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L’ÉGRÉGORE EN FRANC-MAÇONNERIE

Voici un joli morceau d’architecture partagé par le frère Alain L. sur

L’Egrégore en Franc-maçonnerie

Origine du mot

Le mot « Egrégore » vient du grec egré goro, il veut dire « observateurs » transcrit aussi « Grigori ». Son sens originel serait biblique, hébraïque. Le mot serait issu d’erreurs d’interprétation et de traduction ou de transcription de textes anciens

Dans la Bible dans le livre d’Hénoch, l’idée de « veille » émerge.

L’étymologie grecque « Egrégor » désigne « l’âme d’un groupe et qui signifie également « éveil ». Le prénom Grégoire, Gregorios, grégorien signifie vigilant. La racine « Egregoroi » signifierait veilleur de même le verbe Egregoren évoque l’être éveillé. « eg-gregoros » signifiant « qui sort (ex-) du troupeau (gregoros) ».

L’étymologie latine « ex  gregis  » serait plausible, d’où l’idée d’une énergie collective pouvant émaner d’un collectif humain. Egregius signifie « remarquable, illustre, exceptionnel ».  La racine de ce mot donne « Grex- Gregoris » ou l’idée encore de « troupeau ». C’est ce même mot « gregoris » qui donne en français le terme « grégaire ».

Dans sa compréhension globale l’« égrégore » serait donc l’être qui sort ou émane du troupeau, d’un groupe pour veiller sur ce dernier, en quelque sorte un éclaireur.

Le terme apparaît vers le 19ème siècle, il est employé par des occultistes, surréalistes, francs-maçons, rosicruciens, philosophes, écrivains, historiens. Le concept, apparu dans la tradition hermétiste, a été repris par de nombreux penseurs, je ne citerai que les principaux.

Le marquis Joseph Alexandre Saint Yves d’Alveydre (1842-1902) occultiste, membre rosicrucien et franc-maçon utilisa ces termes jusqu’ici inconnus comme la synarchie ou l’égrégore.

L’abbé Eliphas Lévi Zahed né Alphonse-Louis Constant (1810-1875) autre occultiste kabbaliste s’en inspira, il qualifie les égrégores comme des dieux.

Le marquis Stanislas de Guaîta (1861-1897) poète féru d’ésotérisme, membre de l’ordre cabalistique Rose-Croix,  tenta une réflexion sur les Egrégores occultistes qu’il popularisa.

Citons encore Victor Hugo  (1802-1885) poète romancier,  Le médecinprofesseur Pierre Mabille (1904-1952), adepte de l’hermétisme, Robert Ambelain (1907-1997) écrivain essayiste, martiniste, adepte du Rite Ecossais Primitif, Gaetan Delaforge, historien contemporain. Oswald Wirth René Guesnon, Jules Bouchet, Marius Lepage et d’autres prestigieux maçons ou auteurs éclairés qui donneront un sens profond et ésotérique au concept. Citons pour terminer certains philosophes comme Carl Gustav Jung avec ses travaux sur les symboles et la psychologie, Gustave Le Bon, Durckheim, Gurvitch et Ray Ellenwood surréaliste canadien…

Pour certains gnostiques, l’égrégore serait une expression du « plérome » (mot grec signifiant la Totalité, l’Universalité).

Tous ont contribué à tenter de définir la source comme les aboutissements de ce phénomène avec une perception d’ordre psychique, métaphysique ou spirituelle avec des références cabalistiques, bibliques ou autres. Mais tous sont unanimes,  les égrégores sont une réalité, on les accuse et on ne peut y déroger, on ne peut y faire abstraction, c’est un fait. 

Définitions et caractéristiques

Les égrégores peuvent être multiples, ils nous entourent et relèvent d’un instant présent. Dans notre approche ésotérique, je ferai abstraction des égrégores nocifs d’esprit matérialiste qui s’opposent au processus de l’évolution spirituelle, je ne parlerai que des égrégores bienfaisants, bénéfiques qui caractérisent l’esprit de groupe qui nous anime. Nos égrégores seraient ces messagers qui véhiculent la bonne pensée comme semence pour une féconde récolte.

