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Miscellanea Macionica : Comment l Écossisme s est-il implanté en Amérique ?

Miscellanea Macionica :  Comment l’Écossisme s’est-il implanté en Amérique ?

Voici la question 74 de la Série« MISCELLANEA MACIONICA »  (Miscellanées Maçonniques) tenue par Guy Chassagnard, ancien journaliste professionnel qui, parvenu à l’âge de la retraite, a cessé de traiter l’actualité quotidienne, pour s’adonner à l’étude de la Franc-Maçonnerie et de son histoire.

Miscellanea Macionica :  Comment l’Écossisme s’est-il implanté en Amérique ?

On peut naturellement s’étonner d’apprendre que l’Écossisme s’implanta sur le continent américain par la voie d’une modeste bourgade, avant de devenir la plus grande institution ésotérique de la Maçonnerie moderne. Mais il en fut ainsi. C’est à Albany (1 500 habitants), en ef­fet, que fut créée The Ineffable Lodge, première Loge de Perfection américaine.

Aux alentours du 7 octobre 1767, Messieurs [van] Pfister et Gam­ble [de l’Union Lodge d’Albany] fu­rent présentés, à New York, à Mon­­sieur Henry Andrew Franc­ken qui, un jour ou deux plus tard, compte tenu de l’autorité dont il était in­vesti, les initia au quatorzième degré de l’Ancienne Ma­çon­ne­rie, depuis ce­lui de Maî­tre Se­cret, le quatrième, à celui de la Per­fec­tion, qui est le qua­­­torzième et est reconnu comme le plus élevé de la Ma­çon­nerie symboli­que .

Une semaine environ après la date men­tionnée ci-dessus, Mon­­sieur Francken leur conféra les deux premiers de­grés de la Ma­çon­­ne­rie Moderne ou Re­nouve­lée et leur suggéra, s’ils dé­cidaient d’é­­ri­­ger une Loge de Perfection à Alba­ny, de nommer Wil­liam Gam­­­­­­ble Maître pro tempore, jusqu’à ce que Sir William John­son [personnalité coloniale] ait éven­tuellement accepté cet office.

Selon le registre qui nous est parvenu, sept frères composaient The Ineffable Lodge lors de ses premiè­res réunions. Toujours en activité en ce début du XXIe siècle, la loge d’Albany compte, aujourd’hui, plus de 3 500 membres. On ignore pour quelles raisons profanes Henry Andrew Francken s’en était venu en terre américaine. On ne sait pas grand chose, non plus, de ses acti­vités maçonniques. Le « Député Inspecteur Général de tous les degrés supérieurs des Maçons dans les Indes occidentales et l’Amérique du Nord », qu’avait nommé Étienne Morin, ne visita qu’une fois The Ineffable Lodge ; résidant à New York ou dans ses environs, il y délivra toutefois trois patentes dont une de Député Inspecteur Général au frère Moses Michael Hays.

Il fallut attendre… 1781 pour que ce dernier, de passage à Philadelphie, nommât, à son tour, huit nouveaux Députés, d’où la création d’une Loge des Grands Élus Parfaits et Sublimes Maçons de la Cité de Philadelphie. On relève à ce propos cet entrefilet tiré du Penn­syl­va­nia Pac­ket, daté du 23 juin :

Les Grands Élus Parfaits et Sublimes Maçons, Princes et Ins­pecteurs de la Maçonnerie, actuellement en ville, sont attendus (avec leurs titres authentiques) lundi soir, à six heu­res, à la maison de Dennis McCartney, dans Elbow Lane, où un Chapitre sera tenu.

Parmi les Députés nommés à Philadelphie par Mo­ses Michael Hays figuraient Isaac Da Costa, Joseph Myers, Barend Spitzer et Abraham Forst. On retrouvera ceux-ci deux ans plus tard à Charleston – 12 000 habitants, dont 6 000 esclaves noirs –, principale ville de Caroline du Sud ; selon l’écrivain ma­çon­nique Albert G. Mackey :

En l’an 1783, le « Rite » fut introduit dans cet état et reçut un «hébergement local » ainsi qu’un nom, dans le cadre de l’organi­sation, par DaCosta, d’une Sublime Grande Loge de Perfection dans la cité de Char­leston. Ce corps existant pendant des an­nées. Une des coutumes, perpétuées dans ce genre d’institutions, était de présenter des discours sur les principes de la Maçon­nerie les jours d’équinoxes d’été et d’hiver.

Cette coutume fut-elle régulièrement observée à la Grande Loge de Perfection de Charleston, nous ne saurions le dire. En tout cas, au­cun de ces discours n’a été transmis à la postérité, hormis deux oraisons délivrées par le Dr Dalcho le 23 septembre 1801 et le 21 mars 1803…

Le 20 février 1788, un Grand Conseil des Princes de Jéru­salem  fut ouvert à Charleston par Joseph Myers, Inspecteur pour la Ca­ro­line du Sud, Barend M. Spitzer, Inspecteur pour la Géorgie, et Abraham Forst, Inspecteur pour la Virginie. Peu après l’ouvertu­re du Conseil, une lettre adressée au duc d’Or­léans, lui demanda cer­tains documents des Archives de la So­ciété en France que le com­mencement de la Révolution française empêcha d’être trans­mis…

Le 13 mars 1796, le frère Hyman Isaac Long, qui avait été constitué l’année précédente Député par Moses Cohen – constitué lui-même peu avant par Barend Spitzer – fondait à Charleston un Grand Consistoire des Sublimes Princes du Royal Secret. Mais déjà se cotoyaient dans les rues locales, et dans les mêmes temples, des maçons ayant pour noms : John Mitchell, Frederick Dalcho et Auguste de Grasse-Tilly.

• Voir : Aux Sources du Rite écossais ancien et accepté (Guy Chassagnard, Éditions Alphée – J.-P. Bertrand, 2008). Archives du Suprême Conseil des États-Unis, Juridiction Nord. The History of Freemasonry in South Carolina (Albert Mackey, 1861). The History of the Supreme Council, 33° (Samuel H. Baynard, 1938).

© Guy Chassagnard – Tous droits réservés – chassagnard@orange.fr

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