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Miscellanea Macionica : Quelle est la différence entre une Grande Loge et un Grand Orient ?

Miscellanea Macionica : Quelle est la différence entre une Grande Loge et un Grand Orient ?

Voici la question 73 de la Série« MISCELLANEA MACIONICA »  (Miscellanées Maçonniques) tenue par Guy Chassagnard, ancien journaliste professionnel qui, parvenu à l’âge de la retraite, a cessé de traiter l’actualité quotidienne, pour s’adonner à l’étude de la Franc-Maçonnerie et de son histoire.

Miscellanea Macionica : Quelle est la différence entre une Grande Loge et un Grand Orient ?

A l’origine, il y a eu, comme nous avons pu le constater par ailleurs, la Loge en tant que cabane, abri d’outils, lieu de réunion ou chantier de travail. Souvenons-nous à ce propos des ordonnances de la ville d’York, datées de 1370, faisant obligation aux maçons chargés de la construction de la cathédrale locale de se rendre chaque matin de la semaine dans la « Loge » disposée dans l’enceinte du chantier, et n’autorisant ceux-ci à s’absenter qu’à l’heure du repas.

Dans les Ordonnances de Strasbourg, datées de 1563, la Loge est devenue un groupe de maçons. Selon le texte, les loges de Francfort, Nuremberg, Fribourg, Munich et autres lieux de l’empire germanique, dépendent toutes de la Loge Mère ou Grande Loge de Strasbourg ; une loge à laquelle sont reconnus un pouvoir de direction et un droit de préséance.

Ainsi en est-il pour de nombreuses générations de maçons, qui se rendent en loge pour y travailler, ou se réunir, et qui admettent que certaines loges, plus importantes que la leur, soient qualifiées de « grandes ». Il faut attendre la publication des célèbres Constitutions du révérend James Anderson, en 1723, pour que le vocabulaire maçonnique s’enrichisse de nouvelles définitions. Si la loge est bien alors un groupe régulièrement constitué de free masons, c’est-à-dire de francs-maçons, la Grande Loge n’est autre qu’une assemblée générale temporaire. Les maçons anglais de l’époque se constituent en loges, qui se réunissent occasionnellement en grandes loges ; à l’occasion par exemple de la célébration de la Saint-Jean Baptiste.

Il ne faut dès lors que quelques années pour faire de la Grande Loge une institution permanente. Ainsi apparaît au grand jour la Grande Loge de Londres, dite bientôt d’Angleterre, dont l’autorité s’étendra rapidement au-delà des côtes bretonnes. Ce qui fait dire, ou plutôt écrire à James Anderson, en 1738, que « toutes les Grandes Loges étrangères » sont placées sous le patronage de son grand maître.

Constitués pour les premiers d’entre eux par des confrères anglais, les francs-maçons de France adoptent sans en modifier la signification les termes de loge et de grande loge. Ils vont, cependant, enrichir par eux-mêmes leur vocabulaire maçonnique de mots typiquement français, tels que : Orient ou Grand Orient. L’orient est à l’est, il est l’est ; ainsi que l’endroit précis où se place le vénérable en loge. C’est encore, tout naturellement, le lieu de réunion des francs-maçons – qui devient grand orient lorsqu’il s’agit d’une assemblée plus importante. En témoignent le sceau de la Grande Loge des Maîtres de l’Orient de France, et la transformation, survenue en 1773, de la Grande Loge de France en Grande Loge Nationale de France au Grand Orient de France.

De nos jours existent, tant en France que dans le reste du monde maçonnique, des Grandes Loges ainsi que des Grands Orients, dont on a le plus grand mal à cerner les différences ; s’il en existe… On peut admettre volontiers que le Grand Orient de France est une « fédération » de rites, mais il paraît difficile de reconnaître à la Grande Loge de France la qualité de fédération de loges, alors qu’on y pratique trois rites différents, savoir le rite écossais ancien et accepté (rite officiel), le rite écossais rectifié et le rite émulation.

Tout au plus remarquera-t-on que les obédiences qui se déclarent ouvertement libérales, progressistes et adogmatiques se parent, souvent, du titre de Grand Orient…

• Voir  : Les Anciens Devoirs (Guy Chassagnard, Éditions Pascal Galodé, 2014). Les Annales de la Franc-Maçonnerie (Guy Chassagnard, Éditions Alphée – J.-P. Bertrand, 2009).

© Guy Chassagnard – Tous droits réservés – chassagnard@orange.fr

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