L’égrégore ou les égrégores ne sont pas une puissance, une force, un être autogène. Il ne s’agit pas d’une transe, ni d’une hallucination collective mais d’un simple ressenti. Faut-il y percevoir une forme d’aura ? L’aura est perçue comme phénomène physique mais on pourrait y voir un corps subtil, une émanation ou champ qui rayonne d’une personne ou objet.

Selon l’aspect ésotérique, les égrégores émanent de l’invisible, aucun bruit, aucune manifestation, aucune lumière, aucune odeur… Ils ressortent d’un ressenti donc de l’abstrait et de l’indicible. Ils sont considérés comme une expression parapsychique, de l’inconscient mais aussi du conscientiel, de l’esprit grégaire même si la glorification au divin est maître mot et si la portée de l’influx spirituel pourrait ainsi se renforcer.

Une seule personne motivée, une seule pensée créatrice pourrait créer une entité, un égrégore pour générer l’adhésion du groupe dans une entité collective. Ce concept reste néanmoins une entité indépendante d’idées diffluentes de ses composantes. L’idée émergeante dégage alors le positif pour pérenniser l’énergie. En fait, c’est une composition d’énergies de personnes vers un objectif, une motivation commune.

C’est donc un principe actif, une dynamique qui émane d’une concentration d’une pensée unique et aurique animé par une espérance, une foi. C’est un phénomène irradiant, un sensoriel d’un agrégat de courants émotionnels et mentaux qui répondent comme stimulateur de concepts et d’aspirations de plénitude et de joie intérieures.

L’égrégore forme un ensemble d’influences qui se focalise en une espérance commune autour d’une idée, d’un évènement, d’un ressenti ou d’un principe. Cette cohésion vibratoire inaugure une influence sur chacun des aspirants avec plus ou moins d’intensité selon la réceptivité. Une cohérence du groupe, son harmonie dans les actes et les pensées confèrent une efficience pour un parfait ressenti, une parfaite imprégnation pour une extériorisation dans un contexte précis et un moment instantané. 

Ce phénomène émane de l’inconscient collectif et l’ « atmosphère » qui s’y dégage et se développe par la psyché entre les membres d’un groupe émane du  flux énergétique psychique, physique, émotionnel et mental. Il naît d’un ensemble d’individualités autonome de ses composants réunis autour d’une même action. Il serait aisé de penser à une alchimie de groupe, un agglomérat des individualités pour un tout homogène avec l’unité de son être et une osmose collective, un agglomérat d’énergies subtiles.

Sa vitalité dépend des vibrants et de leur intensité à cette résonance vibratoire. La masse psychique concentrée influence en quantité, en qualité et en durée la pensée unique et aurique. Une concentration intense, une implication forte et un dessein commun forment les composants qui amplifient ce phénomène. Selon la qualité vibratoire, les égrégores peuvent stimuler la capacité énergétique positive avec un aspect protecteur des influences extérieures. Ils peuvent s’intensifier avec plus ou moins d’intensité, s’amenuiser voire disparaître mais peuvent néanmoins survivre quelques temps à la disparition des membres qui les ont créés en vue de sa survie pour se restructurer et se raviver. Ils ont ainsi un besoin constant d’être alimenté.

Franc-maçonnerie

Les égrégores maçonniques apparaissent dans les loges maçonniques dès le 19ème siècle.

Ils reposent sur la cohérence et l’harmonie communautaire. Dans cette voie initiatique, ils désigneraient un concept collectif, une fusion conscientielle, une aspiration commune qui créé une entité psychique libre, Il est dit « que vos regards se portent vers la Lumière ». Ce sont les frères qui nourrissent l’égrégore pour le perdurer par la transmission de la Tradition immuable, ils s’évertuent dans la ferveur de leur foi au G.A.D.L’U. à l’entretenir et le maintenir en vie. 

Il est à préciser que l’égrégore aurique et céleste formerait une entité nourrie et persistante par ceux qui y adhèrent,  une extériorisation et la concrétisation d’une énergie émotionnelle et  psychique du groupe. Le Franc-maçon se situe dans une disponibilité mentale, une ouverture d’esprit et dans l’acceptation du partage émotionnel au sein d’un processus dans la voie royale.

