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Miscellanea Macionica : Pourquoi vouloir, sans cesse, opposer les « Anciens » et les « Modernes » ?

Voici la question 56 de la Série« MISCELLANEA MACIONICA »  (Miscellanées Maçonniques) tenue par Guy Chassagnard, ancien journaliste professionnel qui, parvenu à l’âge de la retraite, a cessé de traiter l’actualité quotidienne, pour s’adonner à l’étude de la Franc-Maçonnerie et de son histoire.

Miscellanea Macionica :  Pourquoi vouloir, sans cesse, opposer les « Anciens » et les « Modernes » ?

On a longtemps pensé que la Très ancienne et honorable Con­fré­rie des Maçons libres et acceptés (Antient Grand Lodge of England) avait été constituée suite à un schisme survenu au sein de la Gran­de Loge d’An­gleterre ; ceci par des opposants aux nouvelles pratiques rituelles de l’obédience. Il n’en a, cependant, rien été. Il est aujourd’hui admis que l’initiative de la créa­tion d’une grande loge « ancienne », rivale de celle constituée en 1717, est à créditer à huit maçons irlandais dont sept figu­raient ré­gulièrement sur le tableau de la Grande Loge  d’Ir­lande, elle-même créée en 1725. Tout comme il est prouvé que sur les cent premiers mem­bres de la Gran­de Loge des Anciens, pas moins de soixante-douze étaient d’origine irlandaise…

La première activité des Anciens eut lieu le 17 juillet 1751 à la taverne de la Tête de Turc, dans le quartier de Soho. Les maî­tres de sept loges se virent alors autorisés à délivrer des pa­tentes. Le 5 fé­vrier suivant était formé, par les représentants d’une dizaine de loges, un comité de coordination, placé sous l’autorité du frère Laurence Der­mott, grand secrétaire, et transformé dès 1753 en Grande Loge organisée.

Les Modernes avaient, dès après la parution de l’ouvrage con­­troversé de Samuel Prichard (1730), changé de place les co­lonnes du temple et modifié les « mots » de maçons. Les Anciens appliquèrent, en réplique, les coutumes maçonniques apportées d’Ir­lande, s’honorant d’avoir rétabli l’Ordre maçonnique selon les Vieilles Ins­ti­tu­tions. Mais longtemps leur in­fluence demeura con­tenue par les li­mi­tes territoriales de la capitale britannique. Ce n’est qu’avec le temps que le fameux ouvrage Ahiman Re­zon ou Aide à un frè­re démontrant l’excellence du Secret , pu­blié en 1756, et réé­dité à sept re­prises avant 1813, contribua à l’expansion de l’obé­dience, passée en deux générations de 7 à 260 ateliers.

L’ir­landais Lau­rence Der­mott y présentait, outre une copie édul­corée du Livre des Cons­ti­tutions de James An­derson, un catéchisme ma­çon­ni­que essentiellement axé sur un dogme religieux d’essence ca­tho­lique.

Existe-t-il des différences matérielles entre Anciens et Mo­der­nes ? demandait Dermott, répondant aussitôto: « Oui, de nombreuses différences, parce qu’un Ancien peut non seulement se faire connaître d’un frère, mais en cas de besoin peut lui révéler même ses véritables pensées, en présence d’un Moderne, sans que ce dernier soit capable de s’apercevoir que l’un et l’autre sont ma­çons. »

Autre question : « Un maçon ancien peut-il, avec la même sécurité, communiquer tous ses secrets à un maçon moderne, sans autre cérémonie ? » Et sa réponse : « Non, car la Science comprend un Art (alors qu’un art ne peut contenir une science), et ainsi l’ancienne Maçonnerie con­tient tout ce qui a de la valeur pour les Modernes et bien d’autres choses encore qui ne peuvent être révélées sans d’autres cérémonies. »

La grande force des Anciens – principalement des maçons issus de l’artisanat et du petit négoce –, qui réussirent à imposer nombre de leurs pré­ceptes lors de l’union conclue en 1813 avec la Grande Loge d’An­­­gle­terre, fut d’avoir noué des relations avec les grandes loges étrangères, et de s’être solidement im­plantés dans les colonies britanniques d’Amérique du Nord.

Ainsi bon nombre de maçons américains de­vaient-ils se dé­clarer Maçons libres et acceptés (Free and Accepted Masons) après la déclaration d’indépendance américaine ; en­traînant la publication de nouvelles éditions d’Ahi­man Rezon, adaptées notamment aux nouvelles Grandes Loges de Pennsylvanie, de Virginie, de Ma­ryland, de Caroline du Nord ou du Sud .

• Pour en savoir plus : Ahimon Rezon or a help to a Brother shewing the Excellency of Secrecy (Laurence Dermott, 1756). The Ahimon Rezon or Book of Constitutions of the Grand Lodge of South Carolina (Frederic Dalcho, 1807)

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