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QU’EST CE QUE LE SYMBOLE ?

De la notion même du symbole

Pourquoi utiliser des symboles, pourquoi s’en servir, et est-ce pertinent ?
Dans la question qui est posée, comme le plus souvent dans les questions, une supposition implicite est faite, supposition de type matérialiste. En gros, le monde matériel existerait, avec donc le réel, dont la communication, et ensuite, dans un second temps, le domaine du symbole, plus éthéré. Dans une telle construction mentale le symbole semble alors être une complication supplémentaire, et il est alors légitime de se demander le pourquoi de sa présence.

Mais peut-être que cette hypothèse sous-jacente serait elle-même erronée, ou même n’aurait pas de sens dans le cadre d’une « réalité plus profonde » des choses.
Ainsi, nous allons voir qu’une autre vision fait reposer la réalité sur le symbole, dont il est la pierre fondamentale, le constituant premier et élémentaire, et que tout le reste, la matière ou le verbe, en sont la résultante. Dans une telle approche, le questionnement du pourquoi à la fois d’une telle diversité et variabilité des symboles, et de leur utilisation par les « sages », trouverait alors la réponse la plus simple qui soit : parce que le monde est constitué en priorité voire essentiellement de symboles.
Autrement dit, ce changement radical de paradigme peut se résumer ainsi : les sages parlent du monde par symboles interposés car… ils parlent de la constitution même du monde.

Mais d’abord : qu’est-ce qu’un symbole ?
Car, si nous voulons aborder le sujet correctement, il est nécessaire de commencer par cerner l’objet sur lequel il repose. On trouve la notion de symbole un peu partout, y compris chez Jung, mais la définition n’en est pas simple, voire un peu hermétique, et surtout compréhensible de différentes manières. Alors nous préférerons nous référer à l’ethnologie dont la base fondatrice et unificatrice repose sur le signe et le symbole.
En gros, le signifiant et le signifié. Le signe est l’objet, le support qui existe dans le concret, et le symbole est ce qui est représenté. L’exemple archi classique est celui de la croix gammée. Ainsi, un objet ayant cette forme, ou un dessin sur une feuille de papier ou sur un vêtement, sera le signe, la partie réelle et matérielle. Et le symbole, lui, c’est le sens qui y est attaché. Donc attention à ne pas mélanger les deux, ce n’est pas la croix qui est le symbole, elle le porte, c’est différent. Donc le symbole est le nazisme dans ce qu’il représente.
Ce signe est aussi porteur d’une autre symbolique, à savoir « la puissance solaire ». Raison pour laquelle il avait été choisi par les nazis justement. Mais on peut alors demander : mais pourquoi y a-t-il plusieurs symboles ? La réponse existe sous deux formes :
– la première, issue des mathématiques et de la théorie des cardinaux, répond que les symboles, étant infinis, et étant retranscris par des signes, qui eux sont en nombres finis (pour nous les reconnaître), ces symboles sont forcément plus nombreux que les signes, et un même signe peut ainsi porter plusieurs symboles.
– la seconde, compatible du reste avec la première, propose une notion d’instanciation. En fait, le symbole de la croix gammée est celui de la puissance qui fait la démonstration de sa puissance. Ainsi, une instance de cette puissance est le soleil qui impose sa lumière à tous, mais qui, de ce fait, occulte tout le reste : les étoiles, la lune et les planètes ou autres astres. Le nazisme, lui, de même, prône la supériorité d’une entité et éradique ainsi toutes les autres. C’est donc une autre instanciation, mais du même symbole. Il n’y a donc pas deux symboles, mais un seul.

Par exemple ?
Un signe est donc une instance physique (un dessin, une trajectoire, un mot écrit ou prononcé, une note de musique…), et le symbole est le sens qui y est attribué. Ainsi, en anglais « Apple », qui ressemble un peu à « appel » en terme de prononciation, est un signe. Dans le premier cas, Apple, ce signe désigne le symbole « pomme », c’est à dire le sens qu’on pourrait traduire par « le fruit du pommier », ce qui là encore nous renvoie à une catégorisation du réel. Et dans le second cas, une autre langue, le français, le même signe « appel » porte une autre sémantique.
De par cet exemple on voit que l’attribution entre signe et symbole est lié à un système, lui-même plus ou moins arbitraire.
Pour autant, à ce jour où la mondialisation est bien répandue, bien des signes sont devenus unifiés. Par exemple le signe « 2 » porte sur le nombre correspondant. Il signifie donc, en base 10, une valeur, et sert ainsi de chiffre dans l’écriture de nombres entiers ou décimaux. Pour autant, cela ne lui confère pas l’universalité car, par exemple dans certains pays asiatiques, ce symbole 2 est porté par un autre signe.
Mais, pour en revenir, si je pose deux pommes sur ma table, j’aurais à nouveau un autre signe, lui-même représentant encore le même symbole 2.

Et 2, ça « existe » ?
La question se pose alors de si le symbole existe, ou s’il est juste un « outil » pratique. Est-ce que le nombre 2 existe dans l’absolu ? Une telle question nous porte directement à nous demander ce que signifie le mot « exister ». Dans une vision matérialiste, existe ce qui est concret. Ainsi, 2 n’existe pas. Mais l’âme non plus. Et Dieu non plus. L’amour ou la haine non plus. C’est un peu limitant finalement, la vision matérialiste.
Une autre vision est la vision idéelle, qui, comme chez Platon, postule que l’idée précède la chose. Ainsi, avant qu’un homme n’ait pu construire une chaise, il a du avoir l’idée de la chaise. C’est une approche constructiviste pertinente. Poussée à l’extrême, elle postule que pour exister il suffit que quelque chose soit perçue. Ainsi Blanche-Neige existe, puisque mon imagination peut la concevoir. Et ceci même si elle n’existe pas dans la matière de mon univers actuel.
Naturellement, en vision matérialiste, 2 n’existe pas, alors qu’en vision idéelle, nécessairement, si je peux en parler, donc le concevoir, c’est que forcément ça existe.
Au bout du compte, ce n’est plus la question de savoir si un symbole existe ou non (vision binaire : oui/non), mais au contraire, selon la réponse qu’une personne donnera à cette question, on peut découvrir quelle est la métaphysique de cette personne, sa représentation du monde.

Matériel ou idéel ?
Naturellement, la ternaire sublimant le binaire, cette vision soit matérielle soit idéelle peut donner lieu à une autre vision, plus riche, dans laquelle la notion même d’existence doit être remplacée. Tel est le rôle de la science d’ailleurs (mais pas du scientisme), qui consiste à poser un référent en terme d’objet d’étude. Ainsi, quels sont les faits ? Il y a des actions et des perceptions. Telle est notre contact objectif avec le monde, le reste n’est que fabrication de l’esprit.
Ainsi, le symbole 2, qu’il existe ou non, me parle. Et c’est là ce qui importe en fait.
Dés lors, ce symbole va me permettre de reconstruire le monde. C’est là le propre de tous les systèmes de type Genèse, quelque soit le livre sacré ou le sage qui en serait l’auteur.

Des symboles où ça ?
Prenons la vision actuelle. L’énergie (un concept, donc symbole) circule, et donne concrètement des particules (tourbillon stable). Ces particules sont donc des signes. Deux particules élémentaires identiques portent donc le même symbole, et, ça tombe bien, elles ont exactement le même comportement, à tel point qu’elles en sont indissociables, l’individualité n’existe pas à cette échelle (si on en croit les quanticiens).
Puis ces particules s’assemblent. Pas n’importe comment bien sûr, de manière compatible avec ce qu’elles sont. Ainsi, les symboles portés par ces particules s’assemblent eux aussi et l’atome ainsi constitué a du sens. Il a une géométrie interne, et il a un symbolisme associé. Le mercure ou l’or, ou encore le cobalt ou l’argent, ont, entre autre chez les alchimistes, un sens très pointu.

Naturellement, ces matériaux s’assemblent encore, formant à nouveau des macro formes encore plus complexes, des molécules. A nouveau le principe usuel agrège les symboles comme les signes, et ces molécules portent du sens, ont une symbolique.
Puis des macromolécules, ou encore des objets. Les planètes, par exemple, de par leur constitution moléculaires, ont un sens propre, une symbolique associée. Telle est la notion de base de l’astrologie par exemple. Et ce n’est pas par hasard non plus si une planète se nomme Mercure, tout comme un élément chimique. Les symboles portés par l’un ou l’autre sont probablement très voisins. Ainsi la planète serait le principe, et l’élément sa réalisation. Par exemple.
A noter au passage que aussi bien pour l’aspect atomique que celui des étoiles dans le ciel, la géométrie, et les représentations géométriques, sont encore des signes porteurs de symboles.
Puis les macromolécules donnent des cellules vivantes, puis encore les animaux ou les plantes, et toutes leurs interactions. Ainsi, chaque dessin sur le sable, chaque érosion de montagne, tout comme chaque interaction du vivant, tout cela forme à chaque fois des signes, statiques ou dynamiques, qui portent des symboles.
De fait, chaque goutte de mon sang, chaque mot que je prononce, chaque pensée qui me traverse, chaque objet que je vois, chaque objet que j’imagine, chaque interaction que j’ai avec moi-même ou l’extérieur, tout ça est encore et encore un jeu de signes toujours plus subtiles et complexes (mais non pas compliqués), et portant les symboles associés.
Et ça nous emmène où tout ça ?

Une loi physique porte du sens, elle est symbole. Une question porte du sens. Le symbole est absolument partout, même au-delà des aspects matériels.
De fait, il semblerait, si on en croit certaines approches ésotériques, que le symbole est un constituant, qu’il est l’élément fondateur d’un monde symbolique. Qu’on la nomme âme ou esprit, notre psyché existe (tout comme le nombre 2) et elle est constituée dans ce monde. Tout comme le corps physique est un assemblage subtil et mouvant d’atomes donc de particules, la psyché est un assemblage subtil et mouvant de symboles.
Vu ainsi, le symbole est le constituant premier de toute chose car, nous l’avons dit, que ce soit l’action ou la perception, tout commence par le fait d’être tangible à notre psyché. Or être tangible, c’est avoir du sens, et le sens est le propre du symbole. Si je reconnais un objet, c’est que j’identifie son sens, donc que je l’ai, sans m’en apercevoir, déjà « retranscodé » en un symbole.

Conclusion
Ainsi, selon cette approche, que le monde physique soit fabriqué de matière-symbole ou pas, de toute façon ce monde ne nous est intelligible uniquement que par le biais du symbole.
ce qui expliquerait très probablement pourquoi les grands sages sont toujours passés par les symboles pour nous décrire la réalité.

Source : http://www.alliancespirite.org

A.S.:

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  • Bonjour,je trouve très intéressant votre réflexion concernant la croix gammée, juste pour info,et je suis certain que vous le saviez,il y a deux croix gammées en Inde,une dextrogyre qui tourne dans le sens du soleil et l'autre sinistrogyre qui tourne dans le sens contraire, c'est bien de celle ci que les Nazis se sont servis, en fait dans un esprit non solaire de construction mais de destruction.... Qu'en pensez vous ?

    Bien à vous,