Les égrégores sont tributaires d’exigences pour y parvenir : une discipline du groupe, une adhésion aux principes et une qualité de conscience de la communauté, une sérénité d’esprit, une concentration, une pureté de l’âme et du corps… Mais également, l’exécution du rituel, le décorum, l’appréhension des symboles, la circumambulation, la musique, les silences, les rythmes et intonations, l’éclairage, les mots et paroles, les parfums, les invocations, le déroulement de la tenue, les attitudes, la vêture et faut-il le rappeler : les métaux à l’extérieur du Temple.

Le lieu est consacré, propice au travail pour une glorification au divin. Comme dans certains édifices religieux, on peut ressentir dès l’entrée en loge des sentiments de ferveur. Les conditions doivent être requises et c’est notamment à une lecture ésotérique celle du Prologue de Jean notamment et l’invocation au G.A.D.L’U. que la « mise en condition » devraient provoquer une fervente pensée positive. Cet égrégore peut être ressentie tout au long de la tenue et à fortiori lors de cérémonies spécifiques comme par exemple une tenue funèbre ou une initiation et bien évidement la chaîne d’union.

La chaîne d’union évoquée par la corde à nœuds est ce lien indéfectible d’une union des frères passés, présents et à venir. Le fluide du contact charnel et mental de chaque frère, de chaque maillon introduit une dimension au concept d’appartenance à un même idéal, une conscience collective, une identité convergente et une finalité similaire. Un lien se créé par ce sentiment unique, du vécu avec la même expérience, ceci un espace temporel précis.  L’instant évoque le présent ouvert vers l’avenir, le devenir.

L’exaltation collective ou une prière collective de la chaîne d’union invite alors à l’égrégore qui renforce le lien fluidique de la force aurique. Il est alors fécond et transpire les sentiments profonds de compassion, de fraternité de tous les frères. Chaque frère apporte son influx dans la chaîne pour alimenter et forger un égrégore d’amour ou de plénitude qui renvoie ces sentiments dans chaque cellule en interaction. Energie et synergie se focalisent alors en une finalité commune.

Existe-il une corrélation entre le psychisme et le spirituel dans les égrégores maçonniques ?

Psychisme et spiritualité

Plus la vibration initiale est intense, plus sa portée ressort selon certains à une forme d’extase, de contemplation, contemplation signifiant avec le  temple. Ils considèrent ces égrégores comme une émanation d’essence exotérique mais également d’un courant spirituel en harmonie avec le Cosmos. Or, l’égrégore serait une pensée polarisée, celle de l’âme qui ne devrait pas, selon ma perception, s’identifier à l’influx spirituel. L’âme est cet élément intermédiaire entre le corps et l’esprit, entre la terre et le céleste. Certes, lors des tenues, le contexte pourrait contribuer indirectement à renforcer un état d’intériorisation pénétrant la couche substantielle d’une essence pour l’émanation du sentiment de l’influx spirituel mais rappelons que l’égrégore n’est qu’une vibration d’ordre physique associée au psychique. L’intensité du vibratoire se valorise selon une tripartite : matériel, intellectuel, et spirituel. Cela génère une loi d’attraction, une interaction entre chaque frère, l’égrégore apparaît seulement comme le vecteur vers cette aspiration spirituelle ou d’essence révélatrice pour une immanence transcendance.

Je pense que la formation des égrégores fait seulement prendre conscience de l’aspect micro et macrocosme de notre condition charnelle pour un hypothétique sentiment d’appartenance à une force bien plus supérieure puisque divine. Toutefois, Il n’y a pas de correspondance entre la perception démiurge et la métaphysique avec le psychisme relevant du physique, du subtil. Donc, Il y a lieu d’insister sur cette incompatibilité. Comme dit l’adage, la tête au ciel mais les pieds sur terre.

En fait, on pourrait classifier l’égrégore quelque part comme un idéalisme qui est l’expression d’un sentiment d’humilité, de force et de détermination, de plénitude et de sérénité intérieures. Ils se situent dans un collectif qui les motive mutuellement et collectivement. Ils vibrent à l’unisson et perçoivent leur condition charnelle autrement, tout leur sensoriel est en éveil  pour une appréhension sensible des éléments et des évènements. Ils se projettent ainsi avec espérance imprégnés des profonds sentiments de charité et d’amour. Enfin, il est dit « que la joie soit dans les cœurs ! ».

ALAIN L


A.S.: