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Quand la franc-maçonnerie devient fibre romanesque

« L’Express » l’hebdo des francophones du Grand Toronto (Canada) publie sous la plume de Paul François Sylvestre une critique du livre de Dan Brown « Le Symbole Perdu ».

Nombreux ont été les articles concernant ce roman…Mais celui-ci d’article est plus caustique….

Source : http://www.lexpress.to/archives/4768/

Six ans après le Da Vinci Code, qui s’est vendu à plus de cinq millions d’exemplaires en français seulement, Dan Brown est de retour avec Le Symbole perdu. Il nous invite cette fois-ci à Washington, dans l’univers de la franc-maçonnerie, des sociétés mystérieuses et de leurs nombreux symboles ou secrets à décoder.

Avec Le Symbole perdu, Brown remet en scène son héros Robert Langdon, un passionné de codes secrets. «La franc-maçonnerie, écrit-il, n’est pas une société secrète; c’est une société avec des secrets.» Elle est la plus vieille fraternité au monde. Ses règles du jeu sont complexes puisqu’il y a des cercles internes à chaque cercle, des confréries au sein de la confrérie. De quoi fournir le sujet de plusieurs chapitres.

Le lieu de l’action du Symbole perdu est Washington, le Capitole construit selon les plans de l’urbaniste français Pierre L’Enfant, la Bibliothèque du Congrès, la cathédrale de Washington et l’obélisque américain. Nous apprenons que la pierre angulaire du Capitole a été posée par George Washington d’après le rite maçonnique. Et la capitale américaine a été bâtie par des maîtres maçons – Washington, Franklin, L’Enfant – et des esprits brillants qui l’ont émaillée d’emblèmes et de symboles. De quoi étoffer plusieurs autres chapitres.

Professeur en symbologie, Robert Langdon est convoqué d’urgence à Washington pour remplacer un conférencier. Il est prêt mais ce qui l’attend va le bouleverser et le plonger dans les mailles d’une manigance tordue. Il n’a pas aussitôt mis les pieds au Capitole qu’il doit s’embarquer dans une quête haletante, des sous-sols de la Bibliothèque du Congrès aux temples maçonniques, à la recherche du secret le mieux gardé de la franc-maçonnerie.

Dans Le Symbole perdu, Dan Brown nous fait comprendre un vieil adage: «ce qui est en haut est en bas.» Vous connaissez cet adage puisque c’est l’équivalent de «Dieu a créé l’homme à son image.»

Partant de là, Brown affirme que l’homme possède un pouvoir mystique dont il n’a nulle conscience. Du pouvoir au caractère divin de l’homme, il n’y a qu’un pas que Brown franchit en se basant sur des textes anciens. Dès lors, nous découvrons que notre monde a «à peine égratigné la surface de ses capacités mentales et spirituelles».

Le romancier aime mêler aventures policières et traditions ésotériques. Rien de moins que la CIA comme éperon. Le célèbre organisme américain doit «serrer» la Main des mystères, un symbole utilisé pendant des siècles comme convocation mystique. Cette Main est une invitation «à recevoir des connaissances secrètes, une sagesse accessible uniquement à une certaine élite».

Les symboles abondent à qui mieux mieux dans ce roman. Petit exemple intéressant: le billet américain de 1 $ est orné d’une pyramide inachevée attendant patiemment sa coiffe, qui flotte au-dessus du sommet tronqué pour rappeler à l’Amérique son destin encore inaccompli. Autre exemple: la croix. Elle n’est devenue un symbole chrétien qu’à partir du IVe siècle. Bien avant, les Égyptiens l’utilisaient pour illustrer l’intersection de l’humain et du céleste.

Il est beaucoup question de numérologie dans Le Symbole perdu. Le chiffre 33 revient constamment. Du temps de Pythagore, 33 figurait au premier rang des Nombres Maîtres et représentait la vérité divine. Dans le christianisme, c’est un chiffre courant: le nom de Dieu est mentionné 33 fois dans la Genèse Joseph épouse Marie à 33 ans, Jésus accomplit 33 miracles et il meurt à 33 ans.

J’ai lu Le Symbole perdu au même moment où je corrigeais les épreuves de mon prochain livre (Cent ans de leadership franco-ontarien). Quelle coïncidence! À la page 219, Brown écrit que «le monde de l’édition serait tellement moins compliqué sans les auteurs». Nous sommes sans doute le mal nécessaire.

Je dois avouer que je n’ai pas lu toutes les 600 pages de ce roman. Souvent il ne suffit que de lire une ligne par page. C’est vous dire les nombreuses longueurs dont souffre cet ouvrage. Peut-être est-il préférable d’attendre pour voir le film…

Quelle que soit votre décision, sachez que «la seule différence entre vous et Dieu, c’est que vous avez oublié que vous êtes divin».

A.S.: