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PHILO-FABLE : LE PARTAGE

Voici une « philo-fable » extraite du livre de Michel Piquemal « Les philo-fables » sur la notion de Partage !

Le partage

Un jour, Nasreddine, le fou sage, sortait de la mosquée accompagné de son voisin Moustafa. Devant la porte, il y avait un homme endormi. C’était un pauvre mendiant qui passait ses journées et ses nuits dehors, qu’il pleuve ou qu’il fasse beau, qu’il fasse froid ou qu’il fasse chaud, pour la simple raison qu’il n’avait pas de maison.

– Laisser cet homme dans la rue est une honte pour la communauté,    dit Nasreddine. Si j’avais deux maisons, je lui en aurais donné une.

– C’est vrai ? dit le voisin.

–  Sans aucun doute ! Il faut partager dans la vie !

– Et supposons que tu aies deux jardins, tu lui en donnerais un ?

– Absolument !

– Et si tu avais deux chevaux ?

– Il va de soi que je lui en donnerais un.

– Et si tu avais deux vaches ?

– Je lui donnerais la plus belle.

–  Magnifique !  Et si tu avais  deux poules ?

– Ah non ! Il n’en est pas question.

–  Je ne comprends pas : comment peux-tu lui refuser une poule alors que tu as accepté de lui donner une maison, un jardin, un cheval et une vache ?

–   C’est que je  n’ai pas deux maisons, ni deux jardins, encore moins   deux   chevaux ou deux vaches, mais j’ai deux poules.

(Fable traditionnelle de Nasreddine Hodja)

 « Avec beaucoup d’humour, Nasreddine, le fou Sage nous pointe du doigt les limites de notre générosité. En parole, il est facile de donner… surtout ce qu’on ne possède pas. Dans la réalité, c’est bien plus difficile.

Voilà pourquoi on ne doit pas compter sur la charité pour gommer les inégalités trop criantes. Cela doit être le rôle des États, grâce aux impôts que nous payons. Ce que ne peut faire un individu, la collectivité le peut, à condition que les lois lui en donnent la charge.

Il faut cesser de raisonner uniquement en termes individuels : nous devons prendre en compte le monde qui nous entoure, la planète que nous habitons, mais aussi les gens qui vivent avec nous. » (Michel Piquemal)


A.S.: