceux qui l’ont offensé et rejeté.Nous pouvons cependant prier pour demander à Dieu d’exercer sa vengeance sainte et parfaite contre ses ennemis et de venger ceux qui sont opprimés par le mal. Dans le Psaume 94.1, le Psalmiste (Auteur de psaumes) demande à Dieu de venger les justes, non par sentiment vindicatif incontrôlé, mais comme une juste rétribution de la part du juge éternel dont les jugements sont parfaits. La Bible ne contient que deux passages qui disent de Dieu a permis ou permet à des hommes d’exercer sa vengeance en son nom. L’Éternel dit à Moïse : « Venge les Israélites des Madianites (sont nommés pour la première fois dans la Genèse (XXXVI, 35); elle raconte qu’ils furent battus, dans le pays de Moab). Ensuite, tu iras rejoindre les tiens », et les chrétiens doivent se soumettre aux autorités que Dieu a établies au-dessus d’eux, car ils sont ses instruments pour « punir ceux qui font le mal » (Pierre 2.13-14).Renouvellement de l’alliance 32.1-35.3 Vengeance de Dieu ou de Moïse ?«Voici ce que dit l’Eternel, le Dieu d’Israël: Que chacun de vous mette son épée au côté. Traversez et parcourez le camp d’une entrée à l’autre et que chacun tue son frère, son prochain, son voisin.» Les Lévites firent ce qu’ordonnait Moïse et 3000 hommes environ parmi le peuple moururent ce jour-là. (Exode 32.1-29)Comment peut-on justifier l’immoralité d’un tel geste ? Comment Moïse ou Yahvé peut-il exterminer 3000 Hébreux dont le crime est d’avoir adoré un veau d’or (certainement la représentation d’Apis dieu vivant égyptien).


Elle est aussi dans Le Coran : « si vous vous vengez, que la vengeance ne dépasse pas l’offense. » La tradition stoïcienne fait de la colère une passion violente opposée à la raison, une passion aveugle. Quant au christianisme, il la classe parmi les péchés capitaux car elle se place à l’exact opposé de l’humilité, cette vertu qui correspond à la nature de Jésus dans le récit évangélique. À l’inverse d’Aristote qui pensait, rappelons-le, que la colère est une passion naturelle et que la vengeance n’est pas à bannir absolument si elle n’est pas irascible et disproportionnée, en bref qu’il peut exister une juste colère, Sénèque dans le De clementia y voit un vice de l’âme et prétend que l’homme ne doit pas se laisser affecter par les offenses mais s’astreindre à les mépriser.La vengeance est-elle « douce » au cœur, comme l’écrit Lord Byron dans son Don Juan ? Médée, Hamlet, Edmond Dantès… La littérature regorge de héros vengeurs, oscillant entre les statuts de victime et de bourreau. Si Baudelaire parlait de la vengeance comme d’une « éperdue aux bras rouges et forts », c’est bien parce qu’il entre en elle une dimension tragique à laquelle la nature humaine parvient difficilement à échapper. Qui cache sa colère assure sa vengeanceUn peu d’histoireC’est pourquoi, je vais tenter de décrire et de comprendre ce désir vindicatif.Sekhmet (la puissante) est une déesse de la mythologie égyptienne. Elle est représentée par une femme à tête de lion portant le soleil; de sa bouche de lionne sortent les vents du désert. Déesse guerrière personnifiant les ravages du soleil. Elle est l’instrument de la vengeance de Rê contre l’insurrection des hommes. Son corps brûlant et ses flèches incandescentes détruisent les ennemis du roi.Elle apporte les maladies par ses miasmes. Rê dut lui faire préparer un breuvage spécial pour apaiser sa soif de sang. Cependant, l’initié peut gagner ses faveurs à condition de vaincre ses propres peurs; car malgré sa violence, la déesse a le pouvoir de guérison, ce qui l’a consacrée déesse des médecins .Épouse de Ptah et mère de Néfertoum dans la triade Memphite

La déesse Sekhmet
Dans de multiples sociétés la vengeance a été institutionnelle, et, sous bien des formes, l’instrument de réparation des torts subis.
La loi du Talion (Cette expression provient de la « Loi du Talion », qui apparaît en 1730 avant JC dans le code d’Hammourabi, alors roi de Babylone. Cette loi incitait à la vengeance individuelle, à condition que la peine soit identique au crime commis  est d’ailleurs une tentative de rapprocher la vengeance de la justice, en faisant en sorte que la riposte infligée au coupable soit équivalente au dommage subi par la victime, et ne dépasse pas ce dommage de manière disproportionnée.Vengeance divine et vengeance humaine : l’Iliade et l’Odyssée les chantent en déployant toutes les actions qui en découlent. Le prétexte de la guerre de Troie a été l’enlèvement d’Hélène, la femme de Ménélas : ainsi les Achéens, conduits par Agamemnon, frère de Ménélas, assiègent-ils la ville de Troie. Les vengeances s’entrecroisent et les dieux sont partie prenante : Apollon envoie la peste sur l’armée pour se venger d’Agamemnon qui tient captive la fille d’un prêtre du dieu. Quant aux aventures d’Ulysse dans l’Odyssée, ses péripéties se multiplient dès qu’Ulysse a aveuglé le géant Polyphème et que le dieu Poséidon, père de celui-ci, veut se venger.Dans la Grèce antique la vengeance, la Némésis (en grec ancien : Νέμεσις) est une déesse de la mythologie grecque mais aussi un concept : celui de la juste colère (des dieux), fut d’abord une idée morale.Elle devint ensuite une véritable divinité, Némésis, la déesse de l’équité, qui agissait chaque fois que la démesure des mortels, l’hybris (est une notion grecque qui se traduit le plus souvent par « démesure », mettait l’équilibre de l’univers en danger. Pour reprendre une définition du dictionnaire d’Anatole BAILLY, Némésis était « la déesse de la justice distributive, qui châtie l’excès de bonheur ou d’orgueil ». 


Némésis n’accomplissait donc pas des vengeances aveugles ; elle n’avait en fait qu’une fonction essentielle : empêcher les orgueilleux mortels de devenir les égaux des dieux.
Les sociétés féodales et aristocratiques quant à elles, sous des formes différentes, ont longtemps reposé sur un code de l’honneur qui obligeait l’aristocrate offensé à venger les affronts. Il y allait de sa réputation et de sa dignité, à ses propres yeux et aux yeux des autres. « Le monologue du Don Diègue du Cid est un appel à la vengeance, pure et simple ».Désormais cette vengeance codifiée a disparu du monde occidental, mais elle persista sous une forme particulière jusqu’au début du XXe siècle en Corse. Il s’agissait d’un état de guerre privée entre familles désigné par le mot italien« vendetta »qui se traduit en français par vengeance. Il y a sans doute à l’origine un étroit rapport entre la vengeance et la justice, la déficience de celle-ci semblant entraîner le développement de celle-là. Notons que les mots vengeance et justice ont une parenté étymologique. Vengeance vient du latin « vindicare » (réclamer en justice) et justice de « judicare » (dire le droit). Les deux mots latins sont des dérivés de « dicere » qui vient du sanskrit « diçati » (il montre) et du grec « deiknumi »( montrer , dire, d’où « dikê », la règle) . Le système de parenté à la base de la vengeance scelle une différence radicale entre sa logique et celle de la punition, de la justice, de la loi et de l’institution. Encore faut-il faut prendre garde de séparer la vengeance, la rancune et le ressentiment, ces derniers renvoyant plutôt au désir de vengeance. Ce désir de vengeance s’exprime sous les formes les plus variées. Don Diègue exige que l’affront soit immédiatement lavé, mais « la veuve de Paolo Saverini » (« La vendetta » Maupassant) prépare et mijote longuement le plat qu’elle mangera froid. Les vengeances de deux autres personnages des contes de Maupassant se réalisent selon des processus différents : Antoine Leuillet (« Le vengeur ») frustré et jaloux, est obsédé par la vengeance, et Matéo Falcone, qui vient de tuer son fils…, explique à sa femme qu’il vient de faire justice … Certes, il peut arriver que sous le discours de la justice se cache celui de la vengeance.
La vengeance est plus douce que le miel

Homère (le poète)

Aucune vengeance ne saurait être juste. Se venger n’est pas juger, c’est répondre à une souffrance par la souffrance. La vengeance crée ainsi un cycle de violence inscrit dans une intersubjectivité qui maintient les parties concernées dans un rapport de force et non de droit. Avec la force, on n’arrête pas le mal, on le perpétue. La vengeance n’a pas cette puissance car elle ne cherche pas à réparer. Elle est une mauvaise réponse à l’émotion. La vengeance ne répare rien ; elle déséquilibre un peu plus une relation. Maçonniquement parlantLes meurtriers d’Hiram étaient ignorants, ils n’avaient pas la connaissance du bien, ce qui nous renvoie aux paroles de Socrate « Nul ne fait le mal volontairement, c’est son ignorance du Bien qui le porte à faire le Mal ». Alors pourquoi les punir ? :Le crime ne peut rester impuni …A cet instant la caverne représente le monde souterrain ténébreux de la conscience, lieu de refuge et d’effroi. La caverne est le lieu d’un passage, d’une épreuve donnée au traitre car pris de remords, il se tue. Platon nous dit que l’homme qui se contente des apparences reste un esclave enchaîné à ses certitudes. Depuis, une caverne m’est connue, une Lampe m’a éclairée, une Source m’a désaltérée. Ainsi, l’acte irréversible n’a pas été commis: Cette vengeance est dénuée de sens « Tout vous a annoncé la Vengeance, mais l’Ordre est bien loin de vous inspirer un pareil sentiment ». Dans le rite français, la vengeance n’est donc pas accomplie, l’assassin par peur ou par désespoir se tue.La vengeance déguisée en justice c’est notre plus affreuse grimace

François MAURIAC
« Et quand vous ferez votre prière, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez-lui, afin que votre Père aussi, qui est dans les cieux, vous pardonne vos fautes. Mais si vous ne pardonnez pas, votre Père qui est dans les cieux ne pardonnera pas non plus vos fautes » (Marc 11 : 25-26).Notre vengeance sera le pardon…

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A.S